Opéra de Lyon 2019/2020 / La saison 2019/2020 de l'Opéra de Lyon suscite comme chaque année de l'étonnement, tant l'audace artistique est devenue une marque de fabrique de la maison lyonnaise.
Directeur depuis 2003, Serge Dorny a su donner à l'Opéra de Lyon une image qui rayonne bien au delà des frontières nationales. Ce travail fut récompensé en 2017 avec le prix de "Meilleure Maison d'Opéra" lors des International Opera Awards. Cette année encore, l'Opéra de Lyon est nominé dans quatre catégories, ce qui lui permet de se hisser au niveau des opéras les plus prestigieux du monde.
C'est avec Guillaume Tell de Rossini que débute la saison. Si l'ouverture figure parmi les plus célèbres pages musicales, l'opéra ne connaît pas le même succès et n'est que très peu représenté. Une opportunité à saisir pour les amateurs de vocalises rossiniennes. C'est Tobias Kratzer qui œuvrera à la mise en scène après son Tannhäuser attendu cet été au festival de Bayreuth.
Verdi lecteur de Hugo
Deux Verdi sont également à l'affiche. En novembre, Ernani sera donné en version de concert à l'Auditorium sous la baguette de Daniele Rustioni et en mars, c'est Rigoletto qui sera donné dans une mise en scène confiée au jeune artiste allemand Axel Ranisch. Considéré comme une œuvre de jeunesse de Verdi, Ernani est l'adaptation de la pièce éponyme de Victor Hugo. Avec Rigoletto, d'après Le roi s'amuse, une autre pièce de Hugo, nous entrons dans la noirceur de l'opéra verdien. Bien qu'il soit l'un des opéras les plus représentés au monde, Rigoletto n'avait plus été présent à Lyon depuis 1976. Une absence trop longue enfin réparée.
Des cinéastes en action
Autre absence qui n'a que trop duré, celle de Tosca. La dernière représentation lyonnaise du chef d'œuvre de Puccini date de 1979. C'est le réalisateur Christophe Honoré, un habitué des lieux, qui sera aux manettes avec non pas une, mais deux Tosca. Honoré nous propose une mise en abyme de la diva sur scène et dans l'Histoire. Il y aura donc Catherine Malfitano qui fut une Tosca de légende dans les années 90, et en rôle miroir, la lumineuse soprano américaine Angel Blue.
Après Christophe Honoré, c'est à un autre réalisateur que l'Opéra de Lyon offre l'opportunité de réaliser sa première mise en scène lyrique. Il s'agit du Français Olivier Assayas. Entre ces mains, un des plus beaux joyaux, Les Noces de Figaro de Mozart. Pour ce premier essai, Assayas pourra compter dans la fosse sur un autre fidèle des lieux, le chef Stefano Montanari.
L'opéra, un art renouvelé
Après le succès de la création en 2013 de Claude de Thierry Escaich, le compositeur nous revient avec un nouvel opus Shirine. Accompagné de l'écrivain Atiq Rahimi pour le livret, ils se sont inspirés d'un conte persan du XIIe siècle pour décrire l'histoire d'amour impossible entre Khosrow, roi de perse et Shirine, princesse chrétienne d'Arménie.
Parmi les missions que s'est confié l'Opéra de Lyon, il y a celle d'explorer le répertoire oublié. Après Les stigmatisés en 2015, nous découvrirons Irrehole, un autre opéra de Franz Schreker, compositeur considéré comme le digne successeur de Wagner, mais que le régime nazi qualifia de dégénéré. C'était également une œuvre oubliée que ce Roi Carotte d'Offenbach qui a enchanté le public en 2015. La reprise proposée dans la mise en scène de Laurent Pelly est une occasion à saisir pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu.
Hors les murs
L'Opéra, c'est aussi un partenariat avec d'autres scènes lyonnaises. Ainsi le Théâtre de la Croix-Rousse accueillera la comédie musicale The Pajama Game de Abbott et Adler qui fut un immense succès de Broadway en 1954 ainsi qu'un opéra de John Adams créé en 1995, I was looking at the ceiling and then I saw the sky. Le Théâtre de la Renaissance d'Oullins proposera une adaptation française de Gretel et Hänsel de Humperdinck et le Théâtre du Point du Jour recevra La lune, un opéra de Carl Orff bien trop connu pour ses Carmina Burana.
Une fois de plus, l'Opéra de Lyon nous propose une saison variée où les talents différents se mêlent et se complètent. Profitons-en.