Sleafords Mods : mods et travaux

Sleaford Mods + The DSM IV

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Brexit rock / Tournée des Grands ducs pour les sales gosses de la perfide Albion. Après Fat White Family il y a moins de quinze jours, entre ici Sleaford Mods avec ton terrible cottage.

Version rock'n'roll dessalée du Crazy Gang de Wimbledon FC mené par le terrible Jason Williamson en lieu et place de Vinnie Jones, les deux Sleaford Mods ont l'air droit sorti d'un film de Guy Ritchie et se posent artistiquement comme les rejetons dégénérés d'une partie à trois entre PIL, Charles Dickens et le philosophe pop-marxiste slovène Slavoj Zizek. Les revoilà qui paient leur tournée portant en étendard un nouveau disque aussi dévastateur que dénué de surprise, nouveau croquis au vitriol du cottage dévasté qu'est devenue la maison UK.

Son titre, Eton Alive, est à double fond, qui pointe une Angleterre coupable de s'auto-dévorer comme Cronos dévorait ses enfants, autant que l'usine à élites conservatrices (le Eton College) qui a contribué à précipiter pas à pas et politique d'austérité après politique d'austérité, le pays dans un chaos sans issue en tout point semblable au rond point infernal de Raymond Devos. Combien, en effet, de ceux qui ont présidé à la destinée britannique sont passés par le collège fondé par Henry VI en 1440 ? En dresser la liste serait long et fastidieux comme un jour de pluie sur Nottingham.

Sisyphe des Midlands

Simplement dire qu'Eton est ici le symbole d'une classe de morts-vivants aux airs supérieurs que Williamson vomit avec application et opiniâtreté depuis des lustres mal éclairés. Mais loin de lui l'idée d'absoudre les classes populaires au prétexte qu'elles seraient le dindon d'une farce qu'elles ont contribué à écrire, paraphant elles-mêmes un pacte avec le Diable dont les promesses chimériques n'engageaient que ceux qui y ont cru. Si la musique de Sleaford Mods est répétitive, têtue, peu ouverte au changement, c'est qu'elle est à l'image de la vie telle que conçue par eux : une tartine de merde dans laquelle on mord un peu plus chaque jour. Qui plus est, non sans une certaine reconnaissance, fruit pourri de l'aliénation volontaire et de l'ignorance. C'est l'idée fixe de ce groupe éructant le message immarscecible de ces chroniques sociales explicites. À la manière d'un Sisyphe des Midlands, d'un OS de la contestation, Sleaford Mods répète les mêmes gestes, martèle – malgré quelques embardées mélodiques et mélancoliques qui donnent à voir une autre facette, brisée, de Williamson (When You Come Up to Me, Firewall) –, remet chaque jour sur le métier un ouvrage que la nuit d'un futur illisible défait inlassablement. Et ne semble pas près de s'arrêter, encore moins de s'infléchir. Comme aurait pu le dire Camus s'il avait été un lad : il faut imaginer Sleaford heureux.

Sleaford Mods + The DSM IV
À l'Épicerie Moderne le vendredi 4 octobre

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