Éducation & Numérique / Initialement créée en 1991 sous forme de radio pour les écoles, Fréquence Écoles s'est lancée dans l'éducation au numérique en 2002. Visionnaire, l'association organise depuis quatre ans l'événement Super Demain, un laboratoire géant d'éducation au numérique. Ce projet pédagogique inédit en France nous est explicité par la directrice de l'association et programmatrice de Super Demain, Dorie Bruyas.
Erratum : sur notre version papier (#971), la personne interviewée est présentée comme étant la présidente de Fréquence Ecoles Dominique Mégard Marchalot. L'interview a bien été menée avec Dorie Bruyas, directrice de Fréquence Écoles et programmatrice de Super Demain.
Quelles sont les missions de Fréquence Écoles ?
Dorie Bruyas : L'accompagnement de la transformation numérique dans l'éducation. Pour le dire de manière plus simple : on accompagne les enfants et les adolescents ainsi que les adultes qui les entourent, c'est-à-dire les parents et les acteurs éducatifs, à mieux vivre ce bouleversement numérique. Nous développons tous des usages numériques, mais cela ne veut pas dire que nous développons des compétences, c'est ce qui motive notre mission d'intervention auprès des publics, on développe des dispositifs pédagogiques extrêmement innovants en France comme des jeux pour comprendre la blockchain ou des modules d'éducation à l'information. On mène des expérimentations directement en milieu scolaire et ainsi, on évalue l'impact des dispositifs et on édite des ressources pédagogiques qui sont gratuites et utilisables par l'intégralité de la communauté éducative.
Quel constat vous a motivé à mettre sur pied Super Demain ?
L'idée du projet Super Demain était de réussir à développer un projet événementiel qui permette de convaincre les décideurs, mais aussi l'opinion publique, de se saisir des enjeux de l'éducation au numérique. Plutôt que de faire un événement avec uniquement des conférences, on a voulu faire un événement qui vise à faire une démonstration et à créer un endroit où l'on vient trouver des réponses.
La moitié des participants à Super Demain ont moins de 18 ans, comment attirez-vous à la fois les enfants et les parents ?
On évoque des sujets qui intéressent les deux parties comme les jeux vidéo et l'e-sport. Les parents viennent assister à une conférence sur l'e-sport pour mieux comprendre ce métier qui fait rêver beaucoup d'ados. Cette année, on fait venir un docteur en psychologie, Yann Leroux, qui est un grand spécialiste de l'accompagnement des adolescents dans les mondes numériques. Il sera là pour discuter avec les parents, les rassurer ou les alerter sur des comportements. Autour de la table, il y aura aussi des concepteurs de jeux vidéo qui partageront leur expertise.
Il ne s'agit pas d'un événement promotionnel.
Parce que Super Demain est familial et un projet d'intérêt général financé par des fonds publics et le mécénat, il n'y a aucun stand, aucune promotion, mais uniquement des jeux, des ateliers, des dispositifs pédagogiques, des rendez-vous et des rencontres. L'éducation devient une expérience interactive.
Comment aidez-vous les enfants à développer des compétences numériques ?
Grâce à un certain nombre de dispositifs, notamment par le jeu. Le jeu permet de mieux intégrer un apprentissage, de mieux se saisir du sujet. À l'occasion de La Nuit de la lecture, on va sortir un jeu de plateau sans écran, Qui est le troll, qui permettra de comprendre la notion de troll. On a beaucoup de dispositifs sans écran à Super Demain, notamment pour les petits avec un espace qui a été coordonné grâce à des spécialistes de la petite enfance, il y a seulement quelques écrans qui permettent différents jeux comme du coloriage augmenté. Ces jeux permettent aux enfants de faire la différence entre tangible et virtuel, de faire appel aux sensations, au toucher, à l'ouïe.
Quel sera le temps fort de l'événement ?
Il y en a plusieurs comme la conférence avec les équipes de recherche de Google qui viendront de San Francisco. Ils révéleront l'état de leur recherche sur les questions de l'éducation. Pascal Plantard, un grand spécialiste français de l'éducation au numérique, interviendra également sur cette conférence. Les performances de l'artiste Filipe Vilas-Boas seront à voir. Il s'interroge sur la sacralité des nouvelles technologies, il a prévu d'enterrer les GAFAM, de faire une cérémonie où il portera avec le public, le F de Facebook version géante, pour imiter Jésus qui porte la croix. Un jeu que j'aime beaucoup sera à tester, il questionne la monétisation des données, c'est une machine à sous où l'on échange ses données personnelles contre des jetons. Pour réfléchir à l'impact écologique lié au numérique, on a plusieurs rendez-vous ainsi qu'un dispositif de médiation auquel on tient beaucoup : une cabane qui s'appelle Les Dessous d'Internet, elle permet de réfléchir à la question du stockage des données et donne des clés pour diminuer notre impact environnemental au quotidien. Grâce à elle, on comprend notamment l'impact de la vidéo en ligne et on peut calculer son propre impact grâce à un questionnaire. Prendre conscience de notre impact écologique permet d'agir individuellement.
Super Demain
À l'Hôtel de la Métropole de Lyon du samedi 16 au dimanche 17 novembre