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The Black Madonna : « créer un environnement dans lequel les gens peuvent ressentir l'espoir »

The Black Madonna : « créer un environnement dans lequel les gens peuvent ressentir l'espoir »
The Black Madonna + Louise Chen

Le Sucre

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

House / Quelques mois après son passage à Nuits sonores, Marea Stamper, aka The Black Madonna, est de retour à Lyon le 29 novembre pour une soirée d'anthologie au Sucre. Ce sera dans le cadre d'une tournée visant à recueillir des fonds et à sensibiliser autour de la cause des réfugiés LGBT+. Entretien.

Tu tournes actuellement en Europe en partenariat avec l'association Help Refugees. Peux-tu nous expliquer l'origine de cette collaboration et de cette tournée We Still Believe – Choose Love ?
The Black Madonna :
Ça a commencé de manière très simple. J'adorais l'association et ses t-shirts. J'ai acheté plusieurs Choose Love que je portais en tournée. C'était une des nombreuses associations que j'appréciais et que je voulais aider. Une grande partie de l'association est basée à Londres. On nous a présenté. À côté, je parlais avec une amie à moi, Diana Arce, membre du collectif Black Lives Matter à Berlin, sur ce qu'on pouvait faire pour les réfugiés queer. J'ai des amies, un couple de lesbiennes, qui sont en train de demander l'asile. Elles ont beaucoup de mal, parce que c'est très différent des démarches pour les couples hétéro. Alors, on se demandait avec Diana comment aider les queers demandeurs d'asile du monde entier.

C'est une question que mon équipe et moi-même on a fini par poser à Help Refugees. On voulait travailler avec eux, alors on a demandé : « hey, vous faites quelque chose en particulier pour les réfugiés queer ? » Et ils nous ont dit : « bien sûr, on a une organisation qui s'occupe de cette problématique à Londres qui s'appelle le Say It Loud Club ! » C'est une association gérée par Aloysius, un réfugié queer de l'Ouganda. Comme mes amies sont aussi de là-bas, ça a été très naturel. Il connaissait les réponses aux questions que je me posais. On a fini par penser à faire du merchandising spécifique. Des tabliers aux t-shirts : tout ce qui pouvait comporter les slogans que l'on projetait sur les écrans pendant les festivals et les shows. L'argent récolté irait directement à l'association. On a commencé par ça, puis on a décidé de monter une tournée entière autour de ce partenariat. Comme ça, on pourrait récolter des fonds et parler de cette problématique dans le plus d'endroits possibles.

As-tu toujours ressenti ce besoin de mettre ta popularité au service d'une cause d'intérêt public ?
Au début, comme tout le monde, je voulais surtout apprendre à être une bonne DJ, à passer deux disques ensemble et à les faire sonner. Je ne peux pas dire que je suis spéciale ou que j'ai une histoire personnelle unique. J'ai commencé par passer des disques sur la radio de la fac et j'essayais dur d'être une vraie DJ, de ne pas faire trop d'erreurs. Mais j'ai toujours été une personne très politique, comme tout le monde dans ma famille. Mes grands-parents étaient des activistes lors du mouvement des droits civiques. On est ce genre de famille. J'ai toujours cet attrait très fort pour le devoir civique. Quand j'ai commencé à être dans cette position qui a fait que, comme toutes les femmes DJs, j'entendais des questions du genre : « qu'est-ce que ça fait d'être une femme DJ », je me suis dit que je voulais donner une vraie réponse. Si les gens m'écoutaient, je me devais de leur donner une vraie réponse. Être dans cette position, ça a réveillé quelque chose en moi. Et je pense aussi tout simplement que le monde a changé. Beaucoup d'entre nous sont plus conscients des difficultés que les gens affrontent dans le monde. On discute beaucoup plus, les Blancs se réveillent enfin et sont capables de se poser des questions difficiles, des questions qu'on devrait tous être assez responsables pour se poser. Disons que j'ai toujours eu ce besoin en moi mais qu'il ne se manifestait pas au début de ma carrière de DJ. Il y a vingt ans, personne ne s'intéressait à ce que je pensais !

Est-ce que tu penses que la scène techno va expérimenter de plus en plus d'initiatives de ce genre ?
Il y a de plus en plus de DJs qui s'impliquent dans des grandes causes. Je suis allée dans des endroits en conflit, ou qui sortaient juste d'un conflit et j'ai vu un lien direct entre la scène EDM et les manifestations. En Géorgie, à Tbilissi, ils ont amené des haut-parleurs au Parlement après les raids contre les clubs. Il y a des manifestations anti-racistes à Berlin avec de la techno en fond. Pareil à Londres. Certains événements anti-Brexit ont des line-ups qui feraient rêver n'importe quel club. Il n'y a pas de doute sur le fait que les choses changent. Combien de temps ça durera, je n'en sais rien, mais je veux en faire partie.

"We Still Believe"... Quel est le message derrière ces trois mots iconiques ?
C'est un message d'espoir et de possibilités. Les gens apportent leurs propres espoirs, leurs peurs et leurs vœux et les transposent comme ils veulent dans ce message. Il est là pour palier la demande d'un espoir décentralisé. C'est tout. À la fin, tout ce qui compte c'est de créer un environnement dans lequel les gens peuvent ressentir l'espoir et le transmettre sur le dancefloor le temps d'une nuit.

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