Brett Dean, kaléidoscope musical

Lever de soleil

Auditorium de Lyon

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Classique / Personnage haut en couleurs, expressives et musicales, l'Australien Brett Dean est le compositeur associé de l'Auditorium pendant deux ans. L'occasion de découvrir son œuvre prolifique et séduisante.

Ce sont des entrailles ténébreuses du monde des cordes que nous parvient, fébrilement, la lumière de la mélodie du violoncelle dans Éclipse, premier quatuor à cordes de Brett Dean, créé en 2003. Une mélodie qui, très vite, sera aspirée de nouveau parmi le tourbillon des stridences aiguës des trois autres instruments, insufflant alors à la pièce son caractère dramatique, son cheminement entre angoisse et espérance. Dans cette œuvre, qui sera jouée à Lyon cette semaine, l'univers du compositeur est immédiatement expressif, poignant par ses mille nuances affectives, saisissant aussi par sa capacité à dessiner différents espaces atmosphériques. Éclipse a été composée en écho avec l'affaire du Tampa, cargo norvégien qui avait sauvé de la noyade en 2001 des boat-people dans l'Océan Indien mais que le gouvernement australien avait refusé d'accueillir. « Si une éclipse solaire représente une courbe tranchante de lame de rasoir entre lumière et ténèbres, alors ces expériences se déroulaient sûrement sur une courbe entre vie et mort, entre futur et passé » écrit Brett Dean à propos de sa composition. Le musicien, contrairement à certains de ses pairs, ne dénigre jamais ses sources d'inspiration extra-musicales, parmi la littérature, ou bien en réaction à l'actualité, comme pour son concerto Water Music (2004) en lien avec les problèmes environnementaux, ou pour Vexations et Dévotion (2005), critique d'une société obsédée par l'information. Il réaffirme même haut et fort cette inspiration dans le dossier de presse de l'Auditorium : « oui, même s’il m’arrive aussi de faire abstraction de l’état du monde. Néanmoins, en cette "époque Trump", il me semble que tout artiste a envie de grimper au sommet des toits et de crier pour plus de justice sociale. »

De Brisbane à Berlin

Cette année, plusieurs pièces de Brett Dean seront jouées à l'Auditorium, associées souvent à des œuvres de Beethoven. L'an prochain, il créera des pièces nouvelles. Ses œuvres sont déjà innombrables et vont de la musique de chambre jusqu'à la musique orchestrale, en passant par quelques lieds, et comptent même deux opéras : Bliss (2010) basé sur le roman de son compatriote Peter Carey, et Hamlet (2013). Les amateurs de danse connaissent aussi Brett Dean à travers la musique de la pièce One of a kind (1998) de Jiří Kylián.

Né en 1961 en Australie, Brett Dean a d’abord étudié la musique à Brisbane, sa ville natale, avant de s’installer en Allemagne en 1984, où il a été altiste à l’Orchestre Philharmonique de Berlin pendant quatorze ans. Dans l'atmosphère berlinoise de la fin des années 1980, il commence à composer des musiques pour des films expérimentaux ou des projets radiophoniques, et s'essaye aussi à quelques improvisations et performances scéniques. Mais ce n'est qu'en 1995, avec la création d'Ariel's Music, concerto pour clarinette et première pièce orchestrale, que Brett Dean se considère comme compositeur. L'artiste mène en parallèle une brillante carrière de chef d'orchestre, dirigeant par exemple récemment le Los Angeles Philharmonic, l’Orchestre Royal d’Amsterdam, le Sydney Symphony Orchestra…

De Gesualdo à Hamlet

Venu de la grande tradition romantique, Brett Dean rend parfois hommage à des figures plus inattendues comme Carlo Gesualdo (compositeur italien de la fin de la Renaissance à la biographie tumultueuse), et n'hésite pas à inclure dans ses pièces des bandes enregistrées. Ses paysages sonores expressifs, sources immédiates d'images pour l'auditeur, sont surtout marqués par un travail sur la complexité des rythmes. Brett Dean les pousse parfois à quelques extrémités : de passages quasi inaudibles jusqu'à des explosions sonores fracassantes !

Et quand elle ne s'inspire pas de la grande littérature ou de problèmes politiques forts, sa musique s'appuie sur des univers visuels (l'œuvre de Goya), le cinéma (Douze hommes en colère), le roman noir, ou... des textes aborigènes. Une telle imagination et une telle diversité d'horizons a de quoi donner le vertige. Et très envie de découvrir plus avant, avec l'Orchestre National de Lyon, son univers musical kaléidoscopique.


Œuvres de Brett Dean jouées à l’Auditorium

- Quatuor à cordes n°1, Éclipse (2003) le dimanche 12 janvier à 11h

- Adagio molto e mesto (création française) – Testament (2002) pour douze altos le samedi 21 mars à 18h

- Amphitheatre (2000) pour orchestre le jeudi 11 juin à 20h

- Shadow music (2002) pour petit orchestre (création française) le samedi 13 juin à 18h

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 28 mai 2019 L'Auditorium poursuit sa mue vers les musiques contemporaines, multipliant ses ouvertures vers les domaines des musiques du monde, de la pop, ou encore de la musique classique contemporaine en s'associant, par exemple, au compositeur australien...
Mardi 23 mai 2017 Artiste associé au Ballet de l'Opéra, le chorégraphe tchèque Jiří Kylián (né en 1947) est à l'affiche du prochain spectacle de la compagnie lyonnaise (présenté du 26 (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X