Rétrospective / On ne sait pas encore quand il viendra, mais Olivier Stone est annoncé à l'Institut Lumière qui lui adresse un chaleureux “Welcome !“ en forme de mini-rétrospective.
Définir Oliver Stone, qu'il s'agisse de l'homme ou de son cinéma, n'a rien d'une sinécure. Avec leurs nombreux paradoxes, l'un et l'autre s'emploient depuis presqu'un demi-siècle à cartographier les États-Unis aux yeux du monde, préférant à ces autoroutes rectilignes filant sans s'arrêter les chemins tortueux ou les sentes cahoteuses montrant l'envers du rêve américain. Au risque parfois de s'égarer. Mais qui n'a jamais fait fausse-route dans sa vie ? Viscéralement attaché aux valeurs de sa patrie (s'autorisant à la rabrouer au nom du Premier amendement), Stone flotte en permanence entre l'admiration et le rejet pour cette Nation, comme si la part “étrangère“ en lui (sa mère était française) lui imposait de contester par principe un ordre trop établi.
D'un président, l'autre
Marqué, on le sait, par son passage sous les drapeaux au Vietnam qui transformera le jeune va-t-en-guerre conservateur en démocrate convaincu, Stone va dès le mitan des années 1980 s'afficher frontalement comme un cinéaste critique. D'abord de l'Histoire immédiate des États-Unis à travers les conflits plus ou moins occultes (Salvador, Platoon, Né un 4 juillet, Entre ciel et terre) explorant en détail le traumatisme vietnamien vécu par ses compatriotes de sa classe d'âge. À la manière d'un Costa-Gavras étasunien, il analyse également les mythes contemporains de la société “civile“, qu'il s'agisse des vedettes pop ou politiques (The Doors, JFK à travers l'enquête Garrison, Nixon), raccourcissant sans cesse le délai entre les faits et leur traitement cinématographique : World Trade Center (2006) est tourné cinq ans après les faits, W. l'improbable président (2008) alors que son inspirateur occupe encore la Maison Blanche, Wall Street : l'argent ne dort jamais (2010) pendant que la crise des subprimes chamboule le monde, Snowden (2016) au cœur du scandale de la NSA... On ne s'étonnera pas de voir Stone se jeter dans le documentaire à la même période, genre lui permettant à la fois de traiter de sujets à chaud et d'assumer la première personne. Mais aussi de tomber dans de grossiers pièges, comme lorsqu'il joue au passe-plat pour Poutine.
Politiquement correcte, la rétrospective de l'Institut Lumière fait l'impasse sur Conversations avec monsieur Poutine mais propose les moins connus Talk radio ou U Turn, ainsi que le Savages adapté de Don Winslow qui le présentera lors de Quais du Polar. Elle rappellera aussi quel scénariste il fut en programmant quelques-uns de ses hauts faits (Midnight Express, Scarface, L'Année du dragon et même Evita), ainsi que Larry Flint de Forman dont il assura la production.
Rétrospective Oliver Stone
À l'Institut Lumière jusqu'au mardi 7 avril