Allo Place Beauvau / Le journaliste rend compte, dans un roman, des mutilations engendrées par les forces de police lors du mouvement des Gilets jaunes. Il sera à Lyon ce jeudi.
C'est l'histoire d'un type dont le parcours nous accompagne depuis que la télé a crachoté ses premières expériences de mise en bocal jusqu'aux faits tragiques de Gilets jaunes estropiés par des policiers d'un État qui, jusqu'à il y a peu, a trouvé ça normal.
2001. David Dufresne est à Libé depuis sept ans déjà et plus pour longtemps. À 33 ans, il a en charge la rubrique quotidienne, dans les pas de Serge Daney, de ce qui s'est passé à la télé la veille. Or, en ce printemps de séisme politique français, sur M6-la-petite-chaîne-qui-monte, des jeunes gens sont enfermés dans un loft à la Plaine Saint-Denis. Visible 24h sur 24 sur Internet pour peu que l'ère pré ADSL le permette, ce programme va dynamiter la télé parce qu'elle n'est pas consciente de ce qu'elle produit. Dufresne ne s'y trompe pas, qui durant trois mois, va regarder cet aquarium avec un mélange d'incrédulité, de fascination et d'analyse. Pas un "après-coup" (nom de sa chronqiue) ne sera alors consacré à autre chose que cet OVNI qui depuis n'a cessé d'être dévoyé.
Regarder ce que fabriquent ses contemporains, Dufresne n'a cessé de le faire en partant ensuite au Canada et s'essayant à ce nouveau médium qu'est le Web-documentaire avec une enquête fouillée sur l'industrie de la prison aux États-Unis, Prison Valley (toujours disponible sur Arte).
Suivra une longue enquête sur l'affaire Tarnac en 2012 consignée dans un livre Magasin général.
Indépendant toujours, David Dufresne continue de regarder ce que les gouvernants refusent de voir. Il a tenu l'an dernier le compte des mains arrachées et des yeux troués par les forces de l'ordre sur les "épisodes" des Gilets jaunes sur son compte Twitter via l'interpellation "Allo @Place_Beauvau - c'est pour un signalement".
Et on se prenait à rêver alors que ces chiffres fassent la Une des JT de TF1 ou France 2. La perception de ce mouvement en aurait été radicalement différente. Au lieu de cela, il fut surtout question de destruction de symboles (une Marianne, un McDo, Vuitton sur le même plan) et d'une France qui perdait des touristes sur la-plus-belle-avenue-du monde.
De cela, David Dufresne a fait un roman, Dernière sommation, paru cet automne. Car comble, du paradoxe, c'est en passant par la fiction que, selon lui, la vérité est la plus recevable !
David Dufresne
Au Bal des Ardents le jeudi 27 novembre à 20h