Mercredi 24 juin 2020 À La Mulatière, une friche culturelle ouvre quand les théâtres restent pour la plupart fermés. L'Ineffable Théâtre accueille spectacles et performances dès maintenant, en petite jauge, dans les locaux emplis de vie et d'activités passées du...
Benjamin Forel fore son théâtre
Par Nadja Pobel
Publié Mercredi 24 juin 2020
Photo : © NP
À 34 ans, Benjamin Forel a déjà soulevé quelques montagnes pour que le théâtre existe hors les murs. Cet art de l'éphémère, il l'a appris en option théâtre au lycée Charlie Chaplin de Décines où il passe un bac S et c'est le metteur en scène Sarkis Tcheumlekdjian qui est aux manettes les mercredis après-midi. Inscrit en fac de bio, sur le chemin de la Doua, il s'arrête souvent à Charpennes où est installé la compagnie Premier acte du metteur en scène du bel Andorra, au point qu'il deviendra son assisant durant cinq années.
En 2008, Benjamin Forel crée sa compagnie, la Troupe du Levant dont certains font encore route avec lui. Il a bien joué aux Marronniers, aux Clochards Célestes, mais, féru de Mnouchkine et son Théâtre du Soleil, il veut du monde sur le plateau et pouvoir aussi imaginer le bar, la façon d'accueillir le public. La solution est donc d'inventer son lieu.
Ce sera la Friche RVI pour La Fille du Général d'après Ibsen en 2009, puis Les Sonnets de Shakespeare dans un Hôtel Dieu fermé mais pas encore en travaux. Lorgnant de moins en moins vers les mots et de plus en plus vers les corps, sa compagnie change de nom en 2015 et devient l'Ineffable Théâtre, s'égare avec Ceux qui marchent à l'ombre des canons au Théâtre Antique de Fourvière en septembre 2015. Il passe par le Vélodrome de la Tête d'Or, les Usine Tase en 2013, un hangar désindustrialisé de l'avenue Lacassagne.
Benjamin Forel invente, cherche dans toutes ces créations où il ne joue pas. Il voulait ouvrir ce Bac à Sable oullinois avec sa grande troupe. La Covid-19 interdit tout rassemblement, il endosse le collectif dans un solo de 50 minutes pour lequel il monte pour la première fois sur scène, Bis repetita placent (« les choses répétées plaisent » en latin selon le vers d'Horace). Nu, il ose un pari maladroit et trop collé à ses références — dont Jan Fabre qui incontestablement transparait ici — mais un pari hardi et sans fard.
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