Psychiatrie / Le psychiatre et écrivain lyonnais Emmanuel Venet publie "Manifeste pour une psychiatrie artisanale" aux éditions Verdier. Critique.
« Sur une vie entière, environ un tiers de la population a souffert, souffre ou souffrira d'une pathologie psychiatrique » souligne, dans son Manifeste pour une psychiatrie artisanale (Verdier) tout juste paru, le psychiatre et écrivain lyonnais Emmanuel Venet. Pourtant, on constate une chute libre du nombre de lits en psychiatrie. Les structures de proximité ferment ou fusionnent, les services d'urgence multiplient les grèves... A contrario, les établissements spécialisés du privé ont le vent en poupe, réservés à certains types de pathologies et surtout à une clientèle relativement aisée. L'état des lieux d'Emmanuel Venet est amer et se double d'un inquiétant changement de paradigme thérapeutique : l'approche humaniste et individualisée de la psychiatrie est remplacée par un traitement à court terme et superficiel des symptômes, une volonté thérapeutique qui vise davantage à (ré)adapter les patients au monde socio-professionnel, plutôt qu'à libérer leur créativité psychique. « Face à ce rouleau compresseur, il est temps de rappeler que l'exercice de la psychiatrie s'apparente à un artisanat d'art » plaide Venet. Rappelant par là que le psychisme humain n'est pas soluble dans les statistiques ou les standards désincarnés.