Mardi 25 novembre 2014 «La justice n'est pas un jeu même si les apparences peuvent le laisser penser, comme si nos habits étaient des costumes» lance jeudi 20 novembre Me Ronald (...)
Yan Duyvendak : « Virus, désormais, c'est la réalité »
Par Nadja Pobel
Publié Jeudi 22 octobre 2020
Photo : © DR
Théâtre / Il nous avait conquis, au TNP, avec le procès d'Hamlet joué avec des professionnels de la justice et un jury populaire renouvelé chaque soir (Please, continue). Revoici, aux Subs, le Suisso-Hollandais Yan Duyvendak pour Virus, un spectacle imaginé en 2017 et incroyablement d'actualité : comment réagir au surgissement d'une pandémie ? À vous de le jouer !
Qu'est-ce qui vous pousse à toujours aller vers ce processus de travail participatif ?
Yan Duyvendak : Je ne sais pas très bien en fait. J'ai bien lu mon Jacques Rancière, qui dit que le spectateur s'émancipe même s'il n'est pas impliqué physiquement ; néanmoins, j'ai l'impression qu'en s'activant, on comprend autrement les choses. En général, ce qui m'intéresse — et c'est pour ça que j'ai glissé des arts visuels vers les arts vivants — c'est l'idée d'être plusieurs dans un même endroit en train de vivre des choses ensemble et de réfléchir à une question de société.
Comment est venue l'idée de ce spectacle, Virus ?
Une conversation en 2017, avec un ami médecin marseillais (ce n'est pas le Dr Raoult !) qui faisait des simulations pour un projet de la Communauté européenne pour entraîner les autorités à réagir à une pandémie. C'était destiné surtout à des pays d'Afrique occidentale, après la crise Ebola. Il appelait déjà ça un "jeu". Les membres de gouvernements, les économistes qui étaient conviés étaient les "joueurs". J'ai été intéressé.
Crash-tests
Comment cela se passe sur le plateau ?
Quand le public entre en salle, il est accueilli par deux coordinateurs avec des gilets de couleur posés par tas (sécurité, économie, santé, recherche, population...). Chaque spectateur choisit son groupe en fonction de ses intérêts ou appétences. Il faut un nombre égal dans tous les groupes, sauf la population, plus nombreuse. Des modérateurs expliquent les règles du jeu, précisant qu'il ne s'agit pas de la Covid — car on a fait ce jeu avant novembre 2019. Chacun reçoit des enveloppes avec des choses à faire, des éléments imprévus auxquels il doit faire face (gérer de l'argent, trouver des anti-viraux...).
Il y a trois phases dans une épidémie qu'on a repris dramaturgiquement : quand le virus est encore à l'étranger et qu'il faut préparer son pays pour son arrivée, puis quand le virus est sur son propre territoire mais que ça n'explose pas encore et, troisième phase, quand tout le monde commence à tomber malade et mourir. À la fin de chaque phase on fait une réunion interministérielle de crise pour raconter les décisions prises et s'orienter vers une des quatre situations finales possibles à la fin du jeu : fin de l'humanité, État militaire, tribus de différents régimes politiques, retour sans changement à nos sociétés néolibérales
Vous n'avez pas voulu changer le spectacle malgré la crise de la Covid. Mais comment a-t-il été percuté par cette actualité ?
En voyant arriver cette crise, notre première idée a été de nous dire qu'on était foutu, qu'il fallait jeter le projet aux orties, que personne ne voudrait jouer ça car on était trop dedans, qu'on n'aurait pas de distance. Mais pendant le confinement — qui en Suisse était quand même assez doux (on pouvait faire des balades en montagne) — on a relu tout le matériau (720 choses à faire en groupe), on était vraiment frappé par le fait que tout cela, qui pourtant datait d'avant la Covid, était vraiment ce qu'on était en train de vivre. Quand on faisait les crash-tests [NdlR : sorte de séance de travail collaboratif en amont des représentations, aux Subs c'était fin juillet] l'an dernier, les gens trouvaient ça sympa, rigolo, un peu dystopique. Désormais, c'est la réalité. On a donc pris le pari que le spectacle pouvait marcher de manière cathartique, le jeu est maintenant un défouloir.
Virus
Aux Subsistances du mardi 3 au samedi 7 novembre à 18h
+ séance supplémentaire le samedi à 14h, 5€/13€/16€
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 24 mai 2022 Les pièces d’Ohad Naharin sont toujours impressionnantes et inventives. Le chorégraphe présente à Lyon Hora, créée en 2009 à partir de musiques du Japonais Isao Tomita.
Jeudi 21 octobre 2021 Sens Interdits, le festival biennale dédié au théâtre de l’urgence est à mi-chemin de son remuant parcours. Point d’étape.
Vendredi 10 septembre 2021 Pas un festival d’automne comme à Paris, mais plusieurs. Dont les incontournables et si différents Micro Mondes et Sens interdits.
Jeudi 3 juin 2021 Malgré la crise sanitaire et les difficultés à circuler à travers le monde, Patrick Penot annonce que la 7e édition du festival international de théâtre Sens interdits se tiendra du 13 au 30 octobre prochain dans la Métropole de Lyon. Et...
Mercredi 23 septembre 2020 Au théâtre, c'est ouvert. Et l'on peut réserver pour la saison : voici cinq pièces sur lesquelles vous pouvez miser en toute confiance.
Jeudi 27 août 2020 Sortant en salle alors qu’ils assurent chacun “la demi-présidence“ du Festival d’Angoulême — « trop content parce qu’on adore la présidence et les demis » — le neuvième long-métrage du duo Kervern & Delépine accueille une nouvelle convive,...
Vendredi 12 juin 2020 Quand ils se sont fermés le 14 mars, les théâtres publics fignolaient leur saison prochaine. Voici que le Point du Jour et les Célestins en ont dévoilé tout le contenu cette semaine. Et voient les choses en grand.
Mardi 25 novembre 2014 Après "Pendiente de Voto" et "Le Sacre du printemps", le metteur en scène catalan Roger Bernat est à l'affiche avec un nouvel OVNI participatif, "Please, continue (Hamlet)". Soit le procès pour meurtre d'un faux Hamlet par de vrais magistrats,...
Vendredi 4 décembre 2009 Musique / Formation éphémère, fraîchement ressuscitée, mais légende du punk originel de Los Angeles, The Germs ont muté pour revenir contaminer nos âmes et nos cœurs. Tous à vos masques.
Stéphane Duchêne