Festival / Pour leur grand retour, les Nuits de Fourvière ont fait avec les contraintes – et sans doute un peu les moyens du bord – pour concocter un programme 2021 digne de ce nom. Avec beaucoup de têtes d'affiches françaises et plus d'internationaux qu'on ne pourrait le penser. Une édition finalement très voyageuse. Tour d'horizon.
La chance aux chansons (françaises)
Conjoncture sanitaire – et absence presque totale de tournées internationales – oblige, les Nuits ont surtout donné – plus qu'à l'habitude, déjà bien ancrée – la chance aux chansons. Avec l'idée que dans la chanson (française), tout est bon. D'où un tableau All-star de vedettes françaises (ou francophones) qui comprend quand même Alain Souchon, Benjamin Biolay, Philippe Katerine, Catherine Ringer (qui vient enfin chanter les Rita Mitsouko), Jane Birkin, Louis Chedid, Stephan Eicher, la révélation pop-chanson Suzane et même François Morel qui se paie un orchestre symphonique – celui du Conservatoire à Rayonnement Régional. Un vrai plateau (télé) de Victoires de la Musique, comme à la maison mais (enfin) hors-les-murs.
Voyage à Lyon
Tant qu'à faire et peut-être plus que d'habitude, les Nuits ont profité de ce contexte à la mobilité entravée pour opter pour le voyage immobile en s'offrant une édition aux accents très lyonnais. Bien sûr avec la présence du fils préféré Benjamin Biolay mais aussi d'un autre ressortissant au passeport caladois, dont c'est le grand retour à la musique : Woodkid et de la caluirarde Pomme, suffisamment taillée pour remplir pas moins de deux théâtres à elle toute seule. Mais il faudra aussi creuser du côté des premières parties, plus qu'alléchantes avec le bluesman croix-roussien Théo Charaf – la gifle de l'année –, la transposition scénique de son incroyable InBach par le sorcier Arandel, mais aussi les popeuses-chercheuses La Féline et Kcidy et la rappeuse au flow atomique Tracy de Sa. Une brochette de choix.
Maison du Monde
Bon, malgré tout, en dépit de la précitée conjoncture sanitaire – et de l'absence presque totale de tournées internationales, donc – les Nuits sont quand même parvenues à attirer quelques stars internationales (entendre, anglo-saxonnes ou anglophones). Et le fait est qu'on voyagera quand même beaucoup puisqu'on pourra applaudir le timbre elfique d'Asaf Avidan (qui vit en Italie), ceux de velours de Melody Gardot (qui vit à Paris) et de la Belge Selah Sue, et, en guise de clôture tellurique les écossais de Mogwaï, empereurs du post-rock panoramique. C'est déjà ça, comme dirait Souchon. Surtout, comme de tradition, la part belle est quand même faite à la sono mondiale à large spectre avec des pointures telles qu'Altin Gün, 3MA (le trio Ballaké Sissoko, Driss El Maloumi, Rajery), une belle nuit italienne, la Polyphonie-polyfolie de Centrafrique, un opéra-tango de Piazzolla (Maria de Buenos Aires), un hommage à Henri Crolla et un plateau Orange Blossom/Sona Jobarteh.
Les Nuits de Fourvière
Au théâtre antique de Fourvière du mardi 1er juin au vendredi 30 juillet