"Vers la bataille" et "Si le vent tombe" : si loin, si proches

Vers la bataille
De Aurélien Vernhes-Lermusiaux (Fr, 1h30) avec Malik Zidi, Leynar Gomez, Thomas Chabrol

Cinéma / L’époque et la géographie les oppose, mais les protagonistes de "Vers la bataille" et de "Si le vent tombe" ont beaucoup en commun. À commencer par le fait d’être des Français temporairement expatriés et irrésistiblement attirés par le souffle de la guerre…

La Guerre et ce qui s’ensuivit, écrivait Aragon. Quelle que soit l’âge du conflit, le déroulement sur le terrain est identique : les corps des belligérants (et des malheureux civils au mauvais endroit, au mauvais moment) finissent hachés par une pluie de boue et de mitraille, après avoir été laminés par l’angoisse d’être touchés. La raison commanderait de fuir à tout prix ces zones de haut péril, mais la raison, on la connaît, a parfois les siennes, hors de toute logique.

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Pour Louis dans Vers la bataille de Aurélien Vernhes-Lermusiaux, c’est d’aller photographier au plus près l’Expédition du Mexique de 1861 (et sa déroute) à la demande de l’armée française, histoire d'oublier la mort de son fis. Pour Alain dans Si le vent tombe de Nora Martirosyan, c’est d’aller observer de ses yeux cette ligne de front ayant justifié sa venue au Haut-Karabagh pour inspecter un aéroport afin de lui donner l’autorisation d’ouvrir ; cette même ligne de front exigeant que le rapport soit défavorables pour des raisons diplomatiques…

Un road movie, un stand movie, mais deux Français paumés. Tous deux détachés de leur langue, de leurs habitudes, de leurs repères, confrontés à l’absurdité humaine dans ce qu’elle a de plus servilement bureaucratique, ces deux personnages spiralent lentement vers un abime hypnotique ressemblant à un suicide social, prélude à une évaporation de leur corps physique. Si les parcours de Louis et Alain paraissent jumeaux par-delà les siècles et les continents, c’est aussi parce que la géopolitique les unit : à l’origine de à leur “délocalisation“, elle extériorise leur introspection en curiosité autodestructrice. Le reste est cosmétique : Aurélien Vernhes-Lermusiaux esthétise l’image de ce récit montrant un faiseur d’images stérile, Nora Martirosyan composant plutôt une sorte de ballet éthéré pour personnage en transit. Dans les deux cas, le fond de l’air (et de l’époque) effraie…

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