Au cinéma cette quinzaine à Lyon : performances !

Au cinéma cette quinzaine à Lyon : performances !
Petites danseuses
De Anne-Claire Dolivet (Fr, 1h30)

Théma / À l'aube d'une rentrée cinématographique qui s'annonce particulièrement dense, l'exploit et le dépassement de soi s'invitent cette quinzaine sur les écrans en empruntant des chemins (ou des visages) fort différents...

« Il faut souffrir pour être belle » serinait-on autrefois aux petites filles pour légitimer toutes les tortures quotidiennes que la coutume leur imposaient. Ce dicton suranné conserve une pleine actualité dans le vase-clos des Petites Danseuses filmées dans le très édifiant documentaire d'Anne-Claire Dolivet (25 août) : ces (parfois très) jeunes ballerines issues de bonnes familles se soumettent à des emplois du temps et des exercices démesurés pour préparer des concours, satisfaisant à la douce pression parentale tout en reproduisant, consciemment ou non, un certain formatage social. Pour elles, le plaisir de danser et la scène passent après la discipline de l'art. Souffrir, être gracieuses, mais ne jamais avoir le temps d'être petites... À quoi bon ?

Autre troupe, autre scène : celle d'Un triomphe d'Emmanuel Courcol (1er septembre), titre ô combien casse-gueule car il se doit doit d'être à la hauteur de sa promesse programmatique. Tiré de faits réels scandinaves, cette histoire d'un comédien au chômage montant une pièce avec des taulards à l'occasion d'ateliers en prison, appartient à cette malheureuse espèce de téléfilms gonflés pour le cinéma, conventionnels de l'écriture au moindre plan, suivant paresseusement l'autoroute le menant au “morceau de bravoure final“ — un genre de truc à convaincre une tête d'affiche (Kad Merad) de signer : un grand monologue. Las, la mise en scène dudit monologue est dépourvue de la moindre tension dramatique. Reste Marina Hands à sauver, en directrice d'institution pénitentiaire humaine.

Surf et train

Heureusement qu'il y a la même semaine d'autres propositions de cinéma plus audacieuses... et satisfaisantes. À commencer par l'anime Ride Your Wave (1er septembre), une romance Masaaki Yuasa reste dans un univers fantastique et liquide proche de Lou et l'île aux sirènes. On y suit en effet une jeune surfeuse sauvée d'un incendie par un pompier qui va devenir son ami, avant d'être emporté en mer... et de réapparaître sous forme d'esprit aquatique. Mélo surnaturel bourré d'humour et de suspense, tranchant avec l'esthétique nippone coutumière par ses personnages légèrement anamorphosés, enivrant par ses plans insensés, Ride Your Wave s'avère aussi attachant qu'original. Après Mon Ninja et moi, l'un des meilleurs films d'animations de 2020, le distributeur Alba Films ajoute une nouvelle perle rare à son catalogue — comment a-t-il pu la chiper à Eurozoom ?!

Enfin, avec Il Varco (1er septembre), Federico Ferrone et Michele Manzolini proposent une saisissante œuvre de montage autour du récit d'un soldat italien partant pour le front russe en 1941. Des images d'archives de provenances diverses composent cet itinéraire ferroviaire porté par une voix off, mêlant plusieurs histoires dans l'Histoire pour recomposer un itinéraire aussi singulier que cet objet filmique — rappelant dans sa conception toutefois Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais. Une transe hypnotique dans les cicatrices de la mémoire.

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