Visiter Turin, en voisin

Italie / Grande cité étrangère la plus proche de Lyon (hors Genève), Turin vaut tellement mieux que l’image industrieuse qu’elle véhicule dans nos contrées. Entre la flamboyance de ses avenues napoléoniennes à arcades, la réfection de l’immeuble des usines FIAT et sa Mole Antonelliana, c’est aussi une capitale de la gastronomie au pied du Pô et en bordure des Alpes.

Quatre heures, à peine cinq parfois pour joindre Lione à Torino. Le Fréjus, le Val d’Aoste et voici que la capitale du Piémont vaut que Milan, deux heures plus loin, puisse attendre. Les deux cités à la rivalité féroce (un Lyon Saint-Etienne en plus coriace) se sont retrouvées au moins électoralement en ce début octobre. La Lega Nord de Salvini s’est pris une belle et salvatrice veste aux élections municipales et la gauche modérée a rosi de nouveau - dès le premier tour dans la capitale lombarde, au 2e à Turin où la comète des Cinque stelle, s’est écrasée (comme à Rome) en un mandat sur la real Politik.

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Quatrième cité la plus peuplée d’Italie (850 000 habitants), Turin est un étonnant condensé d’Histoire qui ne s’enferme pas sur ses lauriers de Savoie (à laquelle elle fut liée durant quatre siècles) ni sur celui d’avoir été la première capitale d’un pays réuni (de 1861 à 1865) — elle abrite un immense musée du Risorgimento pour mémoire. Le cœur de la ville regorge de bâtiments somptueux et d’églises (ah, le vrai faux Saint-Suaire dans la Cattedrale !) et les salons du Palazzo Madame, médiéval à l’arrière, baroque au devant, romain sur les côtés de la porte centrale. Mais Turin est aussi une ville à vivre et à regarder d’en haut — du toit du Mole comme du circuit d’essais du Lingotto, temple reconverti de l’Avvocato Giovanni Agnelli.


Un quartier : le Balôn

Et si Turin était avant tout un marché ? Celui qui chaque jour sauf le dimanche se tient sur la piazza della Repubblica est un absolu bonheur, qu’il soit sous les verrières ou en plein air. Les tomates des Pouilles, les châtaignes de Cueno se mélangent à la charcuterie et surtout au fromage. Les buffala seront compliquées à rapporter mais le parmigiano reggiano s’y prête à merveille et le 36 mois d’âge affiche seulement 21€ au kilo. Tenter aussi, pour seulement 14€, la toma d’Aosta. Parmi les légumes, choisir ce croisé d’épinard et brocoli qu’est le friarielli, que l’on retrouve dans les troquets du quartier avec une noix de beurre.

Chaque deuxième dimanche du mois, se tient un marché aux puces tout sauf trendy. Dans un format XXL avec des vêtements en tout sens, des gadgets de déco, quelques professionnels des brocantes mais surtout des particuliers donnent l’occasion de flâner dans le Borgo Dora et ses ruelles enchevêtrées et courbées.


Un monument : la Mole

Ce devait être une synagogue, ce sera un bâtiment municipal. Construite en 1863, cet imposant et somptueux édifice a été récupéré par la mairie quinze années plus tard. Son pic est le point culminant (qui culmine à 167 mètres) de cette ville plate entourée de montagnes. Depuis 2000, elle abrite le musée national du cinéma, passionnant dans sa partie permanente consacré aux premières techniques. Sa partie temporaire s’expose le long de la rampe intérieure de la salle centrale au milieu de laquelle se propulse un ascenseur pour que le visiteur puisse admirer une vue à 360°. Jusqu’en mars prochain, ce sont les stars italiennes de l’histoire du cinéma italien qui y prennent place, pour décentrer son regard franco(ou américano) centré. Non, il n’y pas que Marcelo Mastroianni et Roberto Begnini de ce côté-ci des Alpes.

Mole Antonelliana, Via Montebello, 20 ; 11€ le musée, 15€ avec l’ascenseur (8€ l’ascenseur seul)


Une réhabilitation : le Lingotto

À six stations de métro (une seule ligne, impossible de se tromper), au sud la gare centrale de Porta Nuova, le Lingotto fut le temple des usines Fiat de 1923 à 1984. La Fabbrica Italiana Automobili Torino était logé dans un bâtiment de 500 m de longueur, que Le Corbusier a jalousé et que Renzo Piano a réhabilité après que la dernière Lancia Delta en fut sortie. Elle est surmontée d’une piste d’essai de voiture de 1, 2 km avec virages inclinés accessible depuis la pinacothèque Agnelli. Là-haut, une petite expo auto-promotionnelle sur la Fiat 500 et surtout des Canaletto, quelques Matisse et Picasso avec son Homme accoudé à la table déstructuré et au dehors, des figures de Miró regardent avec malice ces pistes qui dominent la ville et où depuis le début de l’année pousse un jardin botanique. En redescendant, ne pas rejoindre le métro mais partir en direction de l’ouest sur la passerelle piétonne qui enjambe friche, lignes de train et grandes avenues. Construite à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de 2006, elle mène au village des athlètes et au centre de presse et des délégations aujourd’hui totalement délaissé, mais là encore promis à la réhabilitation. Loin d’être un no man’s land, c’est aussi un vaste quartier populaire d’immeubles et petits troquets pas du tout désagréable.

Côté métro Lingotto est né le mouvement du slow food avec la première boutique Eataly en 2007, conçue comme un regroupement de producteurs locaux qui essaiment désormais à travers le monde

Lingotto, Via Nizza, 230


Où manger ?

Le bar del Balôn. Y revenir quand la foule du marché aux puces a déserté les lieux et tranquillement manger des agnolotti à la sauge (5€), une assiette de légumes (3, 5€) et bien sûr un tiramisu (4€).
Piazza Borgo Dora 12/f

Piola de Cianci. C’est la cantine grouillante de monde en permanence, en grande partie sur la terrasse (chauffée en hiver). Mieux vaut réserver sa place pour y manger des pâtes ou un spezzattino (viande mijotée) avec patates et courgettes. Prix maximal d’un plat 6€ et d’un verre de vin 3€ ! On y revient !
Largo IV Marzo, 9/b

Où boire un verre ?

Le Pastis. Puisque l’aperitivo a été inventé à Turin (un verre servi avec de mini en-cas), autant le tenter à cette terrasse qui aimante les étudiants et les Turinois sauf peut-être le lundi où il se résume à des chips-olives-pizza. Vina della casa à 3€ !
Piazza Emanuele Filiberto, 9

Où boire un bicerin ?

Il Gusto Giusto. C’est LA spécialité locale ! Du chocolat chaud crémeux et épais posé sur une lichette de café et auréolé d’une pana (ah ce don inouï de l’Italie pour la chantilly !). Servi dans un verre à pied du service de la grand-mère, il comprend ici de la liqueur d’Amaretto !
Via Milano 11 B

Où trouver une glace ?

Gelateria popolare. Petit format / 2 goûts pour 2€. Fiordilate, le succulent gianduiotti ou des sorbets avec une louche de pana à tomber par terre pour 50 centimes en sus. Mamma mia !
Via Mameli 6 (quartier du Balôn)


Comment y aller ?

Bus. Départ 7 fois par jour (et nuit !) au départ de Perrache avec Flixbus. Prix minimal 25€ l’aller. Attraper le bus 9 ou 68 le long du corso Vittorio Emanuele II pour rejoindre le centre et la gare Porta Nova en dix minutes (ou trente minutes à pied).

Train : Quatre départs dans la journée. Arrivée à la gare de Porta Susa en 4h11 au plus rapide et 58€ au moins cher — une correspondance (minimum) à Chambéry.

Voiture : Attention le prix du tunnel du Fréjus s’élève à 46, 6€ / 61, 7€ A/R en sept jours — (pour 85€ de péage au total) ; et il n'est pas simple de se garer à Turin comme dans n’importe quelle grande ville, dont le centre se pratique aisément à pieds. 326 km.

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