Mardi 30 janvier 2018 de Mahamat-Saleh Haroun (Fr, 1h40) avec Eriq Ebouaney, Sandrine Bonnaire, Bibi Tanga…
Haroun : « c'est l'humour noir qui m'a choisi »
Par Louise Grossen
Publié Jeudi 4 novembre 2021
Photo : © DR
Humour / En tournée française, Haroun posera ses valises à Lyon le samedi 6 novembre pour la troisième date de son spectacle Seul(s). Rencontre.
L'humour noir est votre marque de fabrique. Lequel a choisi l'autre ?
Haroun : Je pense que c'est l'humour noir qui m'a choisi. C'est la sensibilité à des sujets durs qui font qu'on pratique cet humour et qu'on a besoin d'en parler. Moi, c'est l'envie de parler de sujets qui me perturbent, qui me choquent, l'envie de les extérioriser.
L'humour s'est-il imposé à vous ?
J'ai toujours voulu faire de l'humour. Depuis tout petit, je suis fan absolu, je regardais tout ce qui passait. C'est comme ça qu'on se construit. Au début, on imite ce qu'on admire. Petit à petit, on forge sa personnalité. J'ai toujours été fasciné de pouvoir faire rire les gens avec ce que je dis.
Seul(s) aborde la part d'ombre que l'on possède tous...
C'est un spectacle au sein duquel je pose la question des origines de nos pensées. Est-ce qu'on maîtrise nos pensées, en sommes-nous toujours fiers... Sommes-nous toujours d'accord avec ? L'idée vient de Nietzsche. Il pose la question : d'où viennent les idées ? En écrivant le spectacle, je me demandais d'où venait l'inspiration. Si ça se trouve, il y a d'autres personnes en moi qui m'aident à écrire !
Peut-on parler d'une forme de thérapie ou est-ce purement récréatif ?
C'est récréatif. C'est aussi un peu la question de l'artiste écorché vif, à fleur de peau que je n'ai jamais été. Des artistes comme Kurt Cobain, Amy Winehouse... vraiment très sensibles, qui représentent la figure de l'artiste. Ce que je ne suis pas du tout.
Du fond de la pensée
Votre spectacle s'adapte-t-il au gré de l'actualité ?
Oui et non. J'aime l'exercice de parfaire le texte qui existe en le jouant, en répétant. Sur deux ou trois ans, certains sujets d'actualité prennent forcément le dessus donc des petites choses du spectacle bougent. Mais j'essaie de ne pas être trop collé dessus pour la simple et bonne raison qu'elle va trop vite pour moi. Un sujet est tellement vite remplacé par un autre qu'il faudrait toujours le replacer dans le contexte pour que les gens se rappellent de ce à quoi je fais référence.
Pratiquer jusqu'à trouver sa patte
Bon nombre d'humoristes — dont vous — disent être passés par une école de commerce avant de se tourner vers l'humour, pourquoi ?
Les humoristes en herbe font des écoles de commerce parce qu'ils ne savent pas trop quoi faire à part ça. J'ai l'impression qu'on le fait par élimination. Ça a été mon cas. Et ça laisse pas mal de temps pour faire d'autres choses à côté... J'ai beaucoup aimé les études. On apprend à apprendre, on apprend à mémoriser, à parler en public...
À écrire des spectacles ?
Non, on n'apprend pas à écrire, mais on pratique l'écriture. Il n'y a pas d'école d'écriture. Il faut pratiquer, pratiquer, pratiquer jusqu'à trouver sa patte.
Comment appréhendez-vous le retour sur scène ?
Ça fait du bien. Ça fait bizarre aussi. On met un peu de temps pour reprendre nos marques. Le spectacle, c'était une "tentative artistique" donc il a fallu pas mal chercher, faire des allers-retours entre la scène et l'écriture. Le premier a été bien accueilli grâce à l'effet de surprise et de découverte. Il faut essayer d'entretenir cette impression-là, se renouveler et se mettre la pression pour tenter quelque chose.
Haroun
À La Bourse du Travail le samedi 6 novembre
En cinq dates
- 1984 : Naissance
- 2013 : Joue pour la première fois son spectacle Tous complices à Toulouse
- 2015 : Passage au Jamel Comedy Club
- 2020 : Publie aux Éditions des Équateurs un livre intitulé Les pensées d'Héractète
- 2020 : Pendant le confinement, ill met à disposition gratuitement ses spectacles sur sa plateforme Pasquinade.fr
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