Festival / Ajournée l'an passé, la 30e édition du festival dédié au cinéma français voit enfin le jour aux Alizés du 26 au 30 janvier. Et l'on espère qu'elle ne sera pas la dernière — de rocambolesques péripéties ayant affecté, on s'en souvient, la saison 2021 du cinéma brondillant.
On imagine la période doublement incertaine aux Alizés : une pandémie qui n'en finit pas et contraint les salles de la France entière à jongler avec les règles sanitaires, déprogrammations de dernière minute et évictions potentielles de personnels contaminés ou cas contact ; et puis cette épée de Damoclès pesant sur le cinéma que la Ville souhaite faire passer en délégation de service public à compter de septembre prochain, entre les mains d'un opérateur privé non encore désigné. Le rendez-vous du cinéma français, institution brondillante depuis 1991, y survivra-t-il ? Raison de plus pour savourer cette édition anniversaire ; cinq jours d'une vivifiante densité.
Scandale politique en ouverture, meurtre en clôture
Impossible (et inutile) de dérouler ici l'intégralité du programme, pointons quelques moments à ne pas manquer, comme le film d'animation Vanille de Guillaume Lorin (fabriqué chez Folimage mais propulsant dans les lumières et magies guadeloupéennes) ou l'adaptation de Pagnol Le Temps des secrets par Christophe Barratier pour une séance ciné-ma différence.
Parmi les venues de cinéastes, signalons Thierry de Peretti pour Enquête sur un scandale d'État (qui fera l'ouverture le 26 à 20h30), Eve Deboise pour Petite leçon d'amour ; Matthieu Rozé (avec son comédien Yannick Choirat) pour Azuro ; Sylvie Audcœur pour Une mère ; Laurent Cantet pour deux avant-premières de son drame ultra-moderne Arthur Rambo (photo) ; Mathieu Gerault pour Sentinelle sud ou encore Samuel Theis pour Petite nature.
Côté documentaire, c'est avec curiosité que l'on jettera un œil sur À demain mon amour que Basile Carré-Agostini a consacré aux sociologues stars de la bourgeoisie, les Pinçon-Charlot, et dont il viendra débattre. On peut s'attendre à un singulier effet d'écho avec le Retour à Reims (Fragments) que Jean-Gabriel Périot a composé à partir d'une masse invraisemblable d'images d'archives autour du texte de Didier Eribon, à la manière du travail de Frank Beauvais.
Et puis, entre autres projections, la clôture s'effectuera en présence de l'équipe de Murder party réalisé par Nicolas Pleskof (connu pour avoir notamment cosigné le scénario du court Make it Soul), une comédie policière semi-parodique (coucou, Knives Out) cultivant un côté kitsch de série B à l'ancienne. À l'heure où nous rédigeons ces lignes, chaque séance/rencontre demeure hélas suspendue aux aléas de la situation sanitaire en cours. Croisons les doigts !
Drôle d'endroit pour des rencontres
Aux Alizés (Bron) du mercredi 26 au dimanche 30 janvier