Après Tokyo, Saint-Malo et Paris, la crêperie branchée Breizh Café s'installe à Lyon

Crêperie / La Saône en vue, on s’attaque à ce qui se fait, dit-on, de meilleur en matière de crêpes, du côté de Lyon, ces derniers temps : Breizh Café.

Comment un point névralgique de la cité finit-il par tomber dans l'oubli ? Qui connait la place d’Albon ? Entre Saint-Nizier et la Saône elle fut pourtant, quelques siècles durant, le débouché de l'unique pont de la ville enjambant la rivière. Le Change fut avalé par la grande crue de 1840, reconstruit, déplacé, effacé. Et la place définitivement enterrée sous quelques années de travaux, ceux du parking souterrain Saint-Antoine. Ils prirent suffisamment de retard pour qu’on ne remarque pas qu’ils étaient terminés et que la perspective s'ouvrait à nouveau vers des quais de Saône où — promet-on — on aimera bientôt se promener. La place a déjà entamé sa végétalisation et quelques arbres tentent de percer dans un ensemble très minéral. Ne manquait plus, pour habiller ce point d’arrivée de la rue Mercière,  qu’une grande terrasse. Celle-ci fut dressée juste après Mardi gras : dommage pour un resto où l’on parlera krampouezh : crêpes de froment saupoudrées de sucre, crêpes de sarrasin fines et croustillantes et galettes enserrant saucisse. Ce resto, c’est un Breizh Café — et il arrive avec une belle réputation. 

Une crêpe à la poudre de soja Kinako

Le fondateur se nomme Bertrand Larcher, fils d’agriculteurs de Fougères en Haute-Bretagne, qui tomba amoureux et de sa femme Yuko... et de son pays, le Japon. Il découvrit alors ce lien insoupçonné entre l’île et la Bretagne : une graine, le sarrasin, dont les Nippons font des soba, les breizhad des galettes. Bertrand entreprend de faire découvrir aux Japonais les krampouezh à travers des recettes qui assument un dialogue culinaire. Ça donne par exemple une crêpe à la poudre de soja Kinako, sucre noir d’Okinawa et boule de glace au thé matcha. Autre moyen de faire discuter goûts bretons et japonais, le beurre de monsieur Bordier, une autre star qui "inventa" les beurres aromatisés, notamment ceux aux algues et au yuzu. Le pari, réussi, de Bertrand Larcher a donné naissance à une dizaine d’établissements au Japon, quelques-uns à Paris, Cancale et Saint-Malo, et donc ce premier resto hors de l’axe Breizh-Paris-Tokyo : place d’Albon. 

La carte des cidres fait envie

Il a pris la place d’une grande pizzeria : ses baies vitrées, côté rue, ont été murées de bouteilles de cidre, son plafond repeint de bleu, une cuisine entrouverte a été posée au milieu, on y aperçoit un chef crêpier japonais. Assis à une table de bois clair cerclée de métal, on a esquivé les galettes compliquées, de type raclette-pomme de terre-œuf, avocat-tofu-betterave, ou proposées ce jour : l’improbable association Saint-Jacques, yuzu, comté — les coquillages dressés aux quatre plis de la galette. On s’est concentré sur le menu du jour, à 19 € (avec le cidre) composé de deux crêpes, l’une salée, l’autre sucrée. La première était une "complète", au jambon artisanal de Bretagne, comté et œuf, agrémentée de légumes de saison, en l’occurrence quelques morceaux de champis et carottes (triste saison…), suivie d’une froment saupoudrée de sucre roux, une tranche de beurre (arôme au choix) posée par dessus — idée qui tourne court, la crêpe n’étant pas assez chaude pour permettre la fonte de ce lingot. On y est tout de même revenu pour subir un courant d’air,  une attente interminable et confirmer que les crêpes salées sont craquantes, qu’elles sont faites de sarrasin bio et breton, ce qui est rare, que les produits sont beaux, à commencer par le beurre, que la carte des cidres fait envie avec notamment Éric Bordelet ou Johanna Cecillon. Pour y retourner, il faudra au préalable répondre à cette question : est-on prêt à dépenser 18, 50 € pour une crêpe au saumon ?

Breizh Café
3 place d’Albon, Lyon 1er
Ouvert du mercredi au dimanche de midi à 22h30
Galettes de 10, 50 € à 18, 50 €, crêpes de 5, 80 € à 14, 50 €

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