Blues auvergnat / Alors qu'il remonte sur scène pour présenter son dernier objet d'artisanat, La Vraie vie de Buck John, Jean-Louis Murat est l'objet d'une belle rétrospective menée par l'agence musicale lyonnaise Stardust et une vingtaine d'artistes aurhalpins.
Les temps sont durs et les troubadours n'échappent pas à la crise. Si Jean-Louis Murat a fantasmé son dernier disque comme une aventure de son héros (BD) de jeunesse Buck John, il a été tenté de titrer la chose "l'année du blaireau", manière de qualifier l'année de sa gestation, passée « terrée dans un trou » comme il le confiait aux Inrocks. Un album que la crise frappe de plein fouet, sans clip et de l'aveu de l'intéressé, à peine mixé et publié par Cinq7, l'Auvergnat étant en rupture de Pias.
Voilà qui explique sans doute la facture classique, folk-rock, des guitares, des chansons comme Murat en tricote par dizaines, là-haut sur la montagne, entre le bœuf et l'âne gris. Des chansons pour nourrir la bête — comprendre la scène— pour laquelle Murat, à l'entame de sa tournée, ignorait combien il allait être payé. Mais la scène c'est viscéral, il lui faut monter dessus quoi qu'il en coûte et quoi que ça rapporte. Alors, le voilà.
À Lyon, notamment, cette ville si particulière pour lui, où il appréhende toujours un peu de jouer devant ses petites-filles (et son fils professeur de droit) qui y vivent. Lyon d'où est partie une de ces initiatives qui vous enrichissent un homme au moins symboliquement, un de ces albums hommage comme l'industrie du disque en produit des wagons pour célébrer ses Goldman, Brassens, Renaud et surtout faire entrer un peu de caillasse dans les caisses, mais ici en mode artisanal et sans aucun impératif d'ordre comptable.
Tribute de crise
Une sorte de tribute de crise pour artiste libre comme l'air, à l'initiative de la maison Stardust (menée par le musicien lyonnais Stan Mathis). L'idée : réunir une vingtaine de musiciens aurhalpins pour aller piocher dans l'œuvre abyssale du sieur Murat quelques-unes de ses pépites connues ou pas (plutôt pas le plus souvent, ce qui n'empêche pas les choix judicieux et un beau balayage de sa discographie).
Avec comme locomotives de ce Aura aime Murat des figures de l'indie-rock à la française comme Silvain Vanot (que Murat soutint beaucoup) pour Rouge est mon sommeil ou Erik Arnaud (autre exemple de barde atrabilaire dans la veine muratienne) qui se fend d'un sublime Fort Alamo ou encore les frères drômois Gontard (Le troupeau) et Chevalrex (Dieu n'a pas trouvé mieux).
Dans le casting, on trouve évidemment quelques Lyonnais – Mathis, donc, Frédéric Bobin, Stéphane Pétrier, Dory4 ou le Whatevershebringswesing de Richard Robert (programmateur de l'Opéra Underground et anciennement des Nuits de Fourvière) – dont beaucoup seront sans doute dans le public du Radiant avec les petites filles de Murat, 70 ans et au moins riche de ses fans.
Jean-Louis Murat
Au Radiant-Bellevue le mercredi 30 mars
Aura aime Murat (Stardust ACP)