Mercredi 11 mai 2022 Lauréat début mai du Meilleur premier film de fiction et Meilleur acteur dans un second rôle aux 9e Prix Platino (attribués aux productions du monde ibérique), Karnawal incarne la relève du cinéma latino-américain. Avant de recevoir ses récompenses,...
Cinéma : les films qui sortent à Lyon le mercredi 11 mai 2022
Par Vincent Raymond
Publié Mardi 10 mai 2022

Photo : Tourner pour vivre © Az You Like Films / Les Films 13
En salles / Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
À voir
★★★☆☆ Tourner pour vivre
à lire aussi : Lelouch : des hauts et des bas-dabadaba
Entré à moins de trente ans dans la légende du 7e Art grâce à Un homme et une femme, Claude Lelouch conserve un enthousiasme inentamé après plus d’un demi-siècle de cinéma marqué par des succès colossaux et des bouillons terribles, menant toujours plusieurs projets de fronts. Fasciné par cet insubmersible optimiste, son ami et documentariste Philippe Azoulay décide de le suivre au plus près quelques mois… sans se douter que leur aventure commune durera des années.
Il existe déjà deux excellents documentaires sur Claude Lelouch, et ils sont autobiographiques. Le premier, D’un film à l’autre (2009), raconte à la première personne cinquante ans de cinéma. Le second, c’est l’immense corpus que constitue l’œuvre du bonhomme, aussi transparente sur sa vie que sur l’évolution des techniques depuis la Nouvelle Vague.
Alors, que pouvait ajouter Philippe Azoulay ? Mille choses inédites avec un regard extérieur échappant à ces making-off déférents et complaisants. Comme le travail d’écriture incessant (car oui, il y a bien des scénarios et des pages dialoguées chez Lelouch), la pugnacité dans les réunions avec ses partenaires de production, les plans marketing, la simplicité non feinte, l’admiration éprouvée pour les confrères de Kalatozov à Woody Allen, la naïveté sincère. Qu’on accroche ou décroche à ses films, ce documentaire est fidèle à l’homme et à ses fragilités.
Un documentaire de Philippe Azoulay (Fr, 1h45) avec Claude Lelouch, Jean Dujardin, Anouk Aimée, Sandrine Bonnaire…
★★★☆☆ Les Folies fermières
David est au bord du gouffre : la ferme familiale qu’il exploite dans le Cantal est criblée de dettes. En quête d’une ultime idée, il découvre un cabaret qui le convainc d’accueillir dans sa grange un dîner-spectacle pur terroir. Il va devoir engager et diriger une troupe de saltimbanques…
Parmi les qualités de Jean-Pierre Améris figure sa croyance viscérale dans l’humain — ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour cet inquiet perpétuel. Elle se traduit dans son acharnement à représenter de film en film la société dans sa plus parfaite diversité (sociale, culturelle, démographique, etc.) comme dans son goût pour les comédiens, en particulier les nouveaux venus : il a toujours eu du flair pour débusquer les jeunes talents, les intégrer à ses distributions et susciter la fidélité de ses acteurs.
Pour ce film empruntant son argument à une authentique “belle histoire“, il fallait justement un attelage composite afin de “faire vrai“ — des univers de jeu trop similaires auraient affadi l’ensemble. Les malentendus entre les personnages, les évidences qui n’en sont pas, les accidents transformés en chance rendent l’aventure effectivement plus proche et touchante. Film de printemps (le vert du Cantal y contribue), Les Folies fermières sera-t-il la version auralpine (et habillée) de The Full Monty ?
Un film de Jean-Pierre Améris (Fr, 1h49) avec Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Michèle Bernier…
★★★☆☆ Nitram
Enfant, Nitram a trop joué avec les feu d’artifices. Adulte, il reste un peu simple et totalement inconséquent. Le hasard lui fait rencontrer Helen, une richissime excentrique avec laquelle il entame une relation. Mais sa brutale disparition plonge Nitram dans une dépression aux conséquences foudroyantes…
Curieux objet que ce film ayant valu à Caleb Landry Jones le Prix d'interprétation masculine à Cannes l’an dernier — vérifiant au passage cette loi non écrite de dame-patronnesse selon laquelle une prestation de malade mérite gratification comme par compensation.
Partant d’images d’archives pour aboutir au rappel d’un fait historique australien tragique, l’histoire qu’il raconte tient de la variation autour d’un fait divers autant que de la recréation de l’ambiance bizarroïde renvoyée par l’esthétique du cinéma austral d’il y a trente ans, avec son spleen, ses ciels laiteux et ses familles dysfonctionnelles (coucou, Jane Campion et Shirley Barrett).
Entre l’observation socio-entomologique et regard gentiment moqueur sur les personnalités “marginales” qu’il décrit, Justin Kurzel semble cultiver le flou ; paradoxalement, cette indécision sert le propos de Nitram dont le protagoniste suit un chemin des plus erratiques. Difficile d’adorer ou de détester ce film ; ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse pas intranquille.
Un film de Justin Kurzel (Aus, int.-12 ans, 1h50) avec Caleb Landry Jones, Essie Davis, Anthony LaPaglia…
★★★☆☆ Karnawal
À la frontière entre l’Argentine et la Bolivie, le jeune Cabra répète pour un concours de danse traditionnelle devant se dérouler pendant le carnaval. À l’occasion, il est tenté par de petits trafics. Le problème, c’est que sa mère vit avec un membre des forces de l’ordre. Et que son père, un caïd réputé, va sortir de prison…
Largement nourri d’éléments personnels, ce premier film à l’affiche bariolée et au titre évoquant une fête libératoire dissimule un insoupçonnable film noir jouant avec de nombreuses zones crépusculaires : l’adolescence de son protagoniste, son androgynie, sa propension à flirter avec la légalité, la valse-hésitation de sa mère prise entre le souvenir du père de Cabra et son nouveau compagnon plus “respectable“ et naturellement le cadre du carnaval où, l’alcool et le sacré étant convoqué, tout semble permis.
Le sentiment d’urgence, de danger et d’indécision qui en résulte n’est pas sans rappeler celui traversant l’interlope La Vierge des tueurs de Barbet Schroeder (2000). Il y a cependant ici un espoir d’absolution dans le malambo — la danse que Cabra pratique en virtuose ; une authentique lumière soldant le récit.
Un film de Juan Pablo Félix (Nor-Mex-Chi-Bre-Arg, 1h37) avec Martin López Lacci, Alfredo Castro, Mónica Lairana…
★★★☆☆ Utama : La Terre Oubliée
Sur les hauts plateaux boliviens désertiques, deux vieillards survivent péniblement. Chaque jour, Virginio emmène paître ses lamas pendant que Sisa l’attend à la maison. Quand leur petit-fils débarque pour leur proposer de les emmener à la ville, il se heure à l’hostilité du patriarche…
Les premières minutes, à la lenteur contemplative, laissent craindre un des ces redoutables documentaires déguisés en fiction, et métaphorisant l’aridité de la vie au moyen de plans fixes sur des lamas foulant un sol aussi craquelé qu’un visage de vieil andin.
Mais la survenue du jeune petit-fils démultiplie les arcs dramatiques : ce n’est plus une histoire de Sisyphe, ni une histoire de fin de vie(s), cela devient un conflit de générations, de civilisations avec la crainte de voir disparaître la terre, les traditions, la langue des ancêtres.
À l’obstination du grand-père malade répond l’affection têtue du petit-fils et la solide détermination de Sisa, la grand-mère à la parole rare mais pesante. Au finale, on est captivé par le paysage hypnotique, l’histoire universelle et l’on en apprend au moins autant que dans un documentaire.
Un film de Alejandro Loayza Grisi (Uru-Bol, 1h28) avec José Calcina, Luisa Quisle, Santos Choque…
★★★☆☆ Tom
La vingtaine, Joss habite un mobile home avec Tom le fils qu’elle eu trop tôt il y a onze ans. Combative, elle prépare un concours d’aide-soignante et voit d’un mauvais œil le sauvage Samy revenir dans sa vie. Pendant ce temps, Tom sympathise avec Madeleine, une vieille dame isolée.
On comprend sans peine ce qui a séduit Fabienne Berthaud dans le roman de Barbara Constantine : davantage que la trajectoire du héros-titre, celle de sa mère aussi enfant que son fils et surtout si comparable à ces personnages de blondes cabossées par l’existence dont la réalisatrice aime à tracer les portraits.
Nadia Tereszkiewicz prend ici la suite de Cécile de France et surtout de Diane Krüger, interprète de prédilection de ses précédentes réalisations. À la fois sauvage et élégant, ce film organique (la campagne est un personnage en soi) où plane constamment une étrange menace offre également un nouvel emploi à Félix Maritaud, qui n’a jamais été aussi convaincant et nuancé que dans son rôle d'intrus surgi du passé. Surprenant, dans le bon sens du terme.
Un film de Fabienne Berthaud (Fr, 1h27) avec Tanguy Mercier, Nadia Tereszkiewicz, Félix Maritaud…
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 29 mars 2022 Plutôt atypique parce qu’il est totalement dédié aux films produits dans la région (au départ, Rhône-Alpes, puis Auvergne—Rhônes-Alpes), le festival auralpin du cinéma (...)
Mardi 18 janvier 2022 Indispensables
★★★★☆ The Chef
Chaud devant, voici un caviar : une immersion en temps réel (tournée en (...)
Jeudi 15 juillet 2021 Entre introspection et rétrospection, Jean-Pierre Améris s'approprie le roman autobiographique de Sorj Chalandon racontant une enfance face à un père mythomane. Une œuvre grave, complexe et cathartique, dominée par un Benoît Poelvoorde bipolaire...
Vendredi 11 juin 2021 Un retour aux sources double, triple, quadruple même pour la première avant-première proposée par le Pathé Bellecour le vendredi 18 juin à 19h45, Profession (...)
Mardi 15 octobre 2019 Après la mort de son compagnon, Corine part au fin fond de la Mongolie pour se changer les idées. Alors qu’elle enregistre le son d’une cérémonie chamanique, elle entre dans une transe violente, révélant des dons de chamans insoupçonnés. Une lente...
Mardi 29 mai 2018 Le prolifique Jean-Pierre Améris revient avec une comédie sentimentale qui parlera aux lombaires sensibles et aux reins délicats : la douleur dorsale en est en effet la colonne vertébrale…
Mardi 29 mai 2018 de Jean-Pierre Améris (Fr, 1h26) avec Eric Elmosnino, Alice Pol, Judith El Zein…
Mardi 14 mars 2017 Comment transformer ses mots en images ? Vaste problématique à laquelle tout scénariste se confronte. Pour tenter d’élucider ce mystère et d’initier les (...)
Mardi 14 mars 2017 Claude Lelouch n’en a pas fini avec l’envie de filmer. Et ce n’est pas parce qu’il tourne autour des Hospices qu’il songe à l’hospice : son truc à lui, ce serait plutôt les bons auspices…
Mardi 14 mars 2017 Entièrement récoltée à Beaune, la 46e cuvée de Claude Lelouch a un goût de déjà-bu. Pas étonnant, venant d'un réalisateur ayant autant de bouteille…
Mercredi 21 décembre 2016 de Justin Kurzel (E-U-Fr, int.-12 ans, 1h55) avec Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons…
Mardi 5 janvier 2016 Ce n’est pas parce que son dernier opus sorti, Un + Une, nous a consternés, qu’il faut vouer Claude Lelouch aux gémonies. En plus d’un (...)
Mardi 8 décembre 2015 De Claude Lelouch (Fr, 1h53) Avec Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Christopher Lambert…
Mardi 21 juillet 2015 De Jean-Pierre Améris (Fr-Belg, 1h36) avec Benoît Poelvoorde, Virgine Efira…
Mardi 26 mai 2015 "Valley of Love" de Guillaume Nicloux. "Chronic" de Michel Franco. "Macbeth" de Justin Kurzel. "Notre petite sœur" d’Hirokazu Kore-eda. "Marguerite et Julien" de Valérie Donzelli. Le Palmarès du festival.
Mardi 11 novembre 2014 De Jean-Pierre Améris (Fr, 1h38) avec Ariana Rivoire, Isabelle Carré…
Mardi 1 avril 2014 De Claude Lelouch (Fr, 2h04) avec Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Sandrine Bonnaire…
Jeudi 20 décembre 2012 De Jean-Pierre Améris (Fr, 1h33) avec Gérard Depardieu, Marc-André Grondin, Christa Theret…
Vendredi 16 décembre 2011 Sorte de pendant crapoteux d’"Animal Kingdom", le premier film de Justin Kurzel revient sur une série de meurtres ayant traumatisé l’Australie des années 90, et enfonce douloureusement le clou de son contexte social hardcore.
François Cau
Mercredi 18 mai 2011 Le Havre d'Aki Kaurismaki. Take shelter de Jeff Nichols. Snowtown de Justin Kurzel.
Jeudi 16 décembre 2010 De Jean-Pierre Améris (Fr, 1h20) avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde…
Sortie le 22 décembre
Mardi 23 novembre 2010 De Fabienne Berthaud (Fr, 1h48) avec Ludivine Sagnier, Diane Krüger…