Festival / Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Triomphant des reports et du mauvais sort pandémiques, la 16e Caravane fidésienne a repris sa marche pour délivrer sa précieuse cargaison de cultures africaines ainsi que, surtout, de (bons) cinémas. Moteur !
Il n'est pas commun qu'une biennale tienne sa nouvelle édition quatre ans après la précédente ; mais — surtout en période de coupes claires dans le monde culturel régional — l'essentiel n'est-il pas que celle-ci puisse exister ? Indispensable depuis trois décennies pour la visibilité des cinémas d'Afrique en France, la Caravane affiche encore cette année un programme à même d'attirer le pèlerin, avec sa quarantaine de films longs ou courts cartographiant le continent de l'Algérie au Lesotho.
Quant à la compétition pour le Prix du Public, elle se distingue par une moisson exceptionnelle glanée parmi les grands festivals internationaux : entre La femme du fossoyeur (présenté en ouverture et dernier Étalon d'or en date au FESPACO), L'Indomptable feu du printemps (Prix spécial à Sundance en 2020), Rêve (en avant-première, primé aux Journées Cinématographiques de Carthage 2021) et Lingui, Les liens sacrés (en compétition à Cannes l'an passé), il y a déjà de quoi faire !
De jour et de nuit
La sélection hors compétition vend également du rêve avec Tu mourras à 20 ans, grande fresque de Amjad Abu Alala, Plumes — un conte fantastique égyptien kafkaïo-kusturicien — ou la Nuit du cinéma marocain permettant de (re)voir Myopia, Les Femmes du pavillon J et Burning Casablanca (qui avait valu à Khansa Batma le prix d'interprétation féminine Orizzonti à Venise).
Un après-midi malgache est aussi à noter, avec Nofinofy et Aza Kivy (plus un buffet malgache !). Et, entre autres séances avec ou sans rencontres, deux programmes de courts-métrages et une sélection “Africa Gones“ assez large pour embrasser Mica d'Ismaël Ferroukhi et Le Roi Lion de Roger Allers & Rob Minkoff.
Si le Ciné-Mourguet est le QG du festival, celui-ci rayonne dans une trentaine de lieux fidésiens et salles régionales. Rappelons pour finir que la Caravane est (aussi) un événement culturel de grande envergure réunissant un aréopage d'artistes à l'occasion d'expositions (Prince Toffa pour Le Bénin en majesté, mais aussi l'illustrateur Gaspard Njock...) ; de rencontres littéraires (avec Wilfried N'Sondé, Mohamed Amara, Joséphine Zibi...) ; de moments musicaux en partenariat avec L'Iris de Francheville ou encore d'instants gastronomiques grâce aux spécialités proposées au Ciné-Mourguet.
Tous les sens auront leur content.
Caravane des cinémas d'Afrique
Au Ciné-Mourguet (Sainte-Foy-lès-Lyon) et dans près de trente cinémas de la Région du vendredi 10 au dimanche 19 juin