Moderat, sans modération aux Nuits de Fourvière

Moderat, sans modération aux Nuits de Fourvière
Moderat

Théâtre Gallo Romain

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

On l'attendait depuis 2017. Le trio Moderat, né à Berlin de l'union du duo Modeselektor (Gernot Bronsert et Sebastian Szary) et d'Apparat (Sascha Ring) célèbre la sortie de son nouvel album More D4ta le samedi 11 juin, aux Nuits de Fourvière. Du coup, on a téléphoné à Gernot Bronser.

Ce nouvel album est très attendu... 
Gernot Bronsert : Nous sommes très heureux. C'est une nouvelle étape de nos vies. Nous avons tous les trois un très bon feeling avec ce disque, une relation très agréable et amicale... Ces deux dernières années étaient très bizarres. La pandémie, des enfoirés comme Donald Trump au pouvoir de l'un des plus grands pays du monde, la grande crise climatique qui continue, et maintenant, vous avez des chars qui roulent en Europe de l'Est. Nous sommes en pleine crise. Crise, crise partout. Crise. C'était pour nous une grande inspiration, un souffle, de se rendre en studio. Une sorte de thérapie pour échapper à toute la merde de ce qui se passait.

Un album salvateur ? Belle symbolique pour un groupe qui a commencé avec un premier EP intitulé Auf Kosten Der Gesundheit (Au coût de la santé).
C'était un processus. Sans ce disque, nous n'aurions pas survécu à toutes ces crises en bonne santé. Bien sûr, il y a beaucoup de gens qui ont de plus gros problèmes que nous, mais ici, nous nous sommes juste aidés les uns les autres à plonger dans la musique et à créer quelque chose de beau. Et c'est ce que nous voulions faire.

On sent dans More D4ta un sentiment d'anxiété quant aux nouvelles technologies et au tout-digital...
Nous avons sorti trois albums auparavant, qui n'avaient pas de noms, juste des numéros. En partie pour éviter de devoir expliquer aux journalistes ce qu'ils veulent dire (rires). Nous passons par des crises politiques, sanitaires, climatiques, des guerres... Mais il y a une chose qui est constamment partout dans chaque partie du monde en ce moment : c'est le digital.

C'est comme si les données se développaient partout. J'ai deux enfants, et ils ne communiquent que par voie numérique. Ils ne savent même pas ce qu'est la télévision. Vous laissez vos empreintes digitales partout, tout est numérique, tout est données. En un sens, c'est une bonne chose car c'est l'évolution de la technologie. Mais la façon dont elle est utilisée et la stupidité des êtres humains qui l'utilisent, c'est un désastre. À une époque où on est constamment bombardé de contenu, et où les plateformes numériques sont plus intéressées par la récolte de données que par la reconnaissance de l'art, il est facile de se sentir dépassé et désabusé. More D4ta reconnaît cette réalité, mais refuse également de se laisser intimider par elle.

Le noir est la couleur de tout

Jusque dans la couverture de l'album...
La couverture montre une Terre plate, qui se transforme en une sorte de trou chaud qui se vide dans les toilettes. C'est donc une sorte de sarcasme, une situation bizarre qui se passe. Nous essayons d'expliquer avec la musique, l'artwork, le titre, et tout le reste, comment nous ressentons la situation actuelle et à quel point elle est merdique en ce moment. Nous essayons de créer un petit univers organique dans lequel on peut se sentir bien avec la musique et s'y plonger profondément. Trois couleurs sons utilisées. Rouge, bleu, vert, comme les couleurs de base de tout ordinateur. Et le noir, bien sûr, parce que le noir est la couleur de tout.

De quelle manière la pandémie a-t-elle impacté le processus d'enregistrement ?
Nous avions prévu d'enregistrer le disque à cette époque, on doit tout prévoir bien en avance dans nos vies... Quand on a joué la dernière fois en juin 2017, on s'est dit « ok, maintenant, deux ans de pause, et ensuite on commence à en parler. » Donc 2019 était de toute façon censée être une période d'enregistrement dans notre vie. La pandémie nous a fait réfléchir différemment, sous un nouvel angle que nous n'avions pas anticipé.

C'est aussi un bon moment car la société change tellement... Les jeunes d'aujourd'hui s'expriment beaucoup plus qu'il y a dix ou vingt ans. Et on peut sentir la liberté grandir de plus en plus. Il y a tellement de choses incroyables qui se passent. Mais d'un autre côté, il y a encore des femmes qui descendent dans la rue avec des affiches "mon corps, mon choix" aux États-Unis parce que l'avortement va être interdit et Poutine qui commence une guerre.

C'est ce gap entre les choses flippantes et les choses magiques qu'il faut explorer. L'obscurité, la lumière et l'ombre sont très proches les unes des autres de nos jours. C'est une époque intéressante et le meilleur terrain pour créer de l'art et avoir un langage musical au-dessus des concepts humains, car les systèmes humains sont toujours des concepts. Mais je pense que l'art et la musique doivent être au-delà de tous ces concepts parce que c'est un langage universel. Ça devient une interview très philosophique...

Votre venue prochaine à Lyon n'est pour autant pas un concept... À quoi doit s'attendre le public en matière de show ? Vous disiez ne pas vouloir de lumières flashy...
Nous travaillons sur le spectacle en ce moment. La véritable répétition avec la configuration complète commence demain et je pense que ça va être incroyable. Nous avons remanié l'ensemble du live et tous les visuels. Soyez prêts !

Moderat
Aux Nuits de Fourvière (Théâtre Antique) le s
amedi 11 juin à 21h

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