L'OIP zoome sur la réalité du monde carcéral

Prison / Regarder là où personne ne regarde, c'est la mission de l’Observatoire International des Prisons et de son antenne lyonnaise. Incompréhensible pour certains, nécessaire pour d'autres, il œuvre pour le respect des droits de l'humain en milieu carcéral et pour un moindre recours à l’emprisonnement.

L’Observatoire International des Prisons, appelé plus communément l’OIP, a aujourd’hui son  QG à Paris, mais ses origines sont lyonnaises. Lorsqu’il fut fondé en 1990, l’OIP se voulait international, un souhait ambitieux mais difficilement atteignable. Depuis 26 ans, l’Observatoire n’est de fait plus international, mais cela ne l’a pas empêché de s’imposer comme une association spécialiste des questions de l’enfermement. 

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Quand on pousse la porte du local rue Sébastien-Gryphe, on retrace immédiatement l’histoire carcérale de cette dernière décennie. En guise de déco, il y a ces piles de dossiers, un ou plus par prison et contenant tous des centaines de lettres de personnes incarcérées. Ces témoignages sont la matière première de l’OIP pour enquêter, défendre et parfois obtenir gain de cause, comme en 2020, avec cette condamnation de l'État français pour des conditions de détention inhumaines devant la Cour européenne des droits de l’Homme.

À la tête de l’antenne lyonnaise, se trouve Charline Becker, coordinatrice pour la région Sud-Est. Elle revient sur les missions de l’OIP : « on s’attache à faire connaître l’état des conditions de détention en France, à défendre les droits et la dignité des prisonniers et on contribue au débat public en apportant un éclairage et une analyse des politiques pénales et pénitentiaires. » 

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Briser les stéréotypes

Au quotidien, les détenus, leurs proches ou toutes autres personnes souhaitant alerter sur un dysfonctionnement dans un établissement pénitentiaire peuvent contacter un standard téléphonique tenu par un personnel en service civique. Maëlys est l’une d’entre elles : « je suis en fac de droit et l’aspect de la vie en prison restait inconnu pour moi. Venir ici, c’est une façon d’utiliser mon temps pour développer mes connaissances du réel, être plus proche du terrain car ça me paraît essentiel pour pouvoir pratiquer le droit plus tard. »

La sensibilisation est l’une des actions prioritaires. Tous sont persuadés de la nécessité d’aller à la rencontre de la population pour informer et sortir d’un schéma de pensée stéréotypé. Des interventions en milieu scolaire sont ainsi réalisées au sein d'établissements de la métropole, de façon à éveiller les consciences. En parallèle, des événements sont régulièrement organisés : ciné-débat, concerts... L’objectif reste le même : mettre le sujet des prisons au cœur des discussions pour que chacun s’en empare et puisse avoir une réflexion étayée par des réalités.

Pour les détenus, l’association est parfois la seule main tendue leur permettant de dénoncer leur quotidien. « Je n’étais même pas consciente d’avoir des droits en prison, l’OIP m’a permis de les connaître et de pouvoir les faire respecter. Ils sont rares ceux qui ne ferment pas les yeux sur nos difficultés de détenus... » raconte Laura*.

La prison, juste tabou ou tout le monde s'en fout ?

À l’OIP, les bénévoles viennent de tous les horizons, des professionnels du droit aux personnes touchées de près ou de loin par la prison, ou parfois juste concernées par cette problématique sociétale. C’est le cas de Gaël, militant depuis plusieurs mois : « j’ai toujours eu beaucoup de questionnements sur la prison. Dans les médias et même dans mon entourage, on en parle peu et les opinions sont souvent un mélange d’idées reçues sur ce qui mène en prison et ce qu’il s’y passe. Je n’ai pas vécu personnellement le monde carcéral mais ce que j’en ai découvert me révulse, c'est pourquoi je veux continuer à m’investir, pour mettre ce sujet tabou sur la table ! » 

L’OIP-Lyon reste déterminé à poursuivre ses actions en ces temps politiquement troublés.  Et l'association reste ouverte à toutes celles et ceux souhaitant s’engager sur ce sujet, offrant un lieu d’échange et de débat (parfois animé). Un véritable espace de liberté.

(* prénom modifié)

OIP
57 rue Sébastien Gryphe, Lyon 7e

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