En salles / Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Immanquable
★★★★☆ Sundown
En vacances familiales dans un hôtel de luxe d'Acapulco, le richissime Neil feint de ne pas retrouver son passeport afin de ne pas rentrer au bercail et ainsi échapper à ses obligations. Il s'installe alors dans une modeste pension, menant une existence dépouillée, libre, sans contrainte. Et rencontre Bernice...
Si Sundown était un roman, il paraîtrait aux Éditions de Minuit ou chez P.O.L, sous la plume d'un Quignard, d'un Toussaint voire d'un Camus (Albert, hein, celui de L'Étranger). Non seulement parce qu'il s'agit du récit de la fuite intérieure — et extérieure — d'un personnage comme absent au monde, mais également pour l'incroyable densité de cette histoire somme toute courte, portée par un héros guère disert. Miracle et envoûtement, la brièveté est ici un trompe-l'œil : débutant comme un énième film sur le spleen des ultra-riches dans les resorts de luxe, Sundown bifurque à plusieurs reprises, au gré de rebondissements pareils à des fractures et fragmentations faisant prendre des directions inattendues à la trajectoire de Neil. Michel Franco n'en divulgue pas trop, laissant planer d'intéressantes incertitudes sur la situation de son anti-héros qui gagne progressivement en humanité alors que les drames s'empilent autour de sa personne. Sans éclat excessif, sans esbroufe ni fausse subversion (à ce titre, c'est un peu l'anti Triangle of Sadness/Sans filtre primé à Cannes), Sundown aborde tout autant la géopolitique du crime que les inégalités sociale ou le déterminisme et la morgue atavique des puissants. On a rarement vu autant de sujets différents traités sans avoir l'impression de recevoir une leçon et en si peu de temps d'écran.
Une fois encore Tim Roth est au rendez-vous d'un projet cinématographique marquant (après L'Homme sans âge de Coppola). Étrangement absent du palmarès de Venise l'an dernier, ce film en apparence simple et modeste est une œuvre immense. Et un grand moment d'introspection. À voir sans tarder !
Un film de Michel Franco (Mex-Fr-Suè, 1h23) avec Tim Roth, Charlotte Gainsbourg, Iazua Larios...
À voir
★★★☆☆ Costa Brava, Lebanon
Vivant dans les montagnes en marge de la société libanaise, les Badri voient leur harmonie chamboulée par l'installation soudaine d'une décharge “écologique“ en face de chez eux. Ancien activiste, Walid, le père, s'engage dans une lutte acharnée contre ce projet clairement pourri par la corruption. Son combat va fracasser le fragile équilibre familial.
Censé se dérouler dans un futur proche, Costa Brava, Lebanon paraît hélas furieusement contemporain, avec son Liban au régime miné par la crise économique, son instabilité systémique, ses soupçons de prévarication et sa politique de poudre aux yeux à destination des financeurs étrangers. Un climat idéal pour inciter un militant à devenir survivalisto-autarcique à la limite de la paranoïa, et à fuir tout ce qui ressemble un État... qui trouve moyen de s'imposer à lui sous la forme (tellement symbolique) d'ordures pestilentielles. Mounia Akl semble extrapoler tristement la situation actuelle. Mais son cri porte et est relayé : la présence au générique de Nadia Labaki, superstar du pays du Cèdre, vaut engagement.
On retrouve au scénario Clara Roquet, réalisatrice du récent et réussi Libertad, qui explore ici à nouveau les thématiques d'éveil à l'émoi amoureux chez les jeunes filles, mais aussi les relations privilégiées entre génération opposées : la grand-mère fantasque et malade de Costa Brava, Lebanon n'est pas si éloignée de la matriarche frappée par la démence dans son propre film. Deux histoires où l'intime s'inscrit dans un contexte socio-politique très chargé.
Un film de Mounia Akl (Li-Fr-Esp-Su-Dan-Nor-Qa, 1h47) avec Nadine Labaki, Saleh Bakri, Yumna Marwan...