Comme d'usage, avec le retour des élèves dans les classes, voici celui des musiciens dans les salles après un été de batifolage en plein air. À la différence qu'ici l'office n'est pas en partie assuré par des types trouvés au hasard dans la rue. Il en a fallu des choix cornéliens et des revirements pour vous concocter cette sélection des concerts essentiels à voir absolument cette saison. Ce qui ne signifie pas qu'il faut bouder les autres.
Kohndo
Concert en prélude d'un nouvel album qui arrive cet hiver. La légende du rap français et membre fondateur de La Cliqua sera à Food Society (Part-Dieu) pour une rencontre et un showcase. Dans un constant renouvellement, KOH, du haut de ses 30 ans de rap, marque une nouvelle étape dans sa carrière avec le projet Plus haut que la Tour Eiffel qui arrive prochainement dans les bacs.
Au Food Society, mardi 27 septembre
Vincent Courtois
C'est à une semaine (presque) entière dans ses murs que l'Opéra Underground convie le violoncelliste Vincent Courtois, improvisateur et compositeur de jazz autant que de musiques de films (on lui doit notamment la BO d'Ernest et Célestine). Lequel ne s'est pas fait prier pour proposer un concert lecture autour de Jack London, un ciné-concert (Finis Terrae de Jean Epstein), une séance d'écoute et trois jours mêlant Ateliers du violoncelle, masterclasses et rendez-vous live. La curiosité du public pour point de mire.
À l'Opéra underground, du lundi 5 au vendredi 9 octobre
Tindersticks
Cette année les Tindersticks fêtent 30 années d'existence qu'on n'a pas vu passer. Un comble pour ces champions de la mélancolie qui en trois décennies ont livré une dizaine d'albums studios, pas mal de live et nombre de BO pour Claire Denis qui en a fait ses jumeaux musicaux depuis un quart de siècle. Entre comptines éthyliques, harmonies claudiquantes et tempêtes de violons toujours tapissées de la voix abyssale de Stuart Staples, les Tindersticks, c 'est un style, mieux, c'est un art, à découvrir sur une copieuse compile anniversaire, Past imperfect, et bien sûr au Radiant, les Sticks étant rares sur scène.
Au Radiant, mercredi 12 octobre
Burns on the wire
« Si je savais d'où viennent les bonnes chansons, j'irais là-bas plus souvent » disait Leonard Cohen qui n'était pas la moitié d'un philosophe en plus d'un poète. C'est un peu ce que fait H-Burns avec ce projet Burns on the wire. Soit la manière qu'a trouvé l'Isérois pour payer son tribut(e) à l'un de ceux, si ce n'est celui tout court, qui ont allumé l'étincelle musicale qui brûle en Burns. Cela a donné un album sur lequel les cordes et la nostalgie sont généreuses. Et une série de concert où le musicien se présente avec les cordes du Stranger Quartet et sa nostalgie à lui. On vous le dit juste en passant mais c'est magnifique.
Au Marché Gare, jeudi 13 octobre
Florent Marchet
Depuis l'ambitieux Bambi Galaxy, en 2014, Florent Marchet s'est surtout illustré par de nombreuses musiques de films, des projets musicaux et scéniques collaboratifs (comme l'excellent Frère Animal), des lectures musicales (avec Nicolas Mathieu notamment) et même un roman qui n'est que la suite logique de son travail d'écriture. Le revoilà pourtant enfin avec un album sorti cette année, Garden Party, où l'on retrouve son talent singulier pour la peinture des gens moyens et des vies minuscules, les amis, la famille, les ruptures, l'enfance (sublimes De Justesse et surtout Freddie Mercury, entre Arnaud Fleurent-Didier et Mendelson). Retrouver Florent Marchet c'est toujours un peu comme retrouver un vieil ami. Le voilà justement qui passe à la maison.
À L'Epicerie moderne, vendredi 14 octobre
Bryce Dessner
Les amateurs éclairés savent combien Bryce Dessner de The National (sans doute une des meilleures choses qui soient arrivées au rock indé ces vingt dernières années), est féru de ce qu'on appellerait la grande musique (baroque, classique, contemporaine, toutes ces sortes de choses) qu'il pratique d'ailleurs bien plus en quantité que le bon vieux rock (il n'y a qu'à jeter un œil sur sa fascinante discographie dans laquelle on a un faible pour Aheym avec le Kronos Quartet et Music for woods & strings). Et voilà les audacieux programmateurs de l'Auditorium qui l'invitent à venir présenter, avec l'ONL son Concerto pour deux pianos (merveilleusement exécuté par les fascinantes sœurs Labèque), son St Carolyn by the sea, en écho à la Symphonie fantastique de Berlioz. Soirée épique en perspective.
À l'Auditorium, samedi 15 octobre
Dead Can Dance à l'Auditorium [ANNULÉ]
C'est encore l'Auditorium qui, dans une programmation ayant toujours à cœur de sortir de l'autoroute du "classique" comme on l'appelle un peu vite, dégaine le concert qui tue et, à sa façon, danse. Dead can dance, donc, fer de lance du label 4AD qui fit dans les années 80 et 90 la pluie et le beau temps sur la musique indé. Difficile de décrire l'esthétique délivrée par la chanteuse Lisa Gerrard et le sorcier Brendan Perry : une sorte de dream-pop virée musique du monde flirtant avec un fantôme très goth. Bref, une époque, une atmosphère, un zeitgeist. Les connaisseurs font déjà le pied de grue.
À l'Auditorium, samedi 22 octobre
Chris Thile
Ceux qui l'ont vu en 2017 aux Subs pour son PB Live, vous le diront : c'est une expérience que de voir l'espiègle américain Chris Thile en concert. Déjà parce qu'on ne voit pas souvent un type tenir le crachoir seul avec une mandoline (sauf à vivre sous un balcon à Florence aux alentours du XVIe siècle, ce qui n'est pas le cas de grand monde). Ensuite parce que le dit type vous cueille avec ses compositions mais aussi des reprises de Bartok, Bach, Radiohead, The Strokes ou Bob Dylan, ce qui vaut un grand détour.
À la Chapelle de la Trinité, vendredi 28 octobre
LKDM + Mouse Party
Instant de communion hip-hop en deux temps au Ninkasi Kao : la fameuse déclinaison live de LKDM dont nous parlait Fong Fong lors d'une précédente interview soit un best-of d'artistes locaux dont Lucio Bukowski et Casus Belli. Ce sera suivi d'une soirée animée par l'un des journalistes hip-hop les plus importants du pays, Mehdi Maïzi qui ramène sur scène la vibe des émissions incontournables du paysage rap francophone.
Au Ninkasi Kao, vendredi 28 octobre
Blue Öyster Cult
C'est bien connu, les mois en « r » marquent le retour des huîtres. Celle-ci n'est pas la moindre puisqu'elle est bleue et qu'on lui voue un culte – et malgré ses 55 ans, ce qui est vieux pour une huître, on ne risque pas de la dégobiller. Pour situer la chose aux moins de 70 ans, Blue Öyster Cult c'est le groupe (from Long Island) qui a pondu en 1979 (Don't Fear) The Reaper, une scie au riff mortel qu'on a pu entendre dans une bonne trentaine de films ou séries. On est ici à égale distance d'un bon vieux hard rock old school et un psychédélisme bien élevé. Et c'est toujours Buck Dharma, auteur des riffs les plus cools du groupe, qui tient le manche.
Au Radiant, le vendredi 28 octobre
Sasso
L'un des rappeurs actuels lyonnais les plus populaires joue à domicile avec un concert qui promet le feu. Multimillionnaire en vues et en streams, celui qui fait mentir les voix déplorant le manque de visibilité de la scène lyonnaise s'apprête une nouvelle fois à faire battre le pouls de la ville.
Au Transbordeur, lundi 31 octobre
The Cure
En 2022, The Cure fête, via une réédition, les 30 ans de Wish, sans doute son dernier très bon album. Oui, effectivement ça date mais on peut discuter des suivants. Quoi qu'il en soit The Cure, tout en continuant à tourner, n'a pas publié de long format studio original depuis 2008 et 4:13 Dream. D'où la double surprise de voir le groupe revenir à la Halle Tony Garnier tout en annonçant pas un mais deux disques (triple surprise, donc) à venir cet automne. Le premier se nomme Implacable et le second Songs of a lost world. Cure de Cure à venir, donc.
À la Halle Tony-Garnier, lundi 7 novembre
Joshua Redman, Brad Mehldau, Christian Mc Bride, Brian Blade
Il y a plus d'un quart de siècle officiait autour de Joshua Redman un quartet de jeunes hommes prometteurs qui accoucha de l'album MoodSwing, un disque référence du jazz de cette époque. Au saxo, Redman donc, au piano, un certain Brad Mehldau, à la contrebasse Christian McBride et à la batterie Brian Blade. Assemblez ces quatre-là aujourd'hui et vous avez un quartet all-star à faire saliver labels et programmateurs. Ça tombe bien, c'est ce qu'ils ont fait : se rassembler. Pour un nouvel album et une tournée qui fait saliver tout le jazz contemporain qui passe par l'Auditorium avec le concours de Jazz à Vienne.
À l'Auditorium, lundi 7 novembre
Cascadeur
Comme Florent Marchet, il a beaucoup officié aux côtés de cinéastes (Nakache & Toledano, Gondry) ces dernières années et comme Chris Thile il livra en son temps une chouette prestation aux Subs à l'occasion du PB Festival où il conclut avec une chorale amateur (l'une de ses marottes live). Le Messin masqué (un précurseur) est de retour avec un album attendu, Revenant, toujours aussi aérien et délicat que ses trois impeccables précédents disques et sur lequel il innove avec un nouvel attirail de trompe-la-mort et des chansons en français.
Au Toboggan, jeudi 1er décembre
Loud
L'un des poids lourds de la scène rap québécoise en pleine tournée “Aucune Promesse” passe par Lyon le 7 février 2023. La révélation qui rafle les distinctions en tous genres sera l'un des premiers concerts rap du Marché Gare refait à neuf. Retrouvailles entre la machine à succès outre atlantique et la scène lyonnaise pas loin de la confluence.
Au Marché Gare, mardi 7 février
Wintower
La déclinaison hivernale de Woodstower met une fois de plus le hip-hop à l'honneur. Prévue le week-end du 24 au 26 février à la halle Tony Garnier, cette nouvelle édition invite plus d'une trentaine d'artistes. Parmi eux fuitent déjà des noms tels que Lacrim et Soso Madness.
À la Halle Tony Garnier, du 24 au 26 février