Un siècle n'est rien qu'une poussière à l'aune de l'éternité pour un vampire. Mais à l'échelle de l'Histoire du cinéma, cela reste considérable. Inscrit dans le marbre du temps, le Nosferatu (1922) de Murnau parvient donc aujourd'hui à cet âge vénérable, ce qui ajoute à son prestige d'œuvre-phare de l'Expressionnisme allemand et fondatrice d'une forme de cinéma de genre.
Pas mal pour ce qui était à l'origine une entreprise à la limite de la contrefaçon : il s'agit en effet d'une adaptation transparente du Dracula de Bram Stoker effectuée sans autorisation des héritiers, d'où la *légère* modification de nom du suceur de sang, devenu ici Comte Orlok, pourvu d'incisives proéminentes. N'empêche : Murnau jette les bases de l'épouvante, de sa grammaire visuelle, donnant littéralement vie aux ombres, créant ce qu'il est convenu de nommer des mèmes infusant dans l'ensemble de la culture horrifique — le sous-titre original étant d'ailleurs « une symphonie de l'horreur ».
Dirigé par Timothy Brock
La technique participe de l'effroi, qu'il s'agisse du recours à images en négatif ou à la silhouette costumée-maquillée de l'interprète de Nosferatu, le comédien Max Schreck. La légende s'est plu à colporter le fait qu'il était un authentique vampire — ce qu'aurait accrédité son nom (Schreck signifiant frayeur en allemand) — et que le film L'Ombre du vampire de E. Elias Merhige avait plaisamment illustrée en 2000.
Pour son centenaire, Nosferatu méritait donc un château ; ce sera l'Opéra de Lyon, qui l'accueille à l'occasion d'un ciné-concert organisé dans le cadre du Festival Lumière, où l'orchestre sera dirigé par Timothy Brock. Prévoyez une gousse d'ail, au cas où...
Nosferatu
À l'Opéra de Lyon dans le cadre du Festival Lumière le samedi 22 octobre à 20h