C'est bien connu des coureurs de concert, le mois d'octobre est un peu le mois automnal où le budget sortie se met carrément dans le rouge tant la saison bat son plein. Histoire de trancher et de soulager votre compte en banque, nous nous sommes livrés à une petite sélection d'incontournables.
Institutrice
Avec cette Institutrice, vous allez en apprendre des vertes et des pas mûres. Au croisement de l'expérimental le plus échevelé et des musiques percussives traditionnelles asiatiques, Institutrice est un duo composé de deux membres de La Colonie de Vacances, Jean-Baptiste Geoffroy, également batteur de Pneu, et Eric Bentz, chanteur et guitariste d'Electric Electric (les deux groupes étant membres de la Colonie, CQFD). Ça ne ressemble à rien de ce que vous avez déjà entendu – surtout si vous écoutez principalement Rires et Chansons – mais ça vaut le détour. Large, le détour.
Au Périscope le jeudi 6 octobre
Gus Englehorn
C'est fou comme les années 90 reviennent à la mode. Beaucoup l'ont déjà constaté en regardant leurs ados s'habiller comme dans Hélène & les Garçons ou Hartley Coeurs à vif et trouver ça normal. On constate aussi la chose dans l'indie-rock où certains des albums qui paraissent sonnent très exactement comme en 1995. C'est le cas pour le Dungeon Master de Gus Englehorn, surfer professionnel alaskien émigré au Québec (déjà, pour un surfer, c'est pas banal) qui livre une sorte de middle-fi (de la lo-fi avec des moyens) qui n'est pas sans rappeler de joyeux lurons comme Jonny Polonsky, en plus barré. Le fait est que c'est délicieux.
Au Trokson le mardi 11 octobre
Tindersticks
On vous le dit, on vous le rabâche (dans notre numéro du 5 octobre notamment). Les Tindersticks fêtent leurs 30 ans d'âge, qu'ils ne font pas, aux commandes d'une belle compilation de leurs meilleurs titres (spoiler : il en manque), baptisée Past Imperfect, et qui balaient leur dizaine d'albums studios. Surtout, il faut aller les applaudir en concert, si on aime les torch songs bancales et les comptines d'après-minuit. Cette fois on ne vous le redira pas.
Au Radiant-Bellevue le mercredi 12 octobre
H-Burns & The Stranger Quartet
Oui, c'est vrai, on retrouve dans cette sélection mensuelle beaucoup des conseils donnés dans notre sélection de saison. Mais c'est parce que le mois d'octobre figure généralement le plat principal, la pleine saison, le coup de feu des salles de musiques dites actuelles. Alors, on reparle d'H-Burns et de son projet de reprises de toute beauté de l'oeuvre d'un de ses maîtres, Leonard Cohen – qui est aussi notre maître à tous, en matière de crooning poétique -, accompagné de son Stranger Quartet.
Au Marché-Gare le jeudi 13 octobre
Florent Marchet
À la rédaction du Petit Bulletin, on a débattu récemment de savoir si oui ou non, Florent Marchet devait se couper les cheveux – ici on pense que non. On ne débat guère en revanche de la teneur de son dernier album Garden Party, sublime fête triste de quartier sur la vie pavillonnaire tel que le berrichon la peint si bien en chanson. On y retrouve quelques morceaux de bravoure qu'il nous tarde d'entendre en concert.
À l'Épicerie Moderne le vendredi 14 octobre
Bryce Dessner / Symphonie fantastique
Vous aimez The National et/ou la Symphonie fantastique, ce concert est définitivement pour vous. Vous n'y entendrez pas The National mais deux compositions de son guitariste à la formation – et à la pléthorique œuvre – classique. Notamment un Concerto pour deux pianos écrit pour les sœurs prodige Katia et Marielle Labèque. Et bien sûr vous y entendrez la Symphonie fantastique de Berlioz, mise en regard des compositions de Bryce Dessner.
À l'Auditorium le samedi 15 octobre
The Soft Moon
Où l'on reparle de rock indé américain avec cette lune douce. Sauf qu'ici, on œuvre davantage vers une sorte de shoegazing indus (en gros on joue de la guitare très fort en regardant ses chaussures de sécurité) mâtiné de post-punk. En vrai The Soft Moon se présente comme un seul homme, à savoir Luis Vasquez qui a pour but dans la vie de gratter la noirceur du monde avec ses ongles et d'en restituer une bande son à base de guitares cinglantes et de basses orphéiques. Ça ne console pas sur l'état du monde mais ça permet d'être raccord avec.
À l'Épicerie Moderne le lundi 17 octobre
Feu ! Chatterton
On ne peut ne pas aimer les chanteurs à moustache et costumes en velours qui misent tout sur la théâtralité – bien qu'il n'y ait aucune raison –, le fait est que Feu ! Chatterton reste sans doute le meilleur groupe francophone du moment qui agite une sorte de post-post-rock-funk décadent sur des textes d'un niveau stratosphérique – la majeure partie de la scène française est incapable de l'un ou de l'autre et souvent des deux. Alors on se rassemble et on réécoute Palais d'Argile (et ses prédécesseurs). Et on se précipite en concert.
Au Radiant-Bellevue les lundi 24 et mardi 25 octobre
...And you will know us by the trail of dead
Le premier morceau du dernier album d'...And you will know us by the trail of dead s'intitule Our Epic Attempts, autrement dit « nos tentatives épiques » qui énonce dans plusieurs langues le nom du groupe. Le fait est que cela dit tout du groupe dont toute la carrière n'est que la poursuite d'une succession de tentatives de dresser une épopée de l'épique à travers un rock ascensionnel et progressif. C'est pas digeste digeste mais si on aime la grandiloquence et les grands espaces (les types viennent d'Austin, Texas), alors c'est tout indiqué, en ces temps de trop de sobriété.
À Warmaudio le lundi 20 octobre
Blue Öyster Cult
De la même manière, on pense ce qu'on veux des groupes de vieux animés par des types en âge d'être retraités (même après la future réforme de Macron), n'empêche qu'aller écouter Blue Öyster Cult, c'est pas tous les jours et que le riff de (Don't Fear) The Reaper est quand même l'un des trucs les plus radicalement jouissif de l'histoire du rock. Comme en plus Buck Dharma, auteur dudit riff, 75 ans, est toujours de la partie, on ne va pas se priver.
Au Radiant-Bellevue le vendredi 28 octobre
