Folk / À l'occasion de la parution de son premier album, Emotional Territory, la jeune folkeuse lyonnaise Claire days s'offre une release party au Marché Gare. Il fallait bien ça pour marquer le coup d'un disque impressionnant.
Ça fait un petit moment maintenant qu'on entend parler de Claire days. Doucement puis de plus en plus sûrement, qu'elle écume les scènes du coin (et d'autres coins), qu'elle distille les EP et qu'elle se fait sa place petit à petit sur la scène folk. En 2019, Claire days a notamment été révélé par le Ninkasi Music Lab, premier aboutissement en forme de tremplin d'une démarche entamée quelques temps avant.
C'est au sortir des études que Claire, pas vraiment pressée de se lancer dans le grand bain froid de la vie professionnelle, décide de prendre une petite tangente en décidant d'enregistrer un EP avec sa seule guitare qui donnera She changed her mind, sur lequel une belle promesse se dessine dans une forme d'épure. On y entend déjà quelques accents de l'Alela Diane séminale avec quelques pointes jazzy et les grincements de cordes artisanaux d'usage. Elle s'acoquine avec le label Archipel sur la foi de quelques concerts à travers la France et publie avec lui le EP Lava, l'année du grand confinement.
Cœur battant folk
C'est pendant ce même confinement que se dessinent les contours de son premier album, Emotional Territory qu'elle emballe avec Fink, musicien et producteur rencontré grâce à Archipel, entre sa chambre-studio lyonnaise, Le Chien Bleu dans le Beaujolais et le studio berlinois où réside Fink. La chose, qui vient enfin d'être publiée, est évidemment plus aboutie que les EP précités (notamment grâce à une production aux petits oignons) mais sans afféteries aucunes.
On y retrouve ce cœur battant folk toujours un peu à nu, ces rythmiques atypiques qui flirtent avec le jazz (Benny, Watch Me Turn) ou parfois quelque chose qui ressemble à du post-rock (sur Fall Asleep) et ce chant plein de langueur pas du tout monotone qui n'est pas sans rappeler la Kate Stables de This is the Kit, Laura Veirs ou une certaine Feist, le tout rehaussé de quelques instrumentations, ici une guitare électrique, là un orgue, ailleurs des cordes ou un piano, un peu partout des chœurs (éblouissants sur Old Self et My Sister), qui donnent de l'épaisseur à des chansons bien mises, ces mélodies enveloppantes, ne cédant jamais à la facilité. Et qui nous emmènent effectivement en des territoires émotionnels souvent en lévitation. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maîtresse. À découvrir lors de cette soirée estampillée Les Femmes s'en mèlent.
Claire Days, Emotional Territory
Au Marché Gare le mercredi 9 novembre