Au TNP, dans le dédale de Christiane Jatahy

Depois do silêncio (Après le silence)

TNP - Théâtre National Populaire

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Avec "Depois de silêncio", Christiane Jatahy clôt sa trilogie des horreurs avec un spectacle gigogne trop collé au réel, celui des paysans sans terre. À nouveau, elle nous convie dans son Brésil natal mais il manque le souffle théâtral et grinçant qu’elle avait si bien su mettre en scène dans "Entre chien et loup".

Il y a les rappels historiques pour commencer : « ces terres à exploiter grandes parfois comme un pays européen » où ont été emmenés 4 millions d’Africains esclavagisés. Celle qui nous parle est l’épouse d’un ouvrier agricole assassiné car il réclamait les terres qu’il cultivait. En un instant, Christiane Jatahy passe du réel à la fiction car ses personnages sont ceux de Torto Arado, le roman d’Itamar Vieira Junio, best-seller au Brésil pendant la crise Covid. Le géographe plonge son lecteur dans le quotidien d’une communauté rurale du Nordeste.

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Si la metteuse en scène s’appuie sur cette fiction très documentée, elle ne s’en contente pas et y adjoint le meurtre de João Pedro Teixeira survenu dans les années 1960. Ce leader d’une ligue paysanne avait été tué sur l’ordre des propriétaires terriens du Nordeste. Un film sur sa vie, Cabra marcado para morrer, avait été réalisé par Eduardo Coutinho dans la foulée, dans lequel les paysans jouaient leur propre rôle. Le tournage, interrompu par le coup d’État militaire de 1964, a repris 17 ans plus tard. Mais le mille-feuilles dramaturgique de la metteuse en scène ne s’arrête pas là puisque, cinéaste elle-même, elle est allée aussi filmer les habitants qui ont inspiré le romancier.

Sur terre, le plus fort vivra toujours

Au plateau que reste-t-il ? Un écran bien sûr comme elle en a coutume, une table, trois comédiennes et un musicien qui vont assurer les bruitages, rejouer des séquences du film. Mais le procédé est étrange, car c’est à la fois ne pas faire confiance à la puissance de son montage filmique, ni à sa troupe pour prendre en charge le récit.

Cette démultiplication des sources s’avère étouffante et rend le propos nébuleux alors que la sincérité de son engagement en faveur de ces exploités ne fait pas l’ombre d’un doute. Comme dans Le Présent qui déborde, où elle était allée filmer son Odyssée en Amazonie, Christiane Jatahy peine à sortir du manifeste tant elle est impliquée dans son sujet. Et échoue à briser le quatrième mur qu’elle veut pourtant abattre. C’est en s’appuyant sur des fictions non liées au Brésil comme le film Dogville de Lars von Trier (devenu au plateau Entre Chien et loup) ou même Mademoiselle Julie de Strinberg (Julia) mais en les trempant dans l’histoire de sa nation qu’elle est la plus convaincante à dire la violence qui a régi notamment l’époque bolsonariste.

Despois de silêncio (après le silence)
Au TNP du mercredi 23 au vendredi 26 mai

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