Panorama de rentrée culturelle / Avec, à voir dans les salles de Grenoble et de l'agglomération, des monuments du théâtre, des créations attendues, des reprises bienvenues... Et même de la variété française ainsi qu'un sportif.
Paloma au pluriElles
Grande gagnante de la première édition de la version française de Drag Race (une compétition de drag-queens vue sur France 2 pour celles et ceux qui seraient passés à côté du phénomène), Paloma se lance dans le seule-en-scène afin de dévoiler son univers très cinématographique – son imitation de Fanny Ardant pendant l'émission était lé-gen-daire. Un show qu'on nous annonce tout en personnages, à l'image de ceux qu'elle convoque désormais dans l'émission Quotidien. On attend donc beaucoup de ce Paloma au pluriElles – et on espère qu'elle performera sur du Mylène Farmer, son autre dada !
Mercredi 4 octobre à l'Ilyade (Seyssinet-Pariset), 34€
Pourvu qu'il nous arrive quelque chose
Que le metteur en scène et comédien grenoblois Grégory Faive fait bien de reprendre ce seul-en-scène sur les coulisses et les à-côtés du théâtre (la loge, le trou de mémoire, le rapport à la critique...) d'après un texte de Philippe Torreton, tant ce qu'il en a fait est une immense réussite. Créé en 2011, son spectacle a connu un très joli succès depuis ; succès mérité puisqu'il parle de théâtre d'une façon on ne peut plus généreuse, drôle et accessible, s'adressant de facto à tout le monde, et notamment aux profanes qui pensent que, franchement, le théâtre, c'est prise de tête. Et quel comédien que ce Grégory Faive !
Vendredi 6 et samedi 7 octobre à l'Odyssée (Eybens), de 5€ à 19€
Vendredi 22 mars au Déclic (Claix), de 6€ à 18€
Tout doit disparaître ?
Et une nouvelle petite forme de la compagnie des Gentils autour de la mythologie. Un solo de la comédienne Doriane Salvucci, véritable pilier de la troupe, qui, dans le rôle de madame Pythie, nous « racontera des anecdotes sur tous ces dieux et déesses qu'elle a jadis fréquenté·e·s, ces héros antiques dont les blessures personnelles sont aussi drôles que dramatiques », nous prévient-on. On a hâte de l'écouter. À noter également que cette saison, les Gentils tourneront pas mal dans la région deux de leurs plus grands spectacles : La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi (qu'ils vont bientôt ranger au placard après une dizaine d'années de succès) et Les (pas tant) petits caraoquets (de conserve).
Mercredi 11 et jeudi 12 octobre au TMG – Théâtre de Poche, de 5€ à 16€
Hors-piste
C'est l'un des événements de l'année, autant théâtral que sportif : le biathlète français Martin Fourcade va monter sur scène en solo. « Je veux montrer ce qu'il y a derrière le vernis du champion, les failles, les doutes. Sortir du carcan que l'on renforce d'autant plus lorsqu'on a les caméras braquées sur nous après une course. La langue de bois, c'est une protection et j'avais envie de sortir de ce cadre-là », déclarait-il en juin lors d'une conférence de presse à la MC2, qui aura la primeur de cette création qui va ensuite beaucoup tourner en France.
Mercredi 18 et jeudi 19 octobre à la MC2, de 5€ à 33€
La Fin du début
Le Starmania de Thomas Jolly ne vient pour l'instant toujours pas à Grenoble (alors qu'il va encore tourner dans beaucoup de villes en 2024) mais voilà un peu de Starmania à travers ce spectacle (nommé Seras-tu là ? à l'origine) sur Michel Berger (le compositeur du fameux opéra-rock) piloté par le comédien Solal Bouloudnine. Un seul-en-scène avec beaucoup de verve et une énergie indiscutable, qui ne parle pas tant de Berger que de son rapport – son angoisse – face à la mort. Ça balancera pas mal à Claix.
Vendredi 20 octobre au Déclic (Claix), de 6€ à 18€
40° sous zéro
Dans le monde du théâtre surgissent souvent des noms qui marquent et emportent tout sur leur passage. Le Munstrum Théâtre est de ceux-ci. Une compagnie, créée il y a dix ans par Louis Arene et Lionel Lingelser, acclamée depuis, notamment, leur création de 2019 titrée 40° sous zéro. Soit, rassemblés en un spectacle, deux textes du subversif auteur argentin Copi, figure iconoclaste de la contre-culture gay française des années 1970. Sur scène, ça hurle, ça se tue, ça revit, ça change de sexe... Un spectacle excessif diaboliquement efficace et séduisant (pour peu qu'on en accepte les codes), grâce notamment à un incroyable travail plastique.
Mardi 7 et mercredi 8 novembre à la MC2, de 5€ à 29€
Borderline(s) Investigation #2
Et si c'était le meilleur conférencier du théâtre actuel ? Formé à la géographie, Frédéric Ferrer, vu plusieurs fois l'an passé dans l'agglomération avec son génial Atlas de l'anthropocène, est un comédien hors pair capable d'analyser sérieusement et avec drôlerie la « limitologie », celle que pointe le Giec rapport après rapport. Pour ce deuxième volet, créé l'an passé, de ses « investigations borderlines », il explore aussi bien le cosmos que le corps humain. Nous voilà tout ouïe.
Jeudi 9 novembre à l'Hexagone (Meylan), de 6€ à 23€
Elena - Nécessité fait loi
La MC2 nous l'assure : Myriam Muller est une « figure montante de la scène luxembourgeoise ». D'où son souhait de coproduire ce spectacle inspiré du cinéma de Chantal Akerman (réalisatrice, notamment, du fameux Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles avec Delphine Seyrig) et à l'histoire qui résonne fortement avec notre époque : « Elena est l'autopsie d'un crime non puni. L'histoire d'une double émancipation : ou comment échapper à son destin d'épouse dévouée et à sa classe sociale. » Intrigant...
Mardi 21 et mercredi 22 novembre à la MC2, de 5€ à 29€
Laughton
Prévue pour novembre, la prochaine création de la metteuse en scène grenobloise Émilie Le Roux (La Morsure de l'âne, La Migration des canards, Mon frère ma princesse...) sera une nouvelle fois adressée au jeune public – ici à partir de 9 ans. Un spectacle, sur un texte de Stéphane Jaubertie, qui évoquera « les non-dits et les secrets de famille », Émilie Le Roux livrant souvent une approche intelligente et complexe du théâtre pour les plus jeunes. D'où le fait que ses propositions sont également passionnantes à découvrir quand on a largement dépassé l'âge de l'enfance.
Mercredi 6 et jeudi 7 décembre au TMG - Théâtre 145, de 5€ à 16€
Dom Juan ou le Festin de Pierre
Si les textes classiques voyagent à travers les siècles, on se doit de les interroger à l'aune des enjeux contemporains : c'est en substance la ligne directrice du metteur en scène David Bobée qui, en montant le fameux texte de Molière avec son héros censé représenter l'art français de la séduction, dissèque le mythe pour en faire notamment un symbole du patriarcat ; le tout sans changer un mot de l'œuvre. Un spectacle populaire et bien dans son temps d'une grande intelligence, jusqu'à la scénographie impressionnante faite de statues déboulonnées.
Du mercredi 6 au vendredi 8 décembre à la MC2, de 5€ à 33€
Maya, une voix
Voici un spectacle d'Éric Bouvron sur Maya Angelou, artiste multifacette (poétesse notamment) états-unienne et militante acharnée des droits civiques aux côtés de Martin Luther King et Malcolm X, qui jouit d'un excellent bouche-à-oreille depuis sa création. Nous ferons tout pour le voir avant sa venue dans la région grenobloise.
Vendredi 8 décembre à la Vence Scène (Saint-Égrève), de 11€ à 15€
Virginie Despentes + Béatrice Dalle + Casey + Zëro
Virginie Despentes, Béatrice Dalle et Casey... Trois noms à faire exploser le thermomètre de l'irrévérence, du charisme et de l'engagement féministe. Déjà musclé à sa création en 2015, ce projet de lectures-concert a vu le jour sous l'impulsion de l'écrivaine Virginie Despentes et du groupe de rock lyonnais Zëro, avant d'être rejoints par la comédienne Béatrice Dalle en 2017. Dernière recrue, pas des moindres, la rappeuse Casey monte elle aussi désormais sur le ring pour déclamer son engagement à travers des textes féministes, lesbiens et antiracistes.
Samedi 9 décembre à 20h à l'Hexagone (Meylan), de 6€ à 28€
Le Cabaret des absents
C'est un spectacle dont nous avons entendu le plus grand bien. Aux commandes, le génial François Cervantes, que l'on connaît notamment grâce à son travail sur le clown. Avec de nombreux interprètes au plateau dont la facétieuse Catherine Germain (son actrice fétiche), il raconte l'histoire d'un théâtre marseillais sauvé de la destruction, et de celles et ceux qui gravitent autour. « Ce cabaret dresse un portrait des grandes villes, où une nouvelle vie s'invente, avec un métissage jamais connu dans l'histoire de l'humanité. » On en attend beaucoup.
Mardi 12 décembre à la Rampe (Échirolles), de 9€ à 31€
Oh Johnny
Voici une ode aux fans du chanteur rencontrés par la jeune Liora Jaccottet, tout juste sortie de l'école de la Comédie de Saint-Étienne. Un projet né de l'état d'hébétement qu'elle a observé lors des obsèques de Johnny Hallyday, en décembre 2017. Elle a alors voulu rencontrer ces fans effondrés et comprendre comment le chanteur a structuré leur vie. Ce sont eux qu'elle met sur scène dans plusieurs tableaux qui pêchent parfois par une sorte de naïveté dans le regard que leur porte la metteuse en scène, elle-même plus fascinée par eux qu'ils ne sont fascinants. Ne s'en dégagent pas moins une vraie tendresse à l'égard de ces personnages et un sujet on ne peut plus original. Puisque bien sûr, on a tous en nous quelque chose de...
Du mardi 19 au jeudi 21 décembre à la MC2, de 5€ à 29€
One song
Succès incontestable de l'édition 2022 du Festival d'Avignon, ce spectacle sous-titré Histoire(s) du Théâtre IV est signé par la metteuse en scène et plasticienne belge Miet Warlop. Une performance sur la force du collectif autant musicale que sportive d'une heure intense que l'on a rangée dans la rubrique théâtre parce qu'il faut bien la ranger quelque part mais qui est beaucoup plus que ça ! On s'enflammera davantage en janvier sur le sujet, mais sachez qu'on est sur une des grandes propositions de cette saison, à la fois généreuse, originale et renversante !
Mardi 9 et mercredi 10 janvier à la MC2, de 5€ à 33€