Théâtre documentaire / Spectacle aussi intelligent que désopilant, "Libre arbitre" de Julie Bertin et Léa Girardet questionne habilement, à travers le cas d'une athlète jugée pas assez féminine pour mériter son titre olympique, « le libre arbitre des femmes vis-à-vis de leur corps et de leur féminité ». Une réussite à découvrir fin mai à Irigny.
Comment une "vraie femme" devrait-elle pratiquer l'athlétisme ? En talons, tout sourire et avec courtoisie envers ses concurrentes ? Cette vision du sport féminin, la compagnie Le Grand Chelem l'a donnée à voir dans une des scènes de son spectacle Libre arbitre, afin de questionner par l'absurde « la représentation du corps de la femme et de son contrôle dans le milieu sportif ».
Pour les autrices Julie Bertin et Léa Girardet, tout est parti de l'histoire de l'athlète sud-africaine Caster Semenya, dont le titre mondial au 800 mètres en 2009 a entraîné d'infinies supputations sur son genre. En revenant en détails sur tous les aspects du dossier, elles proposent du théâtre documentaire solide sur ses appuis – elles ont mené de nombreuses interviews en amont. Et interrogent ainsi, via un cas concret, un sujet large : celui du genre dans une société censée être binaire mais qui ne l'est pas tant que ça, l'intersexuation en étant l'un des exemples flagrants encore aujourd'hui trop méconnu.
Matière à penser divertissante
Ce matériau en poche, Julie Bertin, Léa Girardet et leurs comédiennes n'oublient pourtant pas qu'elles font avant tout du théâtre. D'où toute une construction réfléchie en différents tableaux dont certains sont fictionnels pour, finalement, donner habilement au public de la matière à penser tout en l'emmenant dans un univers artistique et, cadeau suprême, divertissant. Ça vaut bien une médaille d'or en sport combiné.
Libre arbitre
Au Sémaphore (Irigny) vendredi 31 mai