Panorama / Quelque chose s'agite dans les sombres salles musicales de la métropole de Lyon. Les programmations des nombreux lieux consacrés au quatrième art semblent nous attirer dans une danse métaphorique...
Dans Spectacle, Jacques Prévert écrivait « Il y a des gens qui dansent sans entrer en transe et il y en a d'autres qui entrent en transe sans danser. Ce phénomène s'appelle la transcendance et dans nos régions il est fort apprécié. ». Une citation en chiasme qui cache une étonnante clé de lecture de ce qu'il y a de plus extraordinaire dans l'ordinaire.
De quoi la transcendance est-elle le nom ?
Une liste de noms d'artistes et de groupes peut en effet receler des significations inattendues si on laisse se développer librement son fond énigmatique : il suffit de se laisser porter par les ondes sonores pour éprouver dans sa chair le fil conducteur de cette nouvelle saison musicale. Le Petit Bulletin vous invite à suivre une spirale imaginaire et extatique, de la périphérie de Lyon vers le cœur de la ville.
Entrons dans la transe avec l'Épicerie Moderne, qui après le concert des prodigieux Suuns, nous réserve des retrouvailles avec les jouissifs et chevronnés Ex, le psychédélisme de Beak> et l'univers planant de Joep Beving et Maarten Vos.
À Villeurbanne, la Rayonne nous propose de plonger dans les vagues obscures et insondables d'Imminence et dans la transe ancestrale d'Eivør, tandis que le Transbordeur (nomem omen) nous emporte dans l'expérience de la décadence avec Molchat Doma, puis dans la noise teintée de shoegaze de Metz.
Après la traversée de l'expérience cathartique de Wardruna à l'Amphithéâtre, à Caluire, Hania Rani nous enveloppera dans sa nappe minimaliste, réalisée avec « l'étoffe dont sont faits les rêves » tandis que, plus au sud, le black d'Acod et de Deathcode Society et celui encore plus noir et dépressif d'Askeesi et de Xathrites replieront le Rock n'eat vers une introspection purificatrice.
La spirale se renferme
Le bruyant univers anachronique de Hackedepicciotto d'abord, la pop hyper saturée à la saveur stereolabienne de Dummy et la synth rétro de Desire ensuite, transformeront le Sonic en lieu de culte. Le Sucre, avec sa programmation dominicale, affiche de son côté des soirées techno à ne pas rater, notamment avec FJAAK ou Sama' Abdulhadi.
Au Musée des Confluences, les rituels de guérison jazz de Naïssam Jalal et les concerts emplis d'onirisme (Cigarettes after sex) et d'ivresse (Zaho de Sagazan) à la Halle Tony Garnier, nous guideront vers le salut.
L'étrange hip-hop-funk brouillé de The Allergies sera à l'honneur à la Marquise tandis qu'en gravissant les Pentes, on trouvera le subjuguant Pablo X Broadcasting Services au Groom et la chimérique Anna Joe au Trokson.
L'expérience de la transcendance s'achèvera au sud de la ville avec l'univers de Lysistrata et les brumes de King Hannah au Marché gare, ainsi qu'avec l'élégante noirceur de Big Brave, la dub-dance acide de Holy Tongue et la mélancolie sans fiel de And Also The Trees au Périscope.