Les dix concerts d'octobre à ne pas manquer à Lyon et Villeurbanne

Palo Alto et Alain Damasio

Non pas une lecture, ni un simple concert, mais une véritable « émeute musicale ». Instiguée par le roman de science-fiction Les furtifs : la soirée à la Salle Victor Hugo s'annonce comme un événement incendiaire. La puissance des paroles révolutionnaires d'Alain Damasio résonnera grâce au dialogue avec la voix incisive de Sophie Zamoussi et la méticulosité sonore du groupe marseillais Palo Alto. Un dramatique récit philosophique anti-dystopique qui, traversant l'injustice, laisse surgir l'espoir. Amendant.

À la Salle Victor Hugo (Lyon 6^e) le jeudi 3 octobre à 20h ; de 18 à 25 euros - COMPLET

Nelson Goerner

L'immense Nelson Goerner aura l'honneur et la charge de donner le coup d'envoi de la vingtième saison de Piano à Lyon, la créature de Jérôme Chabannes qui magnifie l'instrument dû au génie de Bartolomeo Cristofori. Dans la grande salle de l'Opéra résonneront les choix exigeants du pianofortiste argentin à travers un voyage musical de deux siècles, de la raffinée et presque onirique Chaconne de Haendel, à l'ombrageuse Davidsbündlertänze de Schumann jusqu'à la sélection d'œuvres de Liszt et Chopin, dont Goerner est un des interprètes les plus réputés du panorama contemporain.

À l'Opéra de Lyon (Lyon 1^er) le mercredi 9 octobre à 20h ; de 29 à 55 euros

Visions Of Atlantis

Album après album, Visions of Atlantis, enhardi par la réponse enthousiaste du public, a su se frayer un chemin dans le dédale du metal symphonique international. Malgré les nombreux changements de line up de la première décennie d'existence, le groupe a poursuivi son chemin, suivant tout simplement le mouvement naturel qu'il avait engagé à l'origine : fluctuant et en perpétuelle mutation. Après le très convaincant premier chapitre en 2022, en juillet dernier VoA a fait paraitre Pirates II - Armada, deuxième volet célébrant l'allégeance incendiaire entre le soprano française Clémentine Delauney et la voix fascinante de l'italien Michele Guaitoli : le pirate metal du groupe ne semble pas vouloir interrompre sa chevauchée marine.

À la Rayonne (Villeurbanne) le mercredi 9 octobre à 19h ; de 25, 51 à 30 euros

Dame Area

À l'origine d'une discographie impressionnante par sa prolificité et sa qualité, le duo italo-catalan semblerait n'avoir plus rien à rajouter. Pourtant, avec le récent Toda la verdad sobre Dame Area, Silvia Konstance Constan et Viktor Lux Crux affichent la volonté d'élargir encore plus leur champ d'action. Avec ses interminables boucles sonores acides et assujettissantes, Dame Area brouille les genres, accueillant des fragments électriques, inquiets, dissonants, griffant la chair de l'écoute. La synthwave tribale de Dame Area trafique ainsi l'héritage de Suicide, Throbbing Gristle et Front 242 leur rendant hommage à travers le geste le plus cohérent : la viciation.

Au Sonic (Lyon 5^e) le jeudi 10 octobre à 20h ; 13 euros

Praÿ

Ayant trouvé la parfaite balance dans sa configuration tricéphale, Praÿ dispense depuis quelques années de la rudesse et du plaisir dans les salles lyonnaises. Sur un fond à tendance psyché, les paysages sonores du groupe impressionnent par leur cohérence et leur organicité. Se positionnant constamment autour de douze minutes, les morceaux sont de véritables expériences de catharsis, où le corps se trouve confronté aux imposantes masses sonores sortant de cette lutte, in fine, épuisé, transformé mais heureux. Qu'espérer de mieux pour contrer le temps maussade octobral ?

Au Kraspek (Lyon 1^er) le vendredi 11 octobre ; de 9 à 11 euros

Gob Psychic

Gob Psychic assume un amour (très peu danois) pour le garage rock comme un choix esthétique d'importance capitale. Se situant physiquement presque aux antipodes tant des États-Unis (lieu de la naissance du genre) que de l'Australie (terre aujourd'hui particulièrement féconde), les Danois allient absurdité et légèreté. Un seul EP sorti il y a quelques mois pour les labels français Beast Records et Le Cèpe Records, resplendit par sa franchise et son esthétique désenchantée. Soignant le caractère chaotique du garage, Gob Psychic accueille aussi l'aspect plus psychédélique du genre, libérant les énergies dans la célébration jouissive du désœuvrement.

Au Trokson (Lyon 1^er) le mercredi 16 octobre ; gratuit

La Chica et El Duende Orchestra

En perpétuelle recherche de l'étonnant et du galvanisant, la chanteuse franco-vénézuélienne Sophie Fustec – aka La Chica – et le pianiste et compositeur Marino Palma – aka El Duende – enlacent leurs univers respectifs, créant des zones d'hybridation entre jazz, pop, électro et improvisation. Parmi les événements majeurs de la nouvelle édition du festival Rhino Jazz(s), le concert à La Renaissance promet un moment indéfinissable et subjuguant, terrain fertile pour les amoureuses et les amoureux de la découverte et de l'exploration dans des terres inconnues, entre chamanisme, douceur et apaisement.

Au Théâtre La Renaissance (Oullins), le mercredi 16 octobre ; de 17 à 27 euros

Boris Boublil/Mù

Mù est le battement incessant du cœur de la nuit vagabonde et inquiète. Les consonances veloutées s'alternent dans une obscurité aux éraflures dolentes, aux pierres d'achoppement dispersées suivant une improbable cartographie du pathos. Hydre mythologique à neuf têtes – parmi lesquelles les argonautes reconnaitront sans doute celles de Boris Boublil et de John Parish – Mù semble établir de nouvelles coordonnées dans la constellation jazz/post-rock, nous précipitant dans l'opacité d'une douce mélancolique. Un concert à découvrir dans l'intimité de la salle hypogée du Théâtre de l'Opéra.

À l'Amphi de l'Opéra de Lyon (Lyon 1er) le vendredi 25 octobre : de 15 à 19 euros

Naïssam Jalal : Healing Rituals

Le jazz peut-il participer à la guérison d'un corps et d'une âme souffrants ? Tel l'assentiment joycien dans L'Ulysse, la musique curative de Naïssam Jalal et son album Healing Rituals sont un implacable « oui » à la vie, confluence d'ancestrales connaissances et de vénusté musicale, de savoirs et de pratiques séculaires. Le Musée des Confluences se prépare à accueillir cet automne les rituels de guérison chamanique de la flûtiste d'origine syrienne.

Au Musée des Confluences (Lyon 5^e) le mardi 29 octobre ; de 10 à 18 euros

Askeesi + Xathrites + Pluvia

Interprète radical d'un black metal rigoureusement dépressif, Beka Gachava, deus ex machina du projet Askeesi, sait décrire avec minutie les paysages sombres et massifs évoquant les anciennes légendes géorgiennes. Puisant dans le savoir ancestral et invincible de la nature, le deuxième album, The Roots Of A Sacred Tree, sorti le 30 septembre, plonge dans l'abîme de la douleur et du souvenir. Pour la première fois dans l'histoire du groupe, les parties vocales sont l'apanage d'une chanteuse, Rhiannon, première femme incarnant la rage black en Géorgie. Darknprod, à l'origine de la seconde venue d'Askeesi en France, convie également pour cette sombre soirée le BM dépressif des Iraquiens de Xathrites et le post-rock des Lyonnais Pluvia.

Au Rock n'Eat (Lyon 5^e) le mardi 29 octobre ; 12 euros