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Dix expositions pour un mois de novembre onirique

Dix expositions pour un mois de novembre onirique

Sélection / « Nous souffrons par les rêves. Nous guérissons par les rêves » écrivait Gaston Bachelard dans L'Eau et les rêves : une maxime qui nous sert de guide pour ce nouveau rendez-vous avec les expositions du mois. Si nous avons déjà présenté la grande exposition sur le rêve à Confluence, le monde onirique semble traverser d'autres nombreuses réflexions artistiques, entre nostalgie, hommage, recherche, jeu et imagination.

Swiss Flex par Nostal chic

Les artistes investissant Kommet savent comment faire réagir réciproquement micro et macrocosme. Le duo suisse Nostal Chic, composé par David Bregenzer et Samuel Rauber, n'enfreint pas cette règle et pour sa première exposition française a décidé de requestionner le hygge, concept danois mélangeant sentiment de confort, de bien-être et de partage. À travers des vidéos d'ambiance aux détails inquiétants et des miniaturisations exclusives des maisons et des cartes postales historiques plongées dans la résine, le duo insinue le doute du mal-être dans l'intimité du chez soi. S'y exprime la facticité de la représentation de la familiarité et de la création des souvenirs personnels et collectifs.

Nostal Chic © Lucas Zambon

Jusqu'au mercredi 13 novembre à Kommet (Lyon 7e) ; entrée libre


Animaux par Philippe Tardy and friends

Peintre et graveur raffiné, Philippe Tardy agit discrètement depuis les années 80 dans le monde de l'art. Ses œuvres conquièrent immédiatement grâce à leur onirisme et suavité, évoluant dans un silence empli de grâce. Invité par Thierry Bounan, véritable aiguillon à l'origine de l'événement, l'artiste lyonnais a transformé l'exposition personnelle en symphonie collective, hommage filial et manifestation de remerciement d'élève. Dans Animaux, on retrouve une trentaine d'artistes se mesurant avec la thématique animale dans toutes ses déclinaisons, suscitée par la collection personnelle de la mère de l'artiste et auréolée par la présence d'une gravure de Christian Robillard, maître et inspirateur de Philippe Tardy.

Vue de l'exposition Animaux. Tardy and friends © DR Autour de l'image

Jusqu'au samedi 16 novembre à l'atelier Autour de l'image (Lyon 2e) ; entrée libre


Feuilles de songe par Jörg Gessner

Le savoir-faire ancestral et insondable guide Jörg Gessner vers la création d'étonnantes œuvres qui trompent un regard trop habitué à classer les techniques. La superposition de papiers japonais occasionne ainsi une gradation chromatique. Celle-ci évoque une peinture sans peinture. Ces paysages minimalistes ivoirins juxtaposent leurs opposés : des feuilles de papiers tourmentées, noirâtres, à la texture composée par de la suie, du carbure de silicium, de l'encre et de la poussière d'os, instaurant un échange dialogique prodigieux avec les murs irréguliers et signifiants de la galerie.

Les 3 progressions © Jörg Gessner

Jusqu'au vendredi 22 novembre à la galerie tatiss (Lyon 2e) ; entrée libre


Interval par Grègór Belibi Minya

Si dans sa récente production, la palette de Grègór Belibi Minya montre une drastique réduction, cela est à alléguer à une exigence de rigueur compositionnelle et esthétique. Avec sa nouvelle série, l'artiste vise une description synesthésique enlaçant la vue (et pourquoi pas le toucher) avec l'ouïe, à la croisée entre minimalisme, expressionisme abstrait et ambient. Le résultat est une exposition qui s'écoute, une musique qui s'incarne dans des images, suivant les chapitres d'un rêve obsessionnel que l'artiste ne se lasse pas de tenter de convoyer afin de lui donner une vérité physique.

Grègór Belibi Minya, Sacred forest no.2, 2024 100x200cm ©DR

Jusqu'au samedi 30 novembre à la galerie Valérie Eymeric (Lyon 2e) ; entrée libre


Flous par Lucile Lambert

Avec les œuvres de Lucille Lambert on plonge sans intermédiaire dans les vagues cotonneuses de l'onirisme de la vie. Pas complètement abstraits mais loin de s'ancrer dans la figuration, ses papiers et ses toiles agissent dans les interstices secrets situés entre veille et sommeil, regard et remémoration, réel et imaginaire. Apparitions voilées et diaprées nourrissant la quotidienneté à l'instar des tableaux impressionnistes, mais déclarant une puissante filiation expressionniste, les œuvres exposées possèdent le don d'apaiser l'esprit.

Lucille Lambert, Lahaut, 2021 ©DR

Jusqu'au vendredi 20 décembre à l'Epicerie Moderne (Feyzin) ; entrée libre


Pygmalion et Galatée par Cai Yaling

Précédée par une œuvre de Xiaojun Song – à l'honneur en ce moment au Nouvel institut franco-chinois – l'exposition établit une subtile tension érotique entre le corps charnel et sa transformation statuaire. S'inspirant du mythe de Pygmalion et Galatée, Cai Yaling développe un intense dialogue avec les salles du Fort de Vaise, livrant des saisissantes œuvres sur papier et prenant possession des niches et des lunettes vitrées. Ses œuvres entrent en résonance avec celles de la Lyonnaise Louise Hornung, où le paysage devient mouvement, jusqu'au point de se dissoudre dans une pluie de signes abstraits.

 Cai Yaling, Sans titre, 2024 ©DR


Jusqu'au dimanche 22 décembre à la Fondation Renaud – Fort de Vaise (Lyon 9e) ; entrée libre


Inner World par Ebru Ceylan

Fidèle à lui-même, le Centre photographique de la rue des Fantasques accueille une nouvelle et puissante exposition. Ebru Ceylan, photographe et réalisatrice turque, expose jusqu'à la fin de l'année vingt-quatre traces de ses voyages dans les terres anatoliennes. Son regard, se posant sur les corps et sur les choses avec un respect rare, saisit l'exceptionnel dans l'ordinaire, l'instant lumineux et imprévisible dans le continuum temporel. Avec ses clichés, Ebru Ceylan nous offre le privilège de la découverte d'un ailleurs chargé de contrastes et d'histoire, lieu de rencontre non seulement avec l'Autre mais également avec nous-mêmes : l'occasion précieuse d'une introspection par images.

Ebru Ceylan ©DR

Jusqu'au samedi 28 décembre au Bleu du ciel (Lyon 1er) ; entrée libre


Désirs migrateurs par Philippe Barthes et Nadège Druzkowski

Errant dans les locaux du bureau d'architectes Tabula rasa, on rencontre les peintures émotionnelles dépourvues de la présence humaine de Nadège Druzkowski. Visions personnelles dont la puissance leur permet de devenir images communes grâce à un aplat dans lequel le paysage devient tâche, l'image se brouille et accueille l'inconnu et le psychique. Le cadencement expositif est complété par les sculptures de Philippe Barthes, amoncèlement d'éléments de récupération érigeant des maisons en miniatures et des cités qui rappellent secrètement Les villes invisibles de Calvino.

Vue de l'exposition Désirs migrateurs © DR

Jusqu'au vendredi 17 janvier 2025 à Tabula Rasa (Lyon 2e) ; entrée libre


I'm singing in the pain par Lola Fontanié

Après avoir confié son espace à Cédric Esturillo Cacciarella, l'Attrape-couleurs accueille l'installation de Lola Fontanié. Activée à l'occasion du vernissage le samedi 19 octobre dernier, l'œuvre demeurera jusqu'en janvier dans sa passivité créatrice, lieu d'interaction ludique. Bribes de vie, phrases énigmatiques et étranges créations peuplent le quadrant du centre d'art, instaurant chez le public le doute et l'ardent désir de se mesurer avec cette scène théâtrale marine qui permet de verbaliser, par le biais du jeu, des questions philosophiques et intimes.

Détail de l'exposition I'm singing in the pain © DR

Jusqu'au samedi 18 janvier 2025 à L'attrape-couleurs (Lyon 9e) ; entrée libre


Ordonnance ! Regards sur la cité hospitalière

Issue d'une résidence de deux semaines au sein de l'hôpital Édouard Herriot, l'exposition est la restitution des regards de Sandra Calligaro, Romain Étienne, Paloma Laudet et Philippe Somnolet, se mesurant avec la cité-jardin des malades conçue par Tony Garnier entre 1909 et 1911. Une plongée dans la vie quotidienne du personnel et des personnes hospitalisées évoluant dans une architecture complexe et accueillante, à travers les regards éthiques du collectif item, soucieux de restituer l'envers du décor social sans jamais succomber aux dangers du pathos ou de l'éloge.

Vue de l'exposition Ordonnance ! Regards sur la cité hospitalière © Romain Etienne /item

Jusqu'au samedi 25 janvier 2025 au Musée urbain Tony Garnier (Lyon 8e) ; de 3 à 5 euros

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