Art moderne et classique / Le Musée des Beaux-Arts expose une collection particulière rassemblant quelques 150 dessins et peintures, de 1600 à 2000. Souvent des petits formats, avec ici et là de bonnes surprises.
Au sein du petit espace d'exposition du Musée des Beaux-Arts, un collectionneur anonyme présente ses nombreuses acquisitions, à travers un parcours à la fois chronologique et thématique... Les œuvres ont été achetées autant à l'Hôtel de vente Drouot à Paris qu'aux... Puces de Saint-Ouen ! Et il s'agit bel et bien ici aussi de "chiner" parmi des dessins et des toiles souvent de petits formats, d'intérêt modeste, sans espérer y trouver de grands chefs-d'œuvre, mais des œuvres singulières, parfois seulement des esquisses, d'artistes connus (Ingres, Delacroix, Pierre Bonnard, Martial Raysse, Maurice Denis...), ou des compositions charmantes ou étranges d'artistes méconnus.
«L'ensemble des œuvres présentées dans l'exposition a été constitué sans ligne directrice et sans esprit de sérieux, en appréciant parfois des œuvres jugées par d'autres comme secondaires. Pourtant, il l'a été avec une réelle passion ! Cette collection porte la marque de celui qui l'a constituée. Jeune, il a regardé la peinture des années 1950-60 puis assimilé les “conquêtes” de l'histoire de l'art : la peinture d'histoire, les caravagesques, le néoclassicisme, les “pompiers”, tout cela assez largement centré sur l'étude de l'art français... » écrit notre mystérieux collectionneur dans le catalogue de l'exposition.
Jusqu'à Geneviève Asse
Le début du parcours est un peu rude au regard, avec beaucoup de copies d'œuvres présentes au Louvre, beaucoup de scènes religieuses, mythologiques ou historiques, qui ne nous retiennent ni ne nous émeuvent beaucoup... Un peu plus loin, on découvre quelques pièces touchantes : un chien basset endormi et recroquevillé contre un mur dessiné par Alexandre-Gabriel Decamps vers 1849, une jeune femme dénudée jouant aux osselets à l'érotisme "ingresque" d'Eugène-Emmanuel-Amaury Pineu-Duval, quatre dessins assez ténébreux de la fin du 19e siècle (signés Jean-Jacques Henner, Eugène Carrière, Pierre Puvis de Chavannes, Pascal Dagnan-Bouveret) jouant sur le drapé, le mouvement ou le fort contraste entre ombre et lumière...
On passe ensuite rapidement sur les dessins décevants et très anecdotiques de Pierre Bonnard ou de Balthus (deux artistes que nous aimons pourtant beaucoup), pour nous enthousiasmer à nouveau devant la petite toile rose pâle montrant un jardin suspendu, de Maurice Denis (vers 1931), une composition sympathique de Geer Van Velde, deux paysages quasi abstraits de Geneviève Asse... De 1600 aux années 2000, on traverse ainsi, dans la bonne humeur et la curiosité, quelque quatre cents ans de créations !
Une collection ?
Jusqu'au 26 janvier 2025 au Musée des Beaux-Arts (Lyon 1er) ; de 0 à 8 euros.