L'Élu / Pionnier et pilier de la drill française, super(pop)star du rap game décennie 2020, Gazo met les petits plats dans les grands pour la sortie de son premier album solo. Sa mini-tournée promotionnelle passe par Lyon au Club Transbo. La mala est gangx !
Après deux mixtapes au succès inouï et un blockbuster avec Tiakola, Gazo compte passer à la vitesse supérieure pour son premier album, Apocalypse. L'artiste a annoncé une mini-tournée comprenant une session d'écoute en avant-première et un showcase. Une stratégie qui tend à événementialiser sa sortie à l'ère du streaming et des flux musicaux permanents, tout en offrant aux fans une exclusivité (l'accès aux concerts est conditionné à la précommande du disque). Le procédé, éprouvé par Kanye West outre-Atlantique, interroge sur un effet pervers implicite : une forme de désacralisation de la scène doublée d'une confusion. La dimension spectaculaire prend le pas sur la performance scénique.
« Téma la taille de la kichta »
Été comme hiver, depuis quatre ans, la France vit au rythme des tubes de Gazo. Le drilleur de niche s'est mué en popstar surprise, parfaitement rodée aux nouveaux modes de consommation. Pur entertainer à l'américaine, il a su digérer, importer et imposer dans l'hexagone une culture hip-hop anglo-saxonne (50 Cent, UK drill et Pop Smoke), bien au-delà de sa sphère. S'il n'est pas le rappeur le plus technique du paysage et encore moins le plus fin lyriciste (doux euphémisme), se dégage de sa musique, outre son efficacité primaire, une chimie relativement irrésistible.
Signature vocale identifiable, science du gimmick, toplines imparables... Chez lui, la facilité a quelque chose de fulgurant. Les réticences de première écoute, cèdent peu à peu sous le poids d'une séduction maximale, échappant aux critiques hâtives. Son absence de complexe à collaborer avec Freeze Corleone ou Ashe 22 puis Angèle ou Adèle Castillon, fascine autant que sa propension à transformer la concession commerciale en abolition des frontières musicales.
Bresom malgré la lumière
Néanmoins, sa percée mainstream ne saurait camoufler des aspirations sombres qui n'ont jamais été mises de côté (cf. Hennessy). Pop, premier single d'Apocalypse, envoie en ce sens de prometteurs indices. Hommage à Pop Smoke, retour à la drill brute et passe décisive au rookie, La Mano 1.9... Et si Gazo utilisait son aura pour guider son nouveau public vers ses bases ?
Gazo
Mardi 19 novembre 2024 au Transbordeur à Villeurbanne ; 40 €