Bistrot / Un resto iconique du 7ᵉ s'en va, un autre se réveille : accueillons le come-back des Raffineuses.
Les amateurs de vin nature et de cuisine française étaient bien tristes au printemps dernier, ils apprenaient que Katsumi Ishida avait mis les voiles, direction le pays natal. Il faut expliquer : Katsumi tenait En Mets fais ce qu'il te plaît, au carrefour des rues Chevreul et Gryphe, dans le 7ᵉ. Pendant 25 ans, il a arrosé une cuisine française bistronomique de haute volée des meilleurs vins naturels – ce fut l'un des premiers et au fil des années sa cave "secrète" était devenue un mythe. Et puis donc il est parti. Et on se demandait bien qui allait reprendre le flambeau. D'autant que le carrefour est devenu un repère culinaire : il abritait déjà Luc Mano, boulanger d'Alain Chapel, repris depuis par Antoinette, puis il a accueilli l'excellent Kitchen Café, qui vient d'ailleurs de s'agrandir. Soulagement : le départ de Katsumi est l'occasion d'un heureux come-back, celui des Raffineuses. Virginie Decevre et Florence Civeyrac régalaient déjà le quartier il y a 10 ans, à deux pâtés de maison d'ici, avec une cuisine de bistrot faite de bons produits. Elles ont fermé après le Covid, avec l'idée d'ouvrir un gîte, projet qui n'a pas abouti. Elles atterrissent donc ici, et ont complètement rénové cet angle de rue qui était, en plus d'un restaurant, un capharnaüm. Maintenant, c'est grand (une quinzaine de tables), clair, ça respire, il y a même des plantes.
Sans chichi
On retrouve, notamment au déjeuner (le soir, ce sont des tapas), la patte des "Raffs", une cuisine classique, sans chichi, avec, comme elles disent, des petits "kicks", des petites surprises : le velouté de butternut est rehaussé de raifort, le risotto est lié à la tomme de Rodez, le dos de lieu noir est assaisonné de saucisse basque, le cabillaud prend des accents méditerranéens, avec pois chiche, grenade, citron confit, etc. Pour nous, le menu commençait par un joli velouté de panais, échevelé avec ses chips (de panais aussi) qui s'enfuyaient dans tous les sens, il était heureusement rafraîchi par des oignons nouveaux et une huile de cresson. Les linguines, ensuite, étaient généreusement nappées de beaucoup de crème (à la butternut), et sur leur dos fondaient de fines tranches de raclette fumée. Enfin, dans la même veine, un beau financier flottait sur une crème anglaise (la générosité), et était électrisé d'une bonne pincée de poudre de framboise (le kick).
Les Raffineuses
43 rue Chevreul, Lyon 7ᵉ
De midi à 14h et de 19h à 22h (mercredi et jeudi). Fermé le week-end.
Menu 25€, carte 30-40€
