Knock knock / Porté par un très bon casting (Hugh Grant en tête), un huis-clos horrifique surprenant où la notion de plaisir au sens large prime sur la terreur pure.
Scénaristes remarqués de Sans un bruit, Bryan Woods et Scott Beck rejoignent l'écurie A24 (Midsommar, The VVitch) à l'occasion de ce thriller qui suit deux jeunes missionnaires mormones confrontées à monsieur Reed, un étrange homme en apparence affable. Ni train fantôme divertissant, ni elevated horror pur jus (comprendre vulgairement : « auteurisant »), le film trace sa propre voie avec un certain brio.
La cabane dans les bois
Dès ses premiers instants, Heretic impose une sobriété formelle ainsi qu'un ton oscillant entre ironie et malaise. A contrario du high concept taiseux de Sans un bruit, la parole est ici le premier vecteur de tension. Les dialogues très imagés, à la fois triviaux (les références à la pop culture) et érudits (spiritualité, philosophie), multiplient les sous-entendus et les double sens. Lors de ces longs échanges verbaux savoureux, qui témoignent d'une ambition ludique et manipulatrice, la peur est davantage un pressentiment qu'une réalité tangible. Le jeu pervers qu'instaure Reed prend racine dans son rapport aux apparences, mais également au hors-champ, à l'invisible. Un traitement claustrophobe efficace qui dissimule de petites limites. Lorsque les réalisateurs quittent la maison ou se raccrochent aux codes horrifiques classiques (la conclusion plus attendue), ils semblent moins inspirés. La terreur repose la plupart du temps sur le pouvoir des mots, transformant l'ensemble en un prototype rare d'épouvante de la dialectique.
The Gentleman
Le goût du verbe, manifeste de la part des réalisateurs, s'accorde à un désir d'offrir des partitions de choix à son trio principal. Dans le rôle d'un théologien sournois, Hugh Grant offre un numéro de charme dont il a fait sa spécialité (de Quatre mariages et un enterrement à Coup de foudre à Notting Hill) et s'impose en pilier de la réussite du film. Dandy déchu, irrésistible et inquiétant, cette composition jubilatoire ne révèle sa véritable nature qu'à travers le regard innocent et apeuré des jeunes héroïnes. Opposition symbolique et plutôt habile entre la dérision européenne et l'Amérique bigote. Force est de constater que l'on assiste dans le cinéma de genre, au retour de la religion comme première source d'horreur (dynamique déjà amorcée cette année par Immaculée et La Malediction : les origines). Woods et Beck, quant à eux, mettent toutes les mythologies (sectes, monothéismes, polythéismes) dans le même sac. Le traquenard tendu aux protagonistes rejoint l'illusion de liberté laissée aux croyants, prisonniers de mécanismes de pression sociale ou familiale que le sociopathe Reed ne cesse d'exploiter avec délectation. Une vraie bonne surprise frontalement antithéiste, ce qui, à l'heure de la réélection triomphale de Donald Trump, n'est pas si anodin.
Heretic
De Bryan Woods et Scott Beck (USA, 1h50) avec Hugh Grant, Sophie Thatcher, Chloe East...
En salles le 27 novembre 2024