Photographie / L'exposition “Voir vivre l'architecture” réunit des photographies de Gilles Aymard et donne à voir Lyon sous un nouveau jour : celui de ses bâtiments, emblématiques ou non, et de ses bâtisseurs.
Lyon dans l'œil d'un photographe : mais pas n'importe lequel. Gilles Aymard est un photographe d'architecture professionnel incontournable à Lyon. D'abord architecte, il s'est également formé à la photographie, à laquelle il a fini par se consacrer pleinement. Sa double pratique est précieuse : il sait lire les enjeux d'un projet et les faire apparaître dans ses clichés.
Pour les archives, la photographie d'architecture est intéressante « car elle permet de compléter les informations administratives, qui parfois travestissent la réalité » explique Louis Faivre d'Arcier, directeur des Archives municipales de Lyon. « Par exemple, nous conservons des permis de construire, mais ils sont souvent différents du bâtiment réel », car un dépôt de permis arrive en début de projet, qui évolue souvent avec le temps, sans compter les aléas du chantier nécessitant des ajustements.
Architecte et photographe
Ainsi on peut admirer le talent de Gilles Aymard tout en (re)découvrant l'urbanisme lyonnais. Comme sur ce cliché de la Cité Internationale, en apparence très simple. « Sauf que pour obtenir ce point de vue, il faut se positionner sur le pont SNCF en face. C'est évidemment interdit – il faut demander une autorisation pour traverser les rails, et on peut obtenir un horaire, qui ne conviendra probablement pas en termes de lumière pour la photo » explique Gilles Aymard. Une image qui a donc valu au photographe un passage par le commissariat de Caluire.
Mais l'exposition s'attarde davantage sur sa production personnelle. On y découvre l'une de ses obsessions : les escaliers. À travers ses recherches de modèles singuliers - comme "l'escalier des condamnés" de la mairie de Lyon, qui menait sur la terrasse où se trouvait à l'époque l'échafaud – ou son interprétation picturale et formelle, s'inspirant de l'expressionnisme, de l'abstraction ou des figures impossibles d'Escher.
Galerie humaine
Son autre sujet de prédilection est l'humain. Car l'architecture n'existerait pas sans « ceux qui mettent les mains dans le béton ». Gilles Aymard s'intéresse aux artisans et déploie une série de photos prises à la volée sur le chantier, en pleine action, comme une chorégraphie où chacun joue son rôle. Il y a celui qui traverse la trémie (l'ouverture pour l'escalier ou l'ascenseur) au vingtième étage de la tour Oxygène, car il n'a « pas le temps de faire le tour », mais aussi l'humain en interaction avec l'architecture, dans la ville. Des instantanés pris sur le vif, comme cette femme assise au bord d'une statue au parc de la Tête d'Or, qui prend involontairement la même pose que la figure de pierre derrière elle.
Les traces de vie, dans les bâtiments abandonnés, murés, démolis, forment une autre thématique récurrente. L'exposition est foisonnante, et pour faire le plein d'anecdotes passionnantes, on vous conseille les visites guidées organisées avec Gilles Aymard en personne le 12 décembre, le 9 janvier et le 6 février à 14h.
Voir vivre l'architecture - photos Gilles Aymard
Jusqu'au 8 février aux Archives municipales de Lyon, 1 place des archives (Lyon 2e) ; entrée libre