Restau-tapas / Un nouveau resto de copains a ouvert là-haut sur le plateau.
Fin octobre, treize étoiles ont fait un stop à la Croix-Rousse. Mais que venait donc faire ici Pierre Gagnaire — qui possède plus d'une douzaine de distinctions Michelin, éparpillées entre Paris, Tokyo, Londres, Dubaï ? Saluer Clément Duplay, qui fut son sommelier sept années durant et qui vient d'ouvrir en septembre son propre restaurant, avec trois de ses amis (Ugo Estivalet, Felipe Pineros et Robin Ageron). L'établissement se nomme Piedra, parce qu'il est à un jet de pierre du gros caillou, cette roche massive de 24 tonnes abandonnée à Lyon par un glacier alpin. Lors de notre venue, en novembre, c'est moins ce dernier qui sautait aux yeux (et aux oreilles) que la vogue des marrons qui avait envahi l'esplanade, jusqu'à la première des deux terrasses de Piedra — la seconde est un joyau caché, à l'arrière.
Dessert régressif
L'intérieur se montre très croix-roussien, avec un habillage tradi (vieilles pierres, plafond à la française, pied de table en fonte) qu'on tente (à toute force) de secouer de notes contemporaines (néons, suspensions comme des gouttes de cire, graffitis dans les W.C). Ce qui aimante les yeux, c'est aussi cette grande cuisine ouverte (et carrelée de vert) où s'affairent les trois amis sus-cités, tous bardés de tatouages et de grands tabliers moutarde. Ils envoient des déjeuners aux intitulés plutôt classiques, d'ici (pâté croûte, pot-au-feu), et d'ailleurs (dahl de lentilles corail). Et, le soir, ils se glissent dans l'air du temps, avec une carte d'assiettes (de préférence) à partager, qui prennent des destinations bien différentes. On peut partir vers l'Estaque, avec six frites de panisses, de beaux pavés droits bien dorés et croustillants, à tremper dans un yaourt grec (parfumé au saté).
On peut aussi s'envoler vers Carthagène, en Colombie (Felipe est colombien), pour un ceviche au fruit de la passion. Prendre un direct Dijon-Tokyo, avec des gyozas, ces raviolis frits sur une face, fourrés ici avec un effiloché de bœuf très bourguignon. Faire une balade en forêt : des trompettes de la mort et des pleurotes grillées posées sur une épaisse crème de champignon, qu'on lie soi-même avec un jaune d'œuf confit. On finit avec un dessert régressif à base de crèmes pâtissières (on y trempe des « cuillers » de pâte feuilletée), ou un paris-brest aux graines de courge. À noter, outre le service attentionné, une très belle carte des vins (80 références), portée sur le bio : excellent chardo jurassien des Marnes Blanches, sinon Colin, dans le Vendômois, Josmeyer en Alsace, Occhipinti en Sicile.
Piedra
17 rue d'Austerlitz, Lyon 4e
De midi à 13h30 et de 19h30 à 21h30. Fermé dimanche soir et lundi
Menu (déjeuner) 25 €, Carte (soir) 30-40€