Sélection / Côté musique, on clôture l'année au Petit Bulletin avec une sélection particulièrement hétéroclite, entre engagement, élégance baroque et saturation onirique, mélancolie romantique et rap d'autrefois, avec des incursions dans des territoires où la parole poétique résonne éternellement. Un mois ponctué de surprises sonores.
Renaud Capuçon et ses amis
Soliste, récitaliste et concertiste, Renaud Capuçon est aujourd'hui un des violonistes les plus réputés du panorama international. Le rendez-vous à la salle Molière est l'occasion non seulement de plaisantes retrouvailles avec le musicien savoyard, mais également d'une plongée dans les choix exigeants de son répertoire chambriste. La postromantique Sonate n°18 de Richard Strauss clôt ses œuvres de jeunesse et célèbre, comme celle de Mozart, "le plus sublime des compositeurs" selon les mots du compositeur allemand, le dialogue entre violon et piano. Le dramatique Quatuor avec piano de Mahler ainsi que le deuxième Quatuor opus 45 de Fauré, hommage dans l'année de l'anniversaire de la mort du compositeur occitan, complètent une soirée d'amitié musicale avec l'altiste Paul Zientara, le violoncelliste Maxime Quennesson et le pianiste Guillaume Bellom.
FM
Le mardi 3 décembre à 20h30 à la Salle Molière (Lyon 5e) ; de 10 à 65 euros
Mahler et... Berio
L'Orchestre National de Lyon poursuit cette saison ses pérégrinations parmi les paysages musicaux de Mahler, si subtils et luxuriants. Ce sera d'abord la 5ᵉ Symphonie, puis le poignant Chant de la terre, la 4ᵉ Symphonie... En décembre, pour la 5ᵉ, Mahler sera accompagné de Luciano Berio, compositeur italien facétieux et atypique dont on fêtera en 2025 le centenaire. Mordu de littérature, fan des Beatles, Berio a composé toutes sortes de folies musicales innovantes, tant sur le plan électroacoustique, que ceux du collage ou du travail sur la voix (le rot fait partie d'une de ses œuvres !). On le croisera deux fois cette saison : d'abord avec sa reconstruction de la Dixième Symphonie de Schubert, Rendering, puis en février avec Folk Songs et Bewegung.
JED
Le vendredi 6 décembre à 20h et le samedi 7 à 18h à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 54 euros
Dans le crépitement du brasier souterrain
L'étincelle produite par la rencontre entre musique et littérature peut allumer la mèche dynamitant les poudres subversives de la parole. L' « émeute musicale » avec Alain Damasio et Palo Alto au mois d'octobre, en était un parfait témoignage et c'est dans cet esprit que La Renaissance propose la collision entre les textes poétiques de Kateb Yacine, la voix percutante du rappeur Marc Nammour et le free-jazz de Serge Teyssot Gay et Cyril Bilbeaud, fondateurs du groupe Zone Libre. Un concert littéraire de l'ordre de l'embrasement à vivre comme une expérience totalisante, en hommage à l'une de voix les plus puissantes et révolutionnaires de la culture algérienne du vingtième siècle.
FM
Le mardi 10 décembre à 20h au Théâtre La Renaissance (Oullins) ; de 5 à 27 euros
Zaho de Sagazan
Véritable phénomène de la chanson française de ces dernières années, Zaho de Sagazan revient à Lyon, quelques mois seulement après avoir enflammé la scène de Fourvière. Sa prestation intense, au pouvoir magnétique et surnaturel, a largement dépassé les attentes du public exigeant du théâtre antique. Zaho de Sagazan incarne aujourd'hui une surprenante et inclassable voie de la chanson francophone invitant à rêver et expérimenter un futur lumineux : malgré tout, malgré le présent, « il fait toujours beau au-dessus des nuages ». Si vous n'avez pas pu vivre son dernier live, la Halle Tony Garnier propose une séance de rattrapage immanquable.
FM
Le mercredi 11 décembre à 20h à la Halle Tony Garnier (Lyon 7e) ; de 39 à 49 euros
Lice
Quand le Périscope et le Sonic combinent leurs forces, le résultat ne peut qu'être incandescent. Lice, déjà support band en UK des concitoyens Idles (Bristol n'a pas été seulement le berceau du trip-hop), revient à Lyon pour présenter son deuxième opus, Third Time At The Beach, œuvre inclassable et insaisissable, à la croisée entre The Residents, Einstürzende Neubauten et Butthole Surfers. Un OVNI sonore à découvrir dans la grande scène de la salle « derrière les voûtes », pour un concert qui s'annonce dangereusement incendiaire.
FM
Le jeudi 12 décembre au Périscope à 21h (Lyon 2e) ; de 8 à 12 euros
Yeahrs + Mezcal in cactus
Le Trokson offre aux amoureuses et amoureux du shoegaze une soirée de joie pure avec les berlinois Yeahrs. Biberonnés aux sonorités saturées nineties de My Bloody Valentine et Slowdive, Morgan, Tom, Thomas et Oyemi s'aventurent aujourd'hui dans de territoires hybrides, entre post-punk, post-grunge, hardcore et rock gothique, fendus parfois par une violence outrancière et jouissive (It never leaves me). L'affiche de la soirée est complétée par Mezcal in cactus, formation lyonnaise auteure de cavalcades désertiques et épicées (!) très space rock.
FM
Le vendredi 13 décembre à 20h45 au Trokson (Lyon 1er) ; gratuit
Scred connexion + Davodka + Sinik + Okis
Annulé en 2022, sold-out à la vitesse de l'éclair en 2023, le voilà de retour en 2024 : l'Antifa festival revient à la Rayonne avec une première soirée au line-up 100% rap. Au programme, des rappeurs à texte, à l'ancienne. Un collectif culte des années 1990 : Scred connexion. Partis de rien, Monnaie monnaie, Justice pour tous : les MCs du 18ᵉ rappelleront le patrimoine rapologique français, suivis par Sinik : paroles percutantes et petites histoires issues de l'Essonne (dîtes-le à haute voix), qui seront rejointes sur scène (on l'espère) par celles de Davodka, complice sur un de ses sons et lui aussi au programme de cette soirée. Petite sommité locale, la quatrième entité de cette soirée ne sera autre qu'Okis, qui ne quitte plus l'affiche des festivals lyonnais depuis quelques mois.
LS
Antifa festival / Le vendredi 13 décembre à La Rayonne (Villeurbanne) ; 25 euros
Kyle Sanna
Eminent guitariste évoluant entre rêve, histoire et folklore, Kyle Sanna produit une musique ensorcelante qui séduit dès les premières notes. Ces dernières années, l'idylle avec la pianiste et violoniste Dana Lyn a occasionné plusieurs disques, témoignages d'un parcours fécond, dévoilant avec élégance la portée universelle de la musique irlandaise. La sortie officielle de Everything again is new, le nouvel album de Kyle de musique électronique algorithmique construite autour des concepts de recyclage et de renouvellement, est prévue pour le jour du concert dans les Pentes, raison de plus pour ne pas rater cette occasion.
FM
Le vendredi 13 décembre au Kraspek (Lyon 1er) ; de 9 à 11 euros
No Suicide Act + Les Vulves Assassines + Dalle Béton
Rencontre incendiaire entre François Guillemot (alias FanXoa), ex-chanteur de Bérurier Noir, et Lionel Martin (alias Madsaxx), saxophoniste et improvisateur jazz, No Suicide Act est un projet éminemment lyonnais qu'il est nécessaire de surveiller de très près. Après un premier EP sorti l'année dernière annonçant leur venue au monde, à la fin de juin le 45t Je suis une erreur/Quel temps fait-il ? a achevé un été déjà bien compliqué pour le pays. Rageur et désenchanté, ce disque laisse présager une suite très turbulente. La soirée décembrale sera placée sous le signe de l'énervement et des revendications, avec l'électro-punk militant et radical des Vulves Assassines et le post-punk à la Sleaford Mods de Dalle Béton.
FM
Samedi 14 décembre à 20h au Transbordeur (Villeurbanne) ; de 18, 50 à 22, 90 euros
David et Jonathas
Spécialiste de la musique baroque française et italienne, l'Ensemble Correspondances ravit le public à chaque nouveau concert. À l'approche de Noël, la créature musicale de Sébastien Daucé propose un après-midi sacré et charmant. La tragédie biblique de David et Jonathas, dont l'amitié est célébrée dans les deux livres de Samuel de l'Ancien Testament, s'incarne dans un des chefs-d'œuvre les plus fascinants de Marc-Antoine Charpentier. Défiant l'opposition de Saül, père de Jonathas et roi d'Israël, les deux amis alimentent un lien d'amour fraternel qu'aucun pouvoir, mort incluse, n'est en mesure de briser.
FM
Le dimanche 15 décembre à 16h à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 54 euros
Quatuor Chiaroscuro
On dit des seize quatuors à cordes de Beethoven qu'ils sont parmi ses œuvres les plus innovantes et inventives. Le compositeur n'avait pourtant pas chômé jusqu'alors ! Spécialiste des quatuors à cordes viennois (de Mozart à Beethoven), le Quatuor Chiaroscuro jouera à Lyon les Quatuors à cordes n°7 et 8, « Razoumovski », de Beethoven. Œuvres datant de 1806 et qui posent les premiers jalons, et ce, de manière enjouée, des recherches révolutionnaires du compositeur.
JED
Le mardi 17 décembre à 20h à l'Auditorium (Lyon 3ᵉ) ; de 10 à 44 euros
Chostakovitch Symphonie N°5
Créée en trois mois en 1937, alors qu'il était en maison de repos en Crimée, la 5ᵉ Symphonie de Chostakovitch est à la fois son œuvre la plus connue et la plus controversée : on l'y accuse d'avoir voulu s'y rallier les faveurs de Staline en chantant les louanges du pouvoir soviétique. Mais sous ses dehors lyriques, couve un feu plus tragique et pessimiste. Et, politique ou pas, les folies rythmiques et « percussives » du compositeur emportent toujours tout sur leur passage ! Avec Nathalie Stutzmann à la baguette, l'Orchestre National de Lyon, interprétera aussi le premier Concerto pour violoncelle du compositeur russe, en compagnie du violoncelliste virtuose Edgar Moreau.
JED
Les 19 et 20 décembre à 20h à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 54 euros