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Françoise Besson, 20 ans d'une galerie qui lie l'intime à l'artistique

Françoise Besson, 20 ans d'une galerie qui lie l'intime à l'artistique
Yveline Loiseur

Galerie Françoise Besson

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Portrait / La galerie Françoise Besson nichée dans les pentes de la Croix-Rousse célèbre cette année ses vingt ans d'existence. Son histoire est intimement liée à la personnalité de sa fondatrice, une femme en quête de sens et d'harmonie, autant dans l'art que dans la vie. 

Dans son espace épuré de la rue de Crimée, Françoise Besson semble en harmonie avec l'univers qu'elle a patiemment bâti. Sa galerie, inaugurée en 2004, est devenue un lieu majeur pour la peinture, le dessin, et plus récemment, la photographie documentaire.

Née dans les montagnes de Thônes en Savoie, elle a longtemps hésité entre des chemins très différents : une thèse de droit ou une vie tournée vers la spiritualité. « Mon parcours déborde de contrastes. Ce n'est pas un toujours atout dans une ville comme Lyon, où je suis restée une outsider longtemps », confie-t-elle. Pourtant, c'est peut-être cette position marginale qui lui a permis d'adopter sa vision artistique, privilégiant, selon elle, la sincérité à l'opportunisme.

La foi comme catalyseur

Autour de la vingtaine, Françoise Besson ne s'imagine donc pas faire carrière dans l'art. Ses débuts sont liés au diocèse de Lyon. En 2000, elle travaille à l'illustration d'un jubilé sur le thème du rapport au vivant dans l'art : « Ce projet a été une révélation. L'idée de transcender les divisions par l'art est devenue mon moteur. ». Peu après, elle décide d'ouvrir sa galerie dans son propre appartement, un choix risqué mais représentatif d'une démarche où l'intime et l'artistique s'entremêlent. Ces premières années, marquées par des rencontres fondatrices, façonnent la vision de Françoise Besson : « Je n'avais pas les moyens de grandes institutions, mais cela m'a donné une liberté totale ». 

L'influence de Gilles Perraudin, l'architecte derrière cette "maison-galerie" encore occupée aujourd'hui a également été déterminante. Ensemble, ils construisent une sorte de monastère moderne en pierres massives, qui devient un lieu d'inspiration autant qu'un symbole. « Cette maison influence tout. Elle incarne une quête de lumière et de vérité, et c'est ce que je cherche à transmettre dans mes expositions ».

Un laboratoire pour l'émergence

L'art, pour Françoise Besson, n'est jamais un objet isolé. C'est un processus vivant, lié aux rencontres humaines. Elle évoque avec émotion des collaborations avec Christine Crozat, Awena Cozannet ou encore Chantal Fontvieille, artistes dont elle a accompagné l'émergence. « Croire en quelqu'un, c'est un acte fort. L'art demande beaucoup de fragilité, et les artistes ont besoin de cette confiance. » C'est avec cette philosophie qu'elle inaugure La Petite Galerie en 2019, un lieu plus accessible, conçu comme un laboratoire où cohabitent artistes émergents ainsi que ses éditions personnelles.

Stéphane Charpentier et sa série The Eclipse constituée de photographies argentiques noir et blanc captées pendant près de dix années en Grèce.
Photo : Instagram Galerie Françoise Besson

Résister à la pression du marché

Ses expositions récentes, comme Coexistences ou Géographies intérieures, témoignent d'un intérêt pour les interactions entre espaces physiques et mondes intérieurs. Elle revendique son opposition aux logiques de marché : « Je ne veux pas exposer des Jeff Koons ou céder aux sirènes du marché. Mon rôle est d'être une passeuse, pas une marchande », martèle-t-elle.

Cependant, force est de constater que depuis la pandémie, les galeries d'art (particulièrement celles indépendantes) sont confrontées à de nombreuses difficultés. Les coûts explosent, le public se raréfie, et la tendance de la dématérialisation de l'art explose. « Le marché de l'art s'est durci. J'ai toujours tenu à distance cette violence économique. Cela m'a permis de rester authentique, mais ce n'est pas sans sacrifices », explique-t-elle. La galerie Françoise Besson est indépendante, ne touche aucune subvention et n'a pas recours au mécénat.

Mutualiser et réinventer

Pour Françoise Besson, l'avenir passe par une redéfinition du rôle des galeries. « Nous devons ralentir, mutualiser nos forces et œuvrer localement. Les événements marchent lorsqu'ils ont du sens, lorsqu'ils créent une dynamique humaine et artistique. » Elle rêve donc de collaborations plus larges entre galeries, artistes, écoles d'art et fondations.

À l'aube des 20 ans de sa galerie, Françoise Besson prend donc un peu de recul et pense de nouvelles alliances tout en préparant la suite, à la galerie. Elle évoque une exploration poussée des interactions entre dessin, poésie et performance.

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