Diwân cubain / Le 18 décembre prochain sur la scène de l'Opéra de Lyon, rencontre entre les chants traditionnels algériens du groupe Lemma et le piano du cubain Omar Sosa. Un moment entre lumière et transmission.
Le groupe Lemma est né il y a une dizaine d'années à l'initiative de la chanteuse algérienne Souad Asla. Composé de sept chanteuses-musiciennes, toutes originaires de Bechar, ville située aux portes du Sahara à 1 000 km au sud d'Alger, le groupe est un retour aux sources pour l'artiste et un projet de préservation du matrimoine folklorique de la région de Saoura (non loin de la frontière marocaine).
Égoïsme généreux
De son propre aveu, Souad Asla a créé ce collectif intergénérationnel (de 23 à 80 ans) "par pur égoïsme", de peur que cette richesse orale ne disparaisse avec ses dernières pratiquantes. Accompagnées de Karkabou (castagnettes en fer forgé), de bendirs (tambours de différentes tailles), de derbouka et d'un guembri (instrument à cordes pincées en bois, proche de la guitare), elles chantent une musique thérapeutique et entrainante, qui parle à l'âme (pas la chanteuse), réunit et ouvre les portes de l'hadra (la transe). Une musique diwân propre aux populations subsahariennes et utilisée depuis des années lors de cérémonies traditionnelles (religieuses ou non). Grâce à cette envie de transmission et de rassemblement (Lemma en arabe), le groupe a su trouver son public et participer à de nombreux concerts en Algérie, France, Danemark, Portugal, Espagne et même au Mexique, de l'autre côté de l'Atlantique.
Transatlantique
De l'autre côté de l'Atlantique et à Cuba plus précisément, on retrouve le pianiste de jazz Omar Sosa, deuxième pilier du projet Sahravanne présenté sur la scène de l'opéra (fusion entre le Sahara et La Havane). Après la rencontre entre Souad Asla et Omar Sosa il y une quinzaine d'années dans le cadre d'une scène commune, le projet voit finalement le jour pour la première fois début décembre 2024 lors d'un concert pour le festival Africolor de Paris. La luminosité aérienne du pianiste se joint aux sonorités traditionnelles de Lemma pour un mélange entre tempo afro-cubain et rythmes séculaires du désert. Un pont déjà franchi par Omar Sosa depuis de nombreuses années avec l'outre Atlantique et les folklores traditionnels. Avec l'Europe, notamment le trompettiste sarde Paolo Fresu sur deux albums (Alma et Food – superbes) et également avec le continent africain (Sénégal, Mozambique, Mali, Afrique du Sud). Le projet An East African journey est l'exemple même de la curiosité du pianiste et des liens étroits entre ses racines afro-cubaines et les cultures africaines. Pour cette soirée exceptionnelle, un vent sec et puissant soufflera dans la grande salle de l'Opéra de Lyon et l'on s'attend à vivre un moment hors du temps, hors des frontières avec pour seuls mots d'ordre le partage et la passation.
Lemma & Omar Sosa
Mercredi 18 décembre à l'Opéra de Lyon (Lyon 1er) ; de 11 à 35 euros
