Classique / Chostakovitch, c'est toujours puissant ! Et souvent pour la plus grande jouissance de nos oreilles et de nos cordes sensibles. Deux de ses œuvres les plus renommées seront interprétées par l'Orchestre National de Lyon : sa 5ᵉ Symphonie et son Concerto pour violoncelle n°1.
Composées à des époques différentes, la 5e Symphonie en 1937, le Concerto pour Violoncelle n°1 en 1959, les deux œuvres de Dmitri Chostakovitch au programme de l'ONL dirigé pour l'occasion par Nathalie Stutzmann, sont parmi les opus majeurs et les plus célèbres du compositeur russe. Elles illustrent sa capacité à passer d'un registre émotionnel à un autre, de la tragédie à l'ironie pour la 5e, de la mélancolie la plus profonde à la joie la plus éclatante pour le Concerto. La diversité, l'intensité de la palette émotionnelle de Chostakovitch y est à chaque fois à son comble et prend aux tripes !
Écrite dans une période politique des plus tendues en URSS (répression, censure...), composée à l'occasion du 20e anniversaire de la Révolution de 1917, la 5e Symphonie joue d'ambiguïtés avec le régime stalinien : tentative de séduction ou prise de distance ironique, qui sait ? Elle sera concrètement reprise comme un outil de propagande par le régime... Comme quoi la propagande n'a pas toujours mauvais goût ! Car cette œuvre particulièrement bouleversante s'écoute comme un véritable cri du cœur, de révolte et de colère. Le deuxième mouvement, Largo, est particulièrement reconnu pour sa profondeur émotionnelle, évoquant une atmosphère de désespoir et de mélancolie, émouvante réflexion sur la souffrance humaine.
Un air de revanche
Le premier Concerto pour violoncelle ne lésine pas, lui non plus, sur le lyrisme ni sur l'énergie déployée par Chostakovitch. La partition virtuose dédiée au soliste (l'une des plus difficiles du répertoire pour violoncelle) sera assumée par le jeune violoncelliste français Edgar Moreau (né en 1994).
Composée pour un effectif orchestral sobre, l'œuvre se déploie en un cycle thématique de quatre mouvements. Le troisième se détache par son originalité : longue cadence dédiée au seul soliste. Dans le finale, Chostakovitch reprend une mélodie géorgienne particulièrement appréciée de Staline, pour mieux la distordre et lui insuffler un aspect macabre et ironique. Six ans après la mort du dictateur, le compositeur n'oublie ni ses persécutions ni ses censures.
Chostakovitch Symphonie N°5
Les 19 et 20 décembre à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 54 €