Photographie / Pour ce qui sera peut-être sa dernière exposition, la galerie Vrais rêves invite la photographe Féebrile à déployer ses mises en scène fantasmatiques, entre rêve et cauchemar.
En 1980, un collectif de passionnés de photo fonde l'association Vrais rêves, nom issu d'un des livres du photographe Duane Michals. C'est ce dernier qui inaugurera d'ailleurs la galerie Vrais rêves avec une première exposition en 1990. Et posera aussi les jalons de sa ligne artistique : une photographie narrative, tordant la réalité pour mieux en extraire fantasmes, fantômes, mises en scènes, rêveries... Depuis, la galerie n'a cessé de présenter des photographes atypiques, plasticiens fort éloignés d'une photographie contemporaine qui s'est de plus en plus rapprochée du documentaire et du réel. Parmi les artistes exposés sur ses cimaises, on peut citer notamment Vasco Ascolini, Jean-Baptiste Carhaix, Michael Michlmayr, Bénédicte Reverchon...
Pour sa dernière exposition de l'année, Raymond Viallon, directeur artistique de Vrais rêves, annonce dans sa newsletter que cela sera peut-être la dernière de la galerie... Celle-ci devant, si elle poursuit son chemin, se transformer et trouver de nouveaux modes de fonctionnement.
Fièvre du noir et blanc
Cette "dernière" exposition est consacrée au travail de la photographe Féebrile, artiste autodidacte, née à Lyon et vivant actuellement à Belfort. Le moins que l'on puisse écrire est que son univers (en noir et blanc) se révèle pour le moins bizarre ! Dans sa série d'autoportraits, l'artiste se grime par exemple en jeune fille malade, en ange inquiétant, en jeune adolescent, en monstre, voire en mygale, dans des mises en scène aux confins d'un érotisme "malade" et d'atmosphères inquiétantes. Sa série Distorsions ne nous rassure guère avec des corps cul ou sexe par-dessus tête, des corps mutants, dont les visages sont souvent couverts de masques angoissants... Certaines filiations sont transparentes : Francesca Woodman pour les mises en scène de soi dans des atmosphères inquiétantes, Joel-Peter Witkin pour l'aspiration vers l'anormal et le freak, Hans Bellmer pour les jeux de masques et les distorsions érotiques des corps... Les œuvres sont inégales, mais l'atmosphère générale est pour le moins étonnante, avec ici et là quelques images assez bluffantes !
Féebrile Mascarade
Jusqu'au 21 décembre à la galerie Vrais rêves (Lyon 4e) ; entrée libre