Contes / Capitalisme, féminisme, écologie, spécisme : à travers les histoires fabuleuses de ce sixième tome des Contes du Marylène, Anne Simon continue de passer au peigne fin nos sociétés.
Le livre s'ouvre sur les paroles de la chanson Being for the benefit of M. Kite ! de John Lennon et Paul Mc Cartney. Au coin du feu, James Kite et Henry the Horse, deux amis de longue date, se remémorent des souvenirs. Les heures de gloire du cirque Kite, où ils se sont rencontrés. L'arrivée d'Aglaé au pays du Marylène, enceinte et bafouée, avant qu'elle ne renverse l'odieux dictateur Van Krantz. L'histoire de Simone Michel, secrétaire de ce dernier, qui devient politicienne engagée auprès d'Aglaé et fondatrice de l'institut des Benjamines. Mais aussi le pays des Douk Douk, ces animaux doux et mélancoliques, ou encore la trahison de Monsieur Dupin, dont la bière qui rend fou aura un sacré effet domino. Comme des poupées russes, tout s'emboîte, les personnages se croisent et les histoires se relient avec un talent narratif et graphique admirable.
C'est donc un recueil d'histoires courtes, et le sixième opus des Contes du Marylène, véritable saga développée par Anne Simon depuis une quinzaine d'années et prévue en 10 tomes. Pour ceux qui en ont commencé la lecture, ce tome approfondit des épisodes aperçus dans les cinq précédents, en développant des personnages secondaires. Mais chaque opus est autonome et peut se lire indépendamment. Il est parfois recommandé quand même de lire le premier : La geste d'Aglaé. Dans le cas d'Henry, James et les autres, cela n'est pas nécessaire pour comprendre et apprécier les histoires.
Les Contes du Marylène
Ainsi les récits s'entrecroisent, se répondent et se complètent, de façon non linéaire, avec des flashbacks et des souvenirs. Formant une fresque ambitieuse, à la fois familiale, historique et sociétale, se déroulant au pays du Marylène. Cet État qui passe de la dictature du tyran Van Krantz à la démocratie (la vraie) avec la reine Aglaé. La myriade de personnages forme une véritable comédie sombre et humaine, pour le meilleur et pour le pire, et toute ressemblance avec notre histoire et notre société actuelle n'est évidemment pas fortuite.
Les personnages, eux, ne ressemblent à personne : animaux fabuleux et personnages hybrides (femme à la peau d'écaille, guerrière à tête de frite) portent des noms incongrus (comme Cixtite, l'impératrice de Tchitchinie) et nous font basculer dans un univers merveilleux. Mais ne nous y trompons pas. Sous des airs fantasques et des traits d'humour, Anne Simon questionne des thèmes fondamentaux comme le patriarcat dans La geste d'Aglaé, les dérives du totalitarisme dans Gousse & Gigot, la critique du capitalisme dans Boris l'enfant Patate ou encore l'utopie et l'eugénisme dans L'Institut des Benjamines.
Henry, James et les autres de Anne Simon (éditions Misma) ; 20 €
Rencontre avec Anne Simon le 12 décembre à la librairie La Madeleine (Lyon 7e) dédicaces à partir de 16h et rencontre à 19h15