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Au Rita-plage, « on défend l'inclusivité au sens large »

Au Rita-plage, « on défend l'inclusivité au sens large »

Coopérative / Le bar-restaurant à programmation culturelle le Rita-plage est passé en Scop (coopérative) il y a un an. Les sept salariés lancent un week-end de soutien rappelant à la fois la fragilité de leur modèle économique et les valeurs défendues au travers de leur projet.

C'est en lieu et place d'un d'ancien bar PMU que le Rita-plage a vu le jour, en 2016. Situé 68 cours Tolstoï à Villeurbanne, le bar restaurant a été lancé par deux amis souhaitant à la fois garder la clientèle historique de l'établissement mais aussi l'ouvrir aux personnes végétariennes, ainsi qu'à d'autres soucieuses et soucieux de se rencontrer dans un lieu ouvertement féministe, queer-friendly, antiraciste et anticlassiste. « C'était une volonté inclusive au sens très large, sans drapeau unique, qui est toujours là aujourd'hui », raconte Jano salarié(e) associé(e) du Rita-Plage qui reprend « C'était précieux à l'époque et ça l'est toujours, Villeurbanne manque de lieux de ce genre. On peut citer Toï Toï le Zinc, le Biéristan ou encore le Grrrnd Zero... Mais pas non plus des dizaines. »

La justice sociale dans l'addition

Une orientation très claire qui se lit notamment sur la carte du restaurant, proposant des plats variés, de saison, composés avec des légumes de proximité (pour la plupart originaires d'Anse et Vaulx-en-Velin) et à des prix variables. Des tarifs qui ne fluctuent pas en fonction du plat choisi — il s'agit d'un buffet — mais plutôt selon les moyens du client. La formule du midi est à 13€, 9€ en tarif "solidaire" et 17€ en tarif "soutien". « On voulait matérialiser une forme de justice sociale, et ça fonctionne bien. J'ai l'impression que tout le monde joue le jeu, se pose honnêtement la question. Les tarifs s'équilibrent », décrit Jano. Accessibilité économique toujours, les cafés et les sirops sont à 1€ et l'établissement propose des cafés et repas suspendus, en partenariat avec La Cloche.

Côté programmation, c'est l'éclectisme qui prime, « représentatif de ceux qui mettent la main à la pâte », d'après Jano : soirées Meufs in stage, uniquement composées de femmes ou personnes queer, du bar à la régie en passant par la scène, mais aussi une foultitude de concerts : karaokés, piano live, peña (jam session d'Amérique latine)... Récemment, le reggae des jamaïcains d'I-Thaweh a fait résonner les murs du Rita-plage. Des artistes qui ne sont pas rémunérés au cachet pour l'instant, mais au chapeau : « Les soirées d'événements, l'entrée comme le plat unique sont à prix libre. On enlève le coût de la matière première et on verse tout le reste aux artistes. On assure un fixe pendant Meufs in stage par exemple, de 50€, car ce sont des personnes généralement invisibilisées et précarisées », détaille Jano.

« On aimerait payer en intermittence mais pour l'instant, on n'en a pas les moyens, notamment humains », témoigne Jocelin, salarié associé, qui évoque réfléchir aux critères d'obtention d'une licence.

Posséder son outil de travail

Le fonctionnement du Rita-plage est donc la résultante d'une série de petits et grands choix, systématiquement réalisés en équipe. Dans le prolongement de ce mode de gouvernance, le lieu est passé en coopérative (Société coopérative et participative) il y a bientôt un an, augmentant au passage la masse salariale : « C'est un choix qui nous coûte et en même temps qui nous donne un sentiment d'accomplissement personnel », témoigne Jano, qui explique : « On a choisi de travailler sans se tuer à la tâche, avec sept salariés à mi-temps. On pourrait bosser comme des fous à trois, et on paierait moins de cotisations sociales ». 

Un fonctionnement qui fragilise la trésorerie de la structure. Et cela, dans un contexte inflationniste : « On n'a pas de "coussin" » déclare Jano, qui évoque la panne soudaine de leur lave-vaisselle et de leur chauffe-eau au cours des mois précédents : « Il a fallu sortir beaucoup d'argent d'un coup, dans les 4 000 euros, et on s'est endettés ». « On ne cherche pas à engranger du profit », reprend Jocelin, « juste à maintenir le Rita-Plage à flots, ça ne fonctionne pas trop mal, mais ponctuellement on a des charges imprévues et c'est là qu'on est le plus en difficulté. »

En conséquence, la structure a organisé un week-end de soutien, « un week-end qui ne dit pas "on va crever" mais plutôt "on tient grâce à vous" », détaille Jano avec humour. Sur les réseaux sociaux, la nouvelle a fait grand bruit, et les messages de soutien ont plu : « Beaucoup de lieux revendiquant des valeurs proches ont mis la clef sous la porte, ou sont en galère : le Ponyo café vélo et le Baston ont fermé ; le Boomrang et le Sonic sont en difficulté. L'inquiétude plane », conclut Jano qui dit ne pas se laisser abattre et attend avec impatience le week-end de soutien qui verra se succéder musique traditionnelle brésilienne, fanfare, magicien, atelier de contes pour enfants, DJ sets, conférences, lectures...

Week-end de soutien 
Du 13 au 15 décembre au Rita-plage (Villeurbanne) ; prix libre 

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