Festival / Entre documentaire et fictions (live et animées), le renouveau de Mutoscope promet découvertes et expérimentations salvatrices, s'intéressant autant aux auteurs de courts-métrages, aux formes avant-gardistes, qu'aux traitements singuliers des préoccupations actuelles.
Le tardigrade est de retour à Lyon ! Mutoscope et son animal totem posent leur valise au Comœdia pour la quatrième année consécutive. Dédié aux courts-métrages mutants (comprendre qui sortent des conventions et des normes), le petit frère des Hallucinations collectives compte bien mettre une nouvelle fois en avant le format dans sa pluralité et sa diversité de propos comme de genre, fiction ou documentaire, live ou animation.
Demain c'est loin
Au programme de cette édition 2025, huit séances, dont sept de compétition, pour un total de cinquante films et autant d'expériences. Au terme de ce week-end riche en découvertes, trois récompenses seront décernées : le Prix du public, celui du jury, et le Prix de la sélection Turfu. Ce dernier sera remis quant à lui par les étudiants de la Classe d'orientation et de préparation de la CinéFabrique. Il couronnera une formidable initiative lancée l'an dernier, celle d'initier un groupe de jeunes, ici des élèves de la spécialité cinéma et audiovisuel du lycée Auguste et Louis Lumière, à toutes les étapes de la programmation en festival. Ils proposeront au public une compétition parallèle de sept courts choisis parmi une présélection de l'équipe du Mutoscope. La curiosité cinéphile n'attend pas le nombre des années !
Cabinet de curiosités
Parmi les moments forts de l'événement, penchons-nous sur quelques propositions intrigantes. The Choolers, un documentaire consacré au groupe de hip-hop et électro The Choolers division (premier jour de la compétition). Objet définitivement à part, il tend à raconter l'histoire de la formation du groupe et de la confection d'un nouveau morceau, le tout en animation.
Changement d'ambiance avec Shalal, une histoire de sorcellerie autour de mystérieuses ombres par l'Iranien Amir Ali Sisipour. L'atmosphérique Skin (deuxième jour de la compétition) embrasse la question du genre à travers une forme onirique et sans le moindre mot pour un résultat fascinant. Réalisatrice de Blind sun, Joyce A. Nashawati fait son retour au format court avec l'étrange Jamais je n'ai (troisième séance de la compétition). Expérience de cinéma flirtant avec la folk horror, Valerija (sixième séance de la compétition) de Sara Jurinčić promet de beaux moments de peur.
Le court n'exclut pas l'ambition d'une carrière d'auteur exclusivement dédiée à ce format, en attestent Greg McLeod qui se sépare de son frère pour creuser ses obsessions dans Mee and Burd, Stephen Irwin avec World to roam ou encore Philip Barker sur EarthWorm. Autant de profils précieux et marginalisés que Mutoscope entend bien valoriser.
En guise de séance de clôture, la cinéaste Maya Deren (déjà mise à l'honneur lors de l'édition 2020 d'Hallucinations collectives) sera au cœur d'une rétrospective. Sept courts-métrages d'avant-garde, mêlant danse et surréalisme (Marcel Duchamp fait même une apparition dans l'un d'eux), références psychanalytiques et audaces de montages, tournés entre 1943 et 1959. Meditation on violence ou Ritual in transfigured time, entre autres, sont les portes d'entrée parfaites pour se plonger dans le travail d'une cinéaste essentielle trop méconnue.
Mutoscope
Les 10, 11 et 12 janvier 2025 au Comœdia (Lyon 7e) ; prix variables, interdit aux moins de 16 ans