Musique classique / L'Orchestre national de Lyon réunit Händel et Bach sous le signe de la fête, de la danse et de la richesse musicale baroque. Bref, un début d'année souriant et optimiste pour les musiciens lyonnais.
Nés la même année au cœur de l'Allemagne luthérienne, opérés tous deux de la cataracte par le même charlatan qui les rendra aveugles, Georg Friedrich Händel (1685-1759) et Johann Sebastian Bach (1685-1750) ne se sont pourtant jamais rencontrés et leurs carrières musicales ont pris des chemins fort différents. L'Orchestre national de Lyon (dirigé pour l'occasion par Bernard Labadie) tente néanmoins de les réunir avec des suites orchestrales qui empruntent au monde de la danse et de la fête.
Composée par Händel en 1749, La Musique pour les feux d'artifice royaux sont le fruit d'une commande passée par le roi George II d'Angleterre pour marquer la paix d'Aix-la-Chapelle. Une foule innombrable, dit-on, se serait rendue pour la première de l'événement alliant feux d'artifice et musique, avec à la clef un bel incendie et une bonne panique. L'œuvre destinée à un grand ensemble orchestral met en avant les cuivres et les percussions, et vise à l'enthousiasme et à la célébration. Et reste aujourd'hui célèbre pour sa capacité à allier spectacle et musique.
Et la suite ?
Parfois considérées comme un peu à part dans l'œuvre de Bach, ses quatre Suites d'orchestre sont peut-être justement intéressantes à ce titre. Le musicologue Michel Rusquet en résume l'esprit ainsi : « tout en restant très fidèle à l'esprit de la musique française, Bach y bouscule les cadres établis : il donne à l'ouverture proprement dite des proportions inhabituelles ; il n'hésite pas à délaisser certaines des danses traditionnelles de la suite, notamment l'allemande, pour privilégier les Galanterien et surtout pour introduire des pièces de forme libre (aria, badinerie, réjouissance) ; de plus, il adopte des distributions instrumentales générant une belle variété de couleurs... » Bref le génie allemand montre là sa capacité à allier formes traditionnelles et créativité musicale. L'Orchestre national de Lyon interprètera les Suites n°2 et n°4, la première célèbre pour son air interprété parfois de manière autonome, la seconde se détachant par son caractère particulièrement festif et entraînant !
Ces suites, comme La Musique pour les feux d'artifice royaux d'Händel, sont non seulement des pièces musicales, mais aussi des témoignages d'une époque où la musique était au cœur des pratiques culturelles et sociales.
Feux d'artifice royaux (Händel / Bach)
Les 16 et 18 janvier à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 44€