Sélection / Avec des grands noms du théâtre d'aujourd'hui, des nouvelles têtes de l'humour ou encore un spectacle remarquable sur le handicap.
Le Rendez-Vous
L'actrice Camille Cottin revient au théâtre, là où elle a débuté, avec un monologue ardent (le roman à succès Jewish Cock de l'autrice allemande installée à Londres Katharina Volckmer) qui aborde frontalement et non sans trash le poids de l'histoire allemande à travers l'envie de son personnage de se faire greffer un pénis circoncis. Plus que la star qu'est Camille Cottin, c'est le texte à la langue très directe qui est au centre du spectacle mis en scène par Jonathan Capdevielle, et la réflexion de l'autrice sur le corps assigné à un passé, un genre...
Le Rendez-Vous
Mardi 4 et mercredi 5 février à 20h30 au Radiant (Caluire-et-Cuire) ; de 20 à 40 euros
Catarina et la beauté de tuer des fascistes
C'est l'histoire d'une famille qui, depuis 70 ans, tue des fascistes après que l'une des leurs a disparu sous la dictature de Salazar. Aujourd'hui, c'est au tour de la jeune Catarina d'accomplir le geste fatal sur un militant capturé pour l'occasion. Sauf que la démarche ne va pas de soi pour la novice, sorte d'Antigone contemporaine... Le titre du spectacle de l'auteur-metteur en scène portugais (et directeur du Festival d'Avignon) Tiago Rodrigues interpelle d'emblée. Le spectacle, en portugais surtitré, également. Car s'il n'évite pas l'écueil du long théâtre à thèse, il est un acte artistique et politique intense, face auquel le public est littéralement amené à se positionner — quelle fin. En plein dans l'actualité, avec cette montée de l'extrême droite dans de nombreux pays.
AM
Catarina et la beauté de tuer des fascistes
Les 6 et 7 février au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e) ; de 6 à 29 €
Les douze travelos d'Hercule
Et voici un spectacle qui fait plaisir à voir ! Soit des comédiens qui, le temps d'une soirée, deviennent des drag-queens adeptes aussi bien du play-back (le tube de Diam's et Vitaa, Lady Marmalade de Moulin rouge, un hilarant yodel sorti de nulle part...) que des chansons originales composées par eux et délivrées en live. Une aventure parfaitement construite et maîtrisée à découvrir dans le cadre de la programmation cabarets de la Maison de la danse, sur la petite scène du restaurant.
Les douze travelos d'Hercule
Les 6 et 7 février à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 18 à 20 €
Va aimer !
Brillant geste autofictionnel, Va aimer ! d'Eva Rami est un seule-en-scène (le meilleur de 2024 selon les Molières !) dans lequel le double de la comédienne et autrice s'empare de la scène autant pour se livrer, se pacifier, se réparer, que pour alerter, bouleverser, transmettre.... La force du spectacle vivant, tout simplement.
Va aimer !
Le 8 février au Centre culturel Charlie-Chaplin (Vaulx-en-Velin) ; de 6 à 16 €
Fanny Ruwet
Il y a un supplément d'âme dans On disait qu'on faisait la fête, deuxième seule-en-scène de Fanny Ruwet. Non pas parce que l'humoriste belge révolutionne les fondements du stand-up (on est parfaitement dans les codes du genre, avec notamment pas mal de confessions intimes et d'observations sociologiques), mais plutôt parce qu'elle prend son rôle d'amuseuse publique particulièrement à cœur, en soignant son écriture et, surtout, en prenant le temps d'installer un univers, plein de rires (parfois trash) pour masquer les fêlures.
AM
Fanny Ruwet
Le 13 février au Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire) ; de 30 à 34 €
Lacrima
On ne va pas cacher une relation contrariée au travail de Caroline Guiela Nguyen, couvée dans le CDN de Valence époque Richard Brunel et devenue véritable star du théâtre public – elle a été nommée directrice d'un des six théâtres nationaux français, celui de Strasbourg, là même où elle s'est formée à la mise en scène et où elle a rencontré les fidèles partenaires de sa compagnie Les Hommes approximatifs. Il y eut la délicatesse sophistiquée de Elle brûle et du Chagrin ; l'emphase avec Saïgon qui la ramenait à ses racines ; puis le... lacrimal et pénible Fraternité. Avec Lacrima, elle parvient à la quintessence de son travail : avec précision, une fluidité remarquable de mise en scène et une écriture solide, elle plonge dans la passionnante histoire de la conception d'une robe de mariée pour princesse et dresse (en le sur-soulignant) les rapports de domination dans les cercles intime et professionnel. Parfaitement conçu.
NP
Lacrima
Du 13 au 21 février, aux Célestins ; de 5€ à 40€
Grand-peur et misère du IIIe Reich
« C'est très classique mais très bien. Et glaçant » glissait un spectateur sonné à un autre à la sortie d'une représentation de la fameuse pièce de Bertolt Brecht sur la montée du nazisme en Allemagne revue par Julie Duclos. Si le texte en différentes séquences évoque la situation allemande des années 1930 avec une clairvoyance remarquable (surtout qu'il a été écrit entre 1935 et 1938), Julie Duclos évite de l'enfermer dans le vernis de l'histoire, donnant un côté intemporel à sa mise en scène. Glaçant en effet, même si un peu longuet sur la durée (2h20).
AM
Grand-peur et misère du IIIe Reich
Du 13 au 22 février au TNP (Villeurbanne ) ; de 7 à 26 €
Louis Cattelat
Voix calme et physique de jeune premier pour humour noir et cynique, tel est le cocktail mis en place par Louis Cattelat, nouvelle tête prometteuse de l'humour. Dans son spectacle Arecibo, du nom d'un radiotélescope utilisé en 1974 pour tenter de rentrer en contact avec les extraterrestres, il évoque pêle-mêle et avec talent son histoire familiale où ça boudait sous le piano, ses plans cul originaux grâce à Grindr ou encore des questions de société engagées (versant progressiste). Le tout en se demandant pourquoi les humains cherchent à communiquer avec d'autres possibles civilisations alors que lui n'arrive même pas à dire à sa coiffeuse qu'il trouve « sa coupe très laide » – le spectacle ne n'appelait pas Paroles, paroles dans sa première version pour rien.
AM
Louis Cattelat
Le 14 février à la salle Paul-Garcin (Lyon 1er) ; 23 €
Personne n'est ensemble, sauf moi
Quelle belle surprise que ce spectacle titré avec une phrase prononcée par un jeune autiste rencontré dans le cadre d'ateliers menés par la compagnie Amonine. L'autrice et metteuse en scène Clea Petrolesi a ainsi conçu une aventure centrée sur de jeunes adultes en situation de handicap peu visible et donc incompris par celles et ceux que la société appelle les valides. Proche du théâtre documentaire, le résultat, qui questionne finement l'idée de normalité, est à la fois bouleversant et très drôle. Énorme coup de cœur.
AM
Personne n'est ensemble, sauf moi
Le 14 février au Centre culturel Charlie-Chaplin (Vaulx-en-Velin) ; de 6 à 13 €
Du 18 au 20 février au Point du jour (Lyon 5ᵉ) ; de 5 à 18 €
Passeport
Adepte d'un théâtre tout en rebondissements, l'auteur et metteur en scène Alexis Michalik a, dans sa dernière pièce Passeport, gardé la formule qui fait le succès de son écriture en la plaquant sur un sujet très politique : le sort des migrants. Tout part d'un jeune Érythréen qui, après des violences dans la « jungle » de Calais, a perdu la mémoire. Avec une certaine efficacité, le récit remonte les fils de son histoire afin de les dénouer et d'émouvoir le public sans l'assommer – « ce n'est pas un théâtre militant ou documentaire, mais une histoire humaine, qui s'adresse à tous » écrit Michalik. Honnête.
AM
Passeport
Le 18 février au Radiant (Caluire-et-Cuire) ; de 21 à 42 €
Le 19 février au Toboggan (Décines-Charpieu) ; de 31.50 à 45 €
Tatty MacLeod
Cheveux roses bigoûts telle une Cruella sympa, robes bariolées et sourire ravageur : Tatty MacLeod est franco-anglaise (Londonienne, elle a grandi en Bretagne avec sa mère et ses sœurs) et ça se voit. Elle met sa double culture à profit pour disséquer avec brio les différences culturelles françaises et anglaises, à travers ses pastilles hilarantes sur Instagram. Son premier spectacle (bilingue) Fugue élargit sa tournée hors du Royaume-Uni avec quelques dates européennes dont une à Lyon : on y sera.
LD
Tatty MacLeod
Le 20 février au Palais de la Mutualité (Lyon 3ᵉ) ; 34 €
Urbain, Saison 1, Episode 1
Urbain est un personnage complexe. Auteur de sketchs pour Topito, comédien, podcasteur fou (Plutôt caustique, Podkassos, Airball entre autres) et homme au masque de bière. Derrière un look grunge se cache un humoriste propre, impertinent et décalé. Le Clermontois ne compte pas ses efforts pour partager son point de vue et faire taire les sceptiques qui ne partagent pas son avis. Avec une nonchalance assumée, il provoque, grossit le trait et s'attaque avec justesse aux dérives de la société.
LB
Urbain
Du 26 février au 1er mars à l'Espace Gerson (Lyon 5ᵉ) ; de 13 à 18 €