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Sing Sing, les feux de la rampe

Sing Sing, les feux de la rampe
Sing Sing
De Greg Kwedar Avec Colman Domingo, Sean San Jose, Clarence Maclin

sortie nationale : Mercredi 29 janvier 2025

Le Trou / Une réussite attachante qui sait habilement s'extraire des poncifs du drame lénifiant et de la tragédie carcérale en questionnant le rapport au travail d'acteur et le pouvoir libérateur de l'art.

Sur un postulat proche de César doit mourir des frères Taviani, Greg Kwedar nous plonge au cœur de la prison de Sing Sing où des détenus inscrits à un atelier de théâtre montent une pièce de leur cru. Pendant ce temps, l'un d'eux, Divine G, condamné à tort, prépare sa demande de révision de dossier. 

Haute sécurité

L'univers carcéral, de par sa nature close et la rudesse des rapports humains qui y règnent, est un terreau propice au cinéma qui inspira de nombreux réalisateurs. Robert Bresson (Un condamné à mort s'est échappé), Don Siegel (L'Evadé d'Alcatraz) ou Jacques Audiard (Un Prophète) peuvent en témoigner. Sing Sing s'ancre, en prime, dans un quartier de haute sécurité et se pare d'une caution d'authenticité : il inclut à son casting de véritables détenus. Il se démarque néanmoins de ses illustres prédécesseurs dans sa manière de refuser toute approche anxiogène et délétère. Le retour épisodique à la dure réalité, notamment lors de la mort d'un condamné, n'en est que plus brutal. La prison, micro-société exclusivement masculine, se révèle un lieu d'affrontement, mais également de solidarité. L'enceinte, toute proche de l'océan, ouvre une possibilité de liberté, vitale et inaccessible. À l'image, cette idée est symbolisée par les nombreux recadrages, qui, à défaut d'enfermer les personnages, leur offrent constamment un point de fuite, tel ce château d'eau apparaissant entre des grilles, que le héros ne cesse de contempler. S'il n'évite pas certaines figures imposées (les confessions des prisonniers sur les raisons de leur incarcération, une musique trop envahissante), le film convainc en revanche pleinement dans son illustration du geste créatif.

Être ou ne pas être 

Dès son introduction, Sing Sing place le théâtre (une représentation du Roi Lear de William Shakespeare), au cœur de ses problématiques. Ici, le jeu n'est pas un moyen de s'évader symboliquement de la violence du quotidien, mais a contrario, de renouer avec une humanité mise à mal. Au milieu de ces individus, ne connaissant même pas leurs vrais patronymes (ils s'appellent par des surnoms), passer pour un dur à cuire devient une question de survie.« Je joue un rôle depuis toujours » déclare d'ailleurs l'un des prisonniers. Lorsque Divine G (campé par le très bon Colman Domingo, vu dans Si Beale Street pouvait parler) se prépare à son audition face aux juges, il regarde directement l'objectif et a fortiori le spectateur. Un habile écho aux phases de casting qui précèdent, s'accordant avec un rapport ludique et presque enfantin à l'interprétation. Le choix des apprentis acteurs de mettre en scène une comédie se fait le prolongement de cette approche paradoxalement lumineuse. Au fil des répétitions, les détenus questionnent inconsciemment la crédibilité de l'histoire et les motivations de leurs personnages respectifs. Greg Kwedar réussit ainsi une greffe périlleuse et ce, malgré une narration balisée, en déplaçant le traditionnel film de troupe (Opening Night en tête) dans un environnement à priori à l'opposé.

Sing Sing
De Greg Kwedar (USA, 1h47) avec Colman Domingo, Sean San Jose, Clarence Maclin...
En salle le 29 janvier 2025

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